Les enjeux liés à l’emploi et à l’intégration en Colombie-Britannique ont inspiré l’Affiliation of Multicultural Societies and Service Agencies of BC (AMSSA), un organisme parapluie provincial, qui s’est demandé comment offrir de meilleurs services aux nouveaux arrivants. A la suite de cette interrogation, le rapport Immigration for B.C.’s future est né en septembre dernier.
Au terme de cette étude, on retrouve douze recommandations qui pourraient complètement changer la qualité des services aux immigrants de la province.
« Je pense qu’avoir un ministère responsable pourrait améliorer et permettre un mécanisme plus rapide de communication et de décision au sein des gouvernements, » confie Sherman Chan, directeur des services à la famille et à l’établissement chez M.O.S.A.I.C.
Mise en contexte
En 2014, le gouvernement canadien a rapatrié le transfert des fonds d’établissement du gouvernement de la Colombie-Britannique vers le programme fédéral. Bien que la Province se charge des immigrants depuis 1998, la dynamique de l’organisation aux services des immigrants et des réfugiés a complètement changé. Par défaut, certaines lacunes ont été observées. Au cours de l’année écoulée, le gouvernement de la Colombie-Britannique a augmenté ses responsabilités face aux besoins des nouveaux arrivants.
« S’ils ont une bonne expérience et une bonne éducation, je crois qu’il faut les encourager et faire en sorte que les connaissances et les qualités de ces personnes ne soient pas gaspillées ou perdues, » maintien Faustin Bilikano, agent d’établissement à M.O.S.A.I.C.
Ce changement positif a inspiré l’AMSSA, une association visant à contribuer à une société juste, équitable et inclusive. Grâce à la participation de plus de 160 personnes clés dans les domaines de l’établissement, de l’intégration et de l’emploi, l’AMSSA a pu mettre à terme ce précieux rapport pour amorcer une vague de changement.
Raisons du rapport
Le document proposé est clairement un appel à l’action afin d’inciter le gouvernement provincial à renforcer l’intégration des nouveaux arrivants. Des lacunes du système ainsi que les bons coups ont été répertoriés. Le résultat souhaité serait d’améliorer la cogestion entre les trois paliers de gouvernements (fédéral, provincial et municipal) afin de travailler ensemble de manière efficace tout en leur proposant des pistes d’action.
« S’il y a un ingénieur ou un médecin qui arrive ici, il va travailler dans un entrepôt ou dans un taxi. Mais s‘ils trouvent un travail dans son domaine, c’est mieux. Cela est bon pour tout le monde, tant à l’individu qu’au gouvernement, » explique Faustin Bilikano
Parmi les recommandations, quatre se démarquent, soit le développement d’une stratégie globale sur cinq ans en matière d’immigration ; la création d’un ministère provincial de l’Immigration et du Multi-culturalisme ; le déploiement d’une stratégie d’attraction et de rétention et finalement l’élaboration d’une stratégie globale de développement de la main-d’œuvre pour les nouveaux arrivants.
Une stratégie de rétention
De manière concrète, la rétention des immigrants pourrait s’organiser de plusieurs façons.
Actuellement, les étudiants étrangers qui vivent au Canada doivent retourner chez eux après leurs études afin de faire bénéficier de leur formation leur pays d’origine. Comme le mentionne Faustin Bilikano.: « Si quelqu’un vient étudier et peut payer ses frais, pourquoi ne pas lui donner la chance de rester ? ».
Aux dires de Faustin Bilikano, faciliter la reconnaissance des acquis des nombreux immigrants compétents serait judicieux afin d’augmenter le nombre de travailleurs expérimentés. « Il serait important d’améliorer la façon dont on facilite leur accès à l’emploi, surtout pour les professionnels qualifiés », ajoute-t-il. Plusieurs professionnels se voient confrontés à la barrière de la non-équivalence de leurs acquis et doivent parfaire leurs études pour retrouver leur droit de pratique au Canada. Par le fait même, un programme de jumelage entre deux corps de métiers similaires devrait être considéré selon lui et tel que recommandé par le Rapport sur l’immigration.
Rétablir un ministère provincial sur l’immigration
La recommandation de remettre en place un ministère de l’Immigration et du Multi-culturalisme est un dessein souhaitable. Selon Sherman Chan, « En rétablissant le ministère, la province peut devenir plus proactive ». À ce jour, les responsabilités concernant l’immigration sont réparties entre cinq ministères. Cette réalité ne facilite pas la planification, la consultation ni l’évaluation de l’impact de l’immigration sur la Colombie-Britannique et le
Canada. « Cela faciliterait notre travail, car il y aurait un pivot dans la province pour diriger les politiques d’immigration et multiculturelles ainsi que la mise en œuvre de services et de programmes pour les immigrants et les réfugiés », conclut Sherman Chan.
La contribution essentielle des immigrants
Si le gouvernement reconnaît que la contribution des immigrants au marché du travail est importante, il n’en manque pas moins qu’une population vieillissante en voie de partir à la retraite occasionne de plus en plus de postes à combler. Les immigrants pourraient résorber cette pénurie envisagée de travailleurs en Colombie Britannique.
« On a besoin de gens pour combler ces postes vacants, voici la priorité pour la province », conclut Faustin Bilikano.
Bruce Ralston, ministre de l’Emploi, du Commerce et de la Technologie de la Colombie-Britannique souligne que même si le gouvernement néo-démocrate de la Colombie-Britannique n’envisageait pas de ré-ouvrir un ministère de l’immigration, la province fait des préoccupations en matière d’immigration un enjeu primordial. Selon lui, le gouvernement a augmenté le fond d’aide à l’établissement des nouveaux arrivants à 12$ millions cette année, soit une augmentation de 60%, la hausse la plus importante depuis 2014. Ces fonds serviront à bonifier l’aide aux services de placements, à l’accès aux cours de langue et à améliorer les services d’évaluation des titres de compétence.A noter que la C.-B. détient la seconde place en nombre d’immigrants au Canada, derrière l’Ontario. Les nouveaux arrivants sont représentés à 28,3%, la population d’immigrants de deuxième génération s’élèverait à 22,9%.Selon les données du recensement de 2016, 1 292 675 immigrants et réfugiés sont arrivés au Canada entre 2011 et 2016. La population active des immigrants s’élève à 50% à Toronto, et à 43,2% à Vancouver.