Avant de nous projeter à grand pas dans 2019, regardons une dernière fois dans le rétroviseur pour ne pas oublier 2018 en si bon chemin.
Du pouvoir de la musique, dialogue universel dans lequel le pluralisme culturel bouillonne, nous nous sommes interrogés, au fil des mois, sur la place des différentes cultures locales et celle de la francophonie à Vancouver. État des lieux.
La musique comme trait d’union
La musique adoucit les mœurs, dit-on. La peine aussi. En cette année 2018, le 11 novembre exactement, on célébrait le Centenaire de l’Armistice de la Première Guerre mondiale. De l’autre côté de l’Atlantique, près de 70 chefs d’État, et parmi eux, le premier ministre canadien, Justin Trudeau, honoraient de leur présence la cérémonie de clôture des commémorations de la Grande Guerre sous l’Arc de Triomphe parisien. Pendant ce temps, à Vancouver, on célébrait aussi ces héros. La Colombie Britannique a vu 55 000 de ses hommes partir au combat sur les 600 000 soldats canadiens engagés. Et 66 000 d’entre eux n’en sont jamais revenus. Pour leur rendre un hommage plus que mérité, les chants contestataires des lignes de batailles ont laissé place aux notes cuivrées et aux voix d’une dizaine de chorales locales, faisant écho au Souvenir, à l’unité et donnant « l’inspiration de vivre un futur pacifié », annonçait le révérend Beth Hayward de l’église Canadian Memorial United Church and Center for Peace, en préparatif des événements. La musique, c’est avant tout ça, un langage universel.
La série de festivals d’été en avait donné un aperçu, notamment du 30 juillet au 10 août, au cours du jeune Vancouver Bach Festival. Son chef d’orchestre, Matthew White, vantait alors les valeurs humaines et universelles de la musique classique. Certainement c’est ce même enthousiasme, amorcé il y a 41 ans par des passionnés de diversité musicale, qui donne au Vancouver Folk Music Festival une résonance de taille sur la Jericho Beach. Du 13 au 15 juillet, une cinquantaine de scènes, présentées par des groupes locaux et étrangers, dans un mélange de genres étonnant, a une fois de plus remporté son pari de créer une seule et même communauté de milliers de personnes, simplement là pour partager.
Une jolie représentation de la diversité culturelle de Vancouver. Et en son sein, la francophonie tente de se faire une place de choix.
La francophonie pèse ses maux
Le festival qui lui est dédié, les Rendez-vous de la francophonie (RVF), célébrait en mars sa 20e édition autour d’une thématique triennale « La Francophonie en 3D : diversité, dualité et dynamisme ». Avec plus de 3 000 activités proposées, les acteurs des milieux associatifs, des universités et des organes fédéraux, ont voulu mettre en avant le dynamisme et le potentiel économiques véhiculés par cette communauté.
Et l’art documentaire à la French French en a fait la démonstration. Ce programme, présenté en mai lors du festival du film documentaire DOXA a mis cinq réalisatrices à l’honneur, pour partager l’affiche avec le réalisateur Alain Cavalier. Celui qui se plaît à filmer la vie, tout simplement, a présenté notamment une série de portraits féminins, tous filmés à Paris, faisant voyager les Vancouvérois au cœur de la capitale française. Malgré cette 4e édition à succès, le programme French French semble n’en être qu’à ses balbutiements. De bon augure pour la suite.
Difficile d’en dire autant en termes de littérature francophone. Si le Writers Fest, 31e du nom, a réuni, en octobre, une centaine d’auteurs, un seul d’entre eux a fait parler la littérature en français. Le programme consacré à cette dernière a tout bonnement disparu en 2015, faute de rentabilité. La Colombie-Britannique compte pourtant plusieurs dizaines d’auteurs. De même, quelques maisons d’édition s’attachent à promouvoir la langue française, à l’image de la dernière-née, celle des Éditions de l’Épaulard, par André Lamontagne. Ce marché peine à percer dans un milieu principalement anglophone malgré sa nécessité d’exister pour combattre l’illettrisme dans la langue française.
Apprentissage du français : on peine à répondre à la demande
On estime à un sur deux le nombre d’analphabètes francophones, au niveau national. Pour remédier à ce phénomène, le Collège Éducacentre, actif depuis plus de quarante ans dans l’alphabétisation des adultes, déplore un manque de moyens de la part du gouvernement, depuis 2015.
Du côté de l’apprentissage des plus jeunes, là aussi, qu’il s’agisse des enseignants ou des infrastructures, le Conseil scolaire francophone (CSF) parvient difficilement à répondre à la demande, malgré la quarantaine d’écoles ouvertes. Ces dossiers récurrents ont refait surface lors de la rentrée scolaire alors que près de 6 000 élèves retrouvaient les bancs de l’école. Ce chiffre compte une augmentation annuelle de 2 %.
Tout n’est pas morose pour autant, à l’image de l’école francophone Victor-Brodeur, à Victoria.
Ici, depuis la rentrée, la radio francophone CILS FM a intégré les locaux de l’établissement. Une manière de lier l’éducation à la pratique de ce média et d’offrir la possibilité aux élèves de parler français en dehors des salles de classe, à l’image du Parlement jeunesse francophone de la Colombie-Britannique, qui tenait sa 20e édition de rentrée en janvier. Vivre quotidiennement en français reste difficile en Colombie-Britannique.
Faire de la diversité culturelle une richesse économique
Car Vancouver, c’est surtout une mosaïque culturelle. Une richesse que la Province s’applique à vouloir développer avec l’accueil de nouveaux arrivants. Une aubaine, aussi, pour l’économie locale, à condition que ces compétences nouvelles ne soient pas gaspillées. L’Affiliation of Multicultural Societies and Service Agencies of BC (AMSSA) s’est penchée sur la question et a rendu, en septembre, un rapport sur l’immigration en Colombie-Britannique dans lequel 12 recommandations sont formulées. Elles visent à renforcer l’intégration de ces nouveaux arrivants et, par conséquent, leur donner davantage de poids dans le développement économique et culturel de la région.
2019 verra peut-être quelques-unes de ces premières mesures instaurées… Quoi qu’il en soit, de nouveaux visages, de nouvelles rencontres et d’autres histoires étonnantes viendront nourrir les lignes de La Source pour cette année à venir. En attendant, nous vous souhaitons à tous de très belles fêtes de fin d’année.