Grandir à Pékin dans une famille népalaise typique m’a procuré une expérience de vie que je chéris et dont je serai toujours reconnaissante.
Cependant, une seule chose m’a troublée durant ma croissance: je ne parvenais pas à m’accepter telle que je suis. Les exigences de la société envers les femmes sont si strictes et, pour dire vrai, difficiles à atteindre.
J’ai souffert d’anxiété et de dégoût de moi-même pendant toute mon adolescence, à cause d’insécurités au sujet de la couleur de ma peau et de mon physique. Par exemple, dans l’Asie de l’Est et du Sud, le « teint pâle » est hautement estimé, et la « minceur » est la norme pour les filles, sans quoi on est incapable de « trouver un bon mari ». Les parents encouragent leurs filles à « bien paraître », ce qui veut dire être pâle et mince. Pour moi, une grosse fille à la peau couleur café, cela n’atteignait pas l’idéal d’une belle femme. Les gens complimentaient mes double paupières, la ligne de mon nez, mes pommettes hautes, mais quant à la couleur de ma peau et la forme de mon corps, j’étais la cible de toutes les vilaines remarques imaginables.
Durant mon séjour à Pékin, mon derrière était décrit comme « anormalement large », mes cuisses appelées « de gros boudins». On me surnommait « cochon noir » à l’école, mes compagnes de classe me demandaient : « Tes parents t’ont-ils appelée Aastha parce que tu es un gros tas ? », et un de mes béguins m’a rejetée en disant : « Pourquoi aimerais-je une fille avec un si gros derrière ? ». Par ailleurs, quand je retournais au Népal pour l’été ou à Noël, mes parentes me disaient : « Perds du poids ou tu ne trouveras pas de mari », « Ne mange pas ça, ça contient trop de beurre clarifié », « As-tu pensé à la liposuccion ? », et le plus drôle de tout : « Si tu te douches avec du lait, tu auras un teint plus pâle ». Tous ces commentaires pour m’encourager ainsi que leurs propres filles à perdre du poids et se faire pâlir la peau.
Quand je suis arrivée à Vancouver à la fin de 2013, je me suis inscrite à UBC et j’étais terrifiée. Terrifiée que les gens d’ici réagissent de la même façon. Je craignais d’entendre des commentaires sur mon apparence. Mais cela s’est avéré différent et réconfortant. Quand j’ai rencontré pour la première fois ma compagne de chambre, elle a été très aimable et toujours prête à me soutenir quand je doutais de moi-même. En chemin vers mes cours, des étudiants que je ne connaissais même pas me saluaient d’un « Bonjour ! ». Les professeurs étaient uniquement préoccupés de nos notes académiques, notre vie personnelle les laissait complètement indifférents. Ceux et celles qui sont devenus mes amis évitaient de me juger et m’acceptaient telle que je suis. S’il m’arrivait de douter de moi-même ou d’éprouver de l’anxiété, il y a à UBC un service de conseillers qui m’a aidée à m’exprimer et à acquérir de la perspective.
C’est surprenant mais malgré la distance de on pays d’origine, je ne me suis jamais sentie si bien avec moi-même. Je peux porter des shorts ou un maillot deux-pièces à la plage sans me sentir mal à l’aise ou jugée. Il n’y a personne à qui rendre des comptes parce que chacun est dans sa bulle, à s’occuper de sa petite affaire. La confiance et l’indépendance que Vancouver a instillées en moi m’ont amenée à m’aimer pour telle que je suis et parais. Le regard positif des Vancouvérois a vraiment déteint sur moi et m’a transformée en une meilleure personne. Mon espoir est de pouvoir apporter cette attitude positive et la pratique de l’amabilité chez moi là-bas. Les meilleurs us et coutumes et les enseignements que j’ai acquis ici d’une société tolérante sont des choses que j’aimerais partager dans mon pays, afin que les filles qui grandissent dans le doute et la haine d’elles-mêmes ne se détournent pas de certains objectifs de vie qu’elles sont plus que capables d’atteindre.
Merci aux gens de Vancouver, pour m’avoir enseigné comment vivre en paix, harmonie et amour avec moi-même.