Savez-vous comment on appelle une noix du Brésil au Brésil ? Une noix. Pourquoi cette blague stupide ? Eh bien, c’est pour illustrer que nous, les Latinas, ne nous appelions pas Latinas avant de quitter l’Amérique du Sud. D’habitude nous nous identifions avec notre nationalité spécifique, pas avec le continent entier. Particulièrement au Brésil – où nous parlons le portugais au lieu de l’espagnol comme tous nos voisins. Nous nous voyons d’habitude comme l’exception, colonisés par un pays européen différent.
Mais, une fois arrivé en Amérique du Nord, on devient soudainement tous des « Latinos ». C’est presque comme si nous recevions, dès notre arrivée, une étiquette à laquelle nous n’avions jamais vraiment pensé avant d’atterrir de ce côté du globe.
Lorsque j’ai trouvé un médecin de famille à Vancouver il a rempli mes papiers en choisissant « Brésilienne » comme race. Je n’ai pas été désignée comme blanche, comme je l’avais été toute ma vie au Brésil. Franchement, je ne savais même pas que Brésilienne était une race. En vérité, je ne pense pas que ce soit le cas.
Cependant, être appelée une Latina m’a fait comprendre tout ce que nous, les Latinos, avons en commun. Cela m’a immédiatement branchée avec tous ceux que je connais et qui sont nés en Amérique du Sud. Je me suis rendue compte que je fais partie d’une belle culture que j’ai juré d’honorer et d’enseigner à mes futurs enfants canadiens.
Quitter son pays d’origine et être en mesure de devenir ambassadeur d’une culture dans un autre pays, c’est là une chose des plus agréables. Vancouver est devenue mon foyer l’année dernière et je me réjouis à l’idée de contribuer à la diversité canadienne en y apportant tous les meilleurs traits que le Brésil a à offrir. Inutile de dire que je suis une Latina fière.
Il ne s’agit pas seulement d’enseigner aux gens comment prononcer « açaí ». Il s’agit de dire aux gens que de serrer un ami dans vos bras pourrait agrémenter votre journée. Il s’agit d’être attentif aux autres et d’avoir une attitude positive. Même lorsque nous devons faire face à des obstacles, nous, les Latinos, trouvons le moyen d’en tirer le meilleur parti. Nous avons passé par plusieurs obstacles pour être ici au Canada. Nos expériences nous ont convaincus d’être optimistes et robustes. Et c’est ce que nous apportons à Vancouver : force, rêves et sourires.
Cependant, il y a un hic ici. Il ne s’agit pas uniquement d’enseigner : il faut aussi apprendre.
Je suis devenue amoureuse depuis quelque temps des manières amicales des Canucks. Je me sens libre, encouragée et je suis capable d’envisager un avenir prometteur. Franchement, depuis un certain temps, je ne pouvais plus me projeter dans l’avenir dans le pays où je suis née. Il est étonnant de croire que je suis ici, dans une société qui valorise la diversité, l’unicité et les droits de la personne. Il est bouleversant de respirer l’air frais d’un pays qui lutte contre les préjugés et les disparités entre les sexes.
Je sais que le Canada n’est pas tellement reconnu pour sa communauté latino-américaine. Ce n’est que récemment que nous avons commencé à migrer de manière significative vers l’Amérique du Nord. Autant que je sache, il y a de plus en plus de Latinos qui veulent s’ajouter à la société canadienne.
Oh, et au fait. La noix du Brésil est en fait appelée noix de Pará (l’État d’où proviennent la plupart de ces noix). J’ai pensé que ce serait bien que tout le monde le sache.
Traduit par Barry Brisebois