Depuis 2016, l’organisme fédéral Innovation, sciences et développement économique Canada a pour mission de relever les défis posés par les nouvelles technologies. Afin de maintenir une croissance économique et mettre en place un plan d’action durable, le gouvernement s’adresse aux leaders de tous les secteurs à travers le Canada.
C’est par le biais de tables rondes que le gouvernement canadien s’engage dans une conversation avec les leaders en innovation numérique du pays, avec pour but de comprendre les enjeux des avancées technologiques et numériques dans un monde en mouvement. Avenir du travail dans une ère digitale, gestion et utilisation des données personnelles, compétitivité… Des questions sans précédent auxquelles les experts tentent de répondre.
Des discussions pour mieux comprendre
En 2016, le gouvernement a lancé une première vague de consultations auprès des leaders en innovation. Sarah Lubik, directrice de l’entrepreneuriat à l’université Simon Fraser (SFU), faisait partie des dix leaders sélectionnés pour mener ces conversations. Elle a renouvelé son implication dans ce projet lorsque le gouvernement a décidé de créer une nouvelle série de consultations nationales durant l’été 2018.
« Chaque leader en innovation digitale dirige trois tables rondes, » explique Sarah. « Nous abordons trois thèmes principaux : la confiance et le respect de la vie privée, l’avenir du travail, et la libération de la puissance de l’innovation. »
Le but de ces tables rondes est dans un premier temps de mieux comprendre le rôle des nouvelles technologies numériques dans la vie quotidienne des Canadiens, afin de mieux comprendre comment les incorporer au développement économique du pays et assurer innovation et croissance.
Un avenir prometteur…
D’après Sarah Lubik, le gouvernement est conscient que « l’innovation n’est pas un processus hiérarchique, et le chemin vers l’ère digitale se fait ensemble. » En effet, les technologies numériques font partie intégrante de la vie des Canadiens : 87 % des habitants du pays sont aujourd’hui branchés à internet.
Mais l’avancée en matière de numérique ne s’arrête pas au changement des habitudes de consommation. Au cœur même des entreprises, les systèmes et les procédures sont rendus automatiques, et de nouvelles plateformes se créent. Si l’idée que, d’ici 2030, près de 9 % de la demande en main-d’œuvre correspondront à des types d’emplois qui n’existent pas encore à ce jour est prometteuse, elle implique également que nous devons être prêts à occuper ces emplois.
« Nous devons armer la prochaine génération d’entrepreneurs de la bonne mentalité : être adaptable, tolérant d’ambiguïté, collaboratif, plein de ressources, créatif, curieux et optimiste », affirme Sarah Lubik. Et elle ajoute que cette nouvelle vague devra « s’engager avec confiance dans le défi de repenser les systèmes. »
…mais une transition délicate
Si les leaders en innovation numérique se montrent optimistes et confiants, ils admettent cependant que la transition ne sera pas toujours aisée. Un des problèmes majeurs sera notamment d’identifier les nouvelles compétences dont le futur monde du travail aura besoin. Sarah indique ainsi qu’il faudra « changer de compétences puisque certains emplois sont automatisés ou rendus obsolescents. »
Cette transition laisse donc prévoir que si de nouveaux emplois seront créés, certains seront supprimés et les travailleurs affectés se verront dans l’obligation de se reconvertir. « Tandis que nous planifions le futur, cela doit être tenu en compte », reconnaît Sarah Lubik.
Et, dans cette nouvelle ère où le numérique domine, se pose également la question des données personnelles. Aujourd’hui, environ 94 % des entreprises canadiennes se servent des données personnelles des consommateurs. Le gouvernement se dirige donc vers un équilibre entre « soutenir l’innovation et protéger les renseignements personnels » et donne l’occasion à chacun et chacune d’exprimer son avis et de participer à l’innovation du pays, par le biais de sondages postés sur le site internet.
L’enjeu de ces consultations est donc de créer un futur optimiste sans se laisser surprendre, tout en restant réaliste. « Nous espérons faire ressortir des idées sur lesquelles nous pouvons agir ainsi que des initiatives qui aideront le Canada à prospérer dans un monde de plus en plus digital. »