L’ensemble musico-théâtral québécois « L’orchestre d’hommes-orchestres » (L’ODHO) est de retour à Vancouver avec une nouvelle chronique culinaire musicale.
Ce spectacle dépeint des scènes de vie de cuisine sur fond de musique yodler-country américaine des années 30. Amateurs ou néophytes du style L’ODHO, vous ne resterez pas sur votre faim ! New Cackle Sisters : Kitchen Chicken se jouera au théâtre York du 2 au 6 avril prochain.
Un peu de tout
L’orchestre d’hommes-orchestres (L’ODHO), fondé à Québec en 2002, est à la fois un ensemble théâtral et un lieu de rencontre pour les arts du spectacle en constante évolution. A sa tête, un collectif turbulent d’artistes-musiciens-performeurs (musique, théâtre, art de la scène, art urbain, etc.). Incarnation de l’homme-orchestre – comprendre, un touche-à-tout – la signature L’ODHO est celle reconnaissable entre toutes de l’approche transversale, souvent qualifiée de « DIY » ou « bricolage maison ». Ce qui différencie si fortement cette troupe de toute autre est sans conteste le rejet délibéré de la standardisation et de l’unicité. Il y a une volonté marquée de faire vivre un art en constante recherche, un art qui fait appel et qui glorifie la débrouillardise. Les membres confient à ce propos leur goût pour l’indiscipline et l’aspect ludique avant tout. « Nous ne travaillons pas vraiment à partir de structures narratives, dans nos créations scéniques. C’est donc dire que nous ne racontons pas vraiment une histoire, sinon celle qui se raconte toute seule par la succession des pièces musicales que nous interprétons sur scène », explique Gabrielle Bouthillier qui forme le duo de chanteuses The New Cackle Sisters de la troupe. Elle ajoute que L’ODHO a une « approche performative et multidisciplinaire de la scène ».
La musique : pouls du travail du collectif
La musique est au cœur des différents spectacles de la troupe et utilisée pour établir des ponts de compréhension là où le langage échoue ainsi qu’entre art moderne et art contemporain. Mais puisqu’il s’agit de L’ODHO, cette musique ne saurait être classique : la troupe est connue pour transformer les objets du quotidien et toutes sortes d’accessoires en instrument de musique inventés. Ainsi il est légion pour eux d’utiliser le bruit des patates que l’on écrase, le pop d’une conserve que l’on ouvre, etc., et un tel recours force l’artiste à rebondir à tout moment sur les tribulations de ces objets si le son devait être dissonant. Depuis leur toute première pièce, Performs Tom Waits, cette technique n’a eu de cesse d’évoluer pour atteindre aujourd’hui un degré de complexité salué par la critique. Ces tableaux on-ne-peut-plus vivants créent alors une musique que l’on peut voir, tel qu’ils le souhaitent. Pour cette nouvelle mouture, c’est d’ailleurs la musique qui est à l’origine du projet. « Nous avons commencé par travailler la musique, » raconte Gabrielle Bouthillier. « Nous avons souvent travaillé à partir d’un répertoire musical donné, comme trame à une création scénique… Tom Waits, Kurt Weill… souvent des répertoires qui avaient fait l’objet de petits projets de recherche musicale préalables au sein de notre équipe. C’est ce qui s’est passé encore ici. Nous avions déjà travaillé la musique (des Cackle Sisters). Au départ, c’était pour un numéro dans une soirée « cabaret », en 2007. L’idée du poulet et de la cuisine est arrivée dans un deuxième temps, puis nous avons laissé le projet en jachère quelques années. Nous y sommes revenus cette année, et avons mis en place les dernières pièces du casse-tête. Donc l’idée d’en faire un projet de scène plus complexe est arrivée tout naturellement. »
Un tableau vivant qui chante et qui sent bon
Débitant leurs paroles comme le popcorn saute dans le micro-ondes, le duo occupe le centre de la scène, se mouvant sur place comme la ballerine d’une boite à musique. Comme les accompagnements d’un plat, les quatre comparses les entourent et s’agitent frénétiquement telle l’eau d’une marmite qui bout. Les chansons peuvent surprendre mais le tableau général occupe cependant l’attention et le répertoire s’enchaîne tel un menu dégustation d’un grand restaurant. Le spectateur est emmené dans une série d’aventures toquées aux nombreux rebondissements avec des scènes quelque peu piquées.
Interrogée sur ce qu’elle ressent lorsqu’elle assiste à un spectacle de la troupe, Heather Redgern, directrice actuelle du théâtre York, répond : l’émerveillement.
Que l’on adhère au concept ou non, nul doute que personne ne restera insensible et ne saurait saluer le caractère innovant, et, osons le dire, loufoque, de L’ODHO. Un joyeux tintamarre musical théâtralisé pour repas gaillard à saisir au vol !
Informations et billetterie sur tickets.thecultch.com ou au 604-251-1363.