L’événement The Art of Leadership for Women donnera l’occasion d’approfondir les réflexions sur le Leadership, au féminin et au masculin, afin de mieux percevoir les tendances et enjeux dans un monde en changement chronique. Il aura lieu le 5 avril prochain au Convention Centre à Vancouver.
Entreprises, sociétés, pays et communautés font actuellement face à toutes sortes de risques qui semblent mettre en danger leur existence même. Des défis économiques, politiques, culturels, environnementaux, technologiques et sociaux obligent les leaders à projeter avec soin différents scénarios afin de piloter le navire dont ils ont la charge. Et plus ils fédèrent, mieux ils pilotent.
En entreprise, lors de conférences ou sur les réseaux sociaux, le mot « leader » est surutilisé. Mais n’est pas leader qui veut ! Le vrai leader est celui qui donne envie d’adhérer à un projet, il donne envie à son équipe de le suivre. Voilà probablement pourquoi tant d’analogies sont faites entre l’entreprise et le sport.
Le vendredi 5 avril, soit peu de temps après la Journée internationale des droits de la femme, l’événement The Art of Leadership mettra en avant le leadership au féminin. Plusieurs personnalités féminines qui ont réussi dans l’art de fédérer et de rassembler présenteront leurs visions sur le leadership. Entre autres, Malala Yousafzai, prix Nobel de la paix 2014 et créatrice de la Fondation Malala, ainsi que la Dre Tasha Eurich, auteure à succès, seront là.
Une capacité à fédérer comme toile de fond
En premier lieu, il est essentiel de rappeler que ce qui définit un leader est subjectif et les critères varient selon les cultures, les catégories socio-professionnelles, les âges etc.
Enseignante à l’Université de Colombie-Britannique et experte sur le sujet, Joanna Piros nous explique qu’il y a « autant de tendances et de saveurs qu’il y a de leaders ».
Mais il y a des caractéristiques qui sont connexes parmi les groupes et les cultures.
Le leader est avant tout une personne qui rassemble, fédère, influence et impulse tout en individualisant son accompagnement. Ses atouts essentiels sont la flexibilité, l’exigence, l’intégrité, l’écoute, l’empathie,
la capacité à se projeter, la collaboration mais aussi la crédibilité : en quelques mots, une Intelligence émotionnelle cultivée au quotidien associée à d’indéniables talents de communication, ce qui rend les
leaders charismatiques.
« Le leader est celui qui va réussir à créer du sens autour d’un objectif, ce qui va rendre cet objectif pertinent, tangible et fédérateur. Nous sommes entre l’émotionnel et l’intellectuel, » confie Joanna Piros. Il a une capacité d’influence forte basée sur la communication et l’émotion.
Chercheuse américaine en psychologie et auteure sur le sujet, la Dre Tasha Eurich, qui fait carrière à l’international, nous informe également que « beaucoup des leaders en réussite ont une très bonne connaissance d’eux-mêmes associée à une constante envie d’apprendre, de se recycler. »
Ces qualités, plébiscitées notamment par les entreprises, participent à la nouvelle façon de percevoir la performance, celle qui allie les relations humaines et les résultats. Elles peuvent être développées par les hommes et par les femmes. Elles ne sont pas l’apanage du sexe, même si certaines caractéristiques du Leadership du XXIe siècle représentent des qualités intrinsèques reconnues aux femmes, dites « spécifi-
cités féminines ». La valorisation récente d’un leadership plus féminin liée à des exigences contextuelles ouvre la voie à une nouvelle culture managériale aux valeurs mixtes.
Le leader d’aujourd’hui : codes masculins ou féminins ?
Les entreprises se trouvent face à un problème de représentation du sexe aux postes de direction et de pouvoir. Et face au phénomène du « plafond de verre », les femmes restent sous-représentées dans les positions de direction. Pour expliquer ce phénomène, certains chercheurs mettent en avant le poids des stéréotypes en termes de sexe et du « modèle dominant » qui entraveraient l’accès des femmes à ces positions de pouvoir et de leadership. « Les femmes sont souvent vues comme moins « fortes » que les hommes. Et leurs accomplissements sont moins facilement appréciés à leur juste valeur » explique Tasha Eurich.
Et si la diversité est importante, c’est qu’il est nécessaire pour la santé d’une organisation que les leaders adoptent et représentent les normes et valeurs du groupe sur lequel ils exercent leur « influence. »
Et c’est avec une vision progressiste que le modèle féminin doit exprimer son potentiel. Simone Veil, dans un passé encore proche, confiait : « Ma revendication en tant que femme c’est que ma différence soit tenue en compte, que je ne sois pas contrainte de m’adapter au modèle masculin. »
Il ne s’agit pas d’opposer les femmes aux hommes mais de créer un nouveau code du leader. Il faut être conscient de certaines différences dans la manière de gérer, les analyser, et s’approprier les valeurs ajoutées complémentaires tout en assumant sa différence. Et les organisations qui « arrivent à promouvoir cette diversité ont des résultats financiers ou humains bien meilleurs, » affirme Joanna Piros.
Ce leadership d’un genre nouveau, fondé sur certaines valeurs féminines et masculines associées permet de mieux gérer la mixité et aussi la diversité dans les équipes mais aussi de réunir la culture de l’humain et celle du résultat. Le leadership et la culture d’entreprise vont de pair. Les décisions, les attitudes et les comportements des dirigeants façonnent la culture de l’entreprise. Et cette dernière oriente l’engagement et les
résultats.
Le leadership fondé sur des valeurs comme la collaboration et la responsabilisation est intrinsèquement et fondamentalement neutre du sexe. Ce sont les valeurs et non le sexe qui déterminent le leadership. Et ce sont donc les valeurs et non le sexe (ou les origines) envers lesquelles il faut être critique. Et ce, afin d’assurer que la capacité à fédérer n’ait pas pour but final… de diviser.
Lien utile : www.theartof.com/leadership-women-vancouver-2019