Les relations hommes-femmes ont de tout temps fait couler beaucoup d’encre, du mythe originel d’Adam et Ève au plus récent #MeToo. Une étude conjointe des universités UBC et SFU auprès des adolescents vient casser les clichés en montrant que les garçons seraient plus victimes des brimades. Est-ce le résultat de l’évolution des mœurs ? Quelle place prend la culture dans les relations de couple ?
L’article intitulé « Plus de garçons blessés dans les relations amoureuses que de filles » peut surprendre. En comparant deux études de 2003 et 2013, des chercheurs de l’Université de Colombie-Britannique (UBC) et de l’Université Simon Fraser (SFU) démontrent que les adolescents de sexe masculin seraient désormais plus victimes que leurs petites amies de réprimandes physiques au sein du couple, comme les coups et les gifles.
Malgré tout, « les comportements ont progressé dans l’ensemble », souligne Elizabeth Saewyc, directrice et professeure à UBC. Même s’il faut souligner qu’une marge de progrès reste importante pour les deux sexes, la sensibilisation effectuée au Canada auprès des garçons doit continuer mais doit aussi être dupliquée auprès des filles, selon elle. « Il est important d’évaluer la façon dont les jeunes établissent la place de la femme et de l’homme dans le couple. À l’adolescence, on se construit des modèles », soulève l’experte.
Quelle relation entre culture et couple ?
Dans les pays occidentaux, les actions de sensibilisation à la violence domestique ont surtout visé les hommes. Les résultats de cette étude s’expliqueraient-ils donc par un changement des mentalités ? La relation est d’autant plus importante à étudier qu’avec ses milliers de nouveaux venus issus d’horizons divers et aux cultures variées, Vancouver amène à repenser les rapports dans le couple sur le sol canadien.
Chercheuse à UBC et spécialiste de l’Asie, Gisèle Yasmeen indique que la place de l’homme et de la femme varie d’une région à l’autre. En Asie du Sud par exemple, les sociétés sont plus confinées, et les femmes sont encore souvent assujetties au pouvoir des hommes. En revanche, en Asie du Sud-Est, la femme a un statut assez élevé qui « lui donne une place dans les discussions d’affaires, dans le couple et au travail. Le spectrum hommes-femmes y est moins binaire et beaucoup plus fluide. » En outre, l’identité transgenre y est bien plus acceptée qu’ailleurs. Plusieurs régions de l’Inde, comme le Kerala, sont même connues pour avoir des sociétés matriarcales.
Marine Isv est française et vit avec son conjoint de nationalité suédoise. Souvent classée parmi les pays exemplaires, la Suède offre un modèle de la famille qui inspire d’autres nations du monde. En effet, le pays est vu comme une société très égalitaire où l’on ne juge pas en fonction du sexe. « Le congé parental est obligatoirement partagé de manière égale entre le père et la mère. Il n’y a qu’en Suède que tu vois des bandes de papas traîner ensemble avec leur poussette », illustre Marine.
Gisèle Yasmeen met toutefois en garde : « La manière de voir une autre culture reste avant tout le fruit de notre interprétation. » Et c’est cette différence d’interprétation qui a, par exemple, rendu la rencontre des Américains de l’amiral Perry et des Japonais dans la baie d’Edo si fascinante en 1853 : tour à tour, Américains et Japonais se sont trouvés grossiers ou irrespectueux, notamment dans leur inter-action avec les femmes.
Si la comparaison de différentes cultures n’est jamais neutre, il est toutefois essentiel de s’inspirer du meilleur et de s’orienter vers un modèle d’égalité sociale.
Pour en savoir plus sur l’étude :
www.sfu.ca/sfunews/stories/2018/09/more-boys-hurt-by-dating-violence-than-girls.html