La vie académique en Colombie-Britannique est effervescente et très active. Des étudiants canadiens et étrangers à tous les niveaux y font des études de tout type, des humanités aux sciences, des arts à la technologie, dans les plus de 1 900 programmes postsecondaires.
De nombreux programmes doctoraux ont été créés pour stimuler la recherche et l’excellence académique, parmi lesquels l’initiative des bourses publiques de l’Université de la Colombie-Britannique (UBC), qui cherche à promouvoir les chercheurs de la province et à mettre en relief leurs travaux. Des doctorants du monde entier en bénéficient.
Magdalena Vergara est une doctorante chilienne qui fait des recherches sur l’enseignement de la littérature de l’Amérique latine en Colombie-Britannique. Voici son parcours.
Professeure de littérature au Chili et boursière publique de l’UBC, Magdalena Vergara arrive à Vancouver il y a neuf ans pour continuer ses études. Elle mène aujourd’hui une recherche dans le cadre de son doctorat, qui met en relief l’enseignement de la littérature de l’Amérique latine aux écoles de la Colombie-Britannique. Sa thèse s’intitule, pour le moment, Lire le Sud dans le Nord : une approche méthodologique mixte pour l’étude de la littérature de l’Amérique latine dans les pratiques éducatives à Vancouver. Son travail aborde trois questions principales : « Comment les professeurs et les étudiants construisent-ils leur compréhension partagée des textes littéraires de l’Amérique latine ? Quels textes de l’Amérique latine sont étudiés en classe de langue anglaise et des humanités ? Quelles sont les représentations qui dérivent de ces pratiques ? »
Au début de son observation, Vergara identifie deux tendances fondamentales, bien qu’opposées, dans la perception et la représentation de l’Amérique latine à partir de sa littérature : elle se montre comme exceptionnelle ou comme violente. Une exceptionnalité qui est issue des genres tels que le réalisme magique, de la description de sa culture voluptueuse, naturellement, et une violence tout à fait liée aux genres les plus répandus par le cinéma et les séries de télévision : les histoires des mafias et des dictatures. « Il y a, bien sûr, un support historique qui justifie d’une manière ces stéréotypes, et c’est, en fait, ce qui a déclenché ces envies d’aller au-delà des théories postcoloniales, pour comprendre, entre autres, la répression dans la culture, » déclare Mme Vergara.
Un travail en progrès vers des résultats prometteurs
« L’idée c’est d’homogénéiser la variété des genres qu’on étudie en classe, de construire un dialogue non imposant, » explique Mme Vergara, qui a fait quelques enquêtes parmi ses collègues et chez les professeurs des écoles secondaires pour avoir une vision ample de la situation de l’inclusion des littératures latino-
américaines dans leurs programmes. Avec surprise elle a découvert que les auteurs les plus connus ici, ne le sont pas trop en Amérique latine. « Il y a, notamment, García Márquez, Allende, etc., qui sont des auteurs importants et représentatifs d’une partie du cosmos littéraire latino-américain ; mais, par ailleurs, il y en a d’autres, tels que le Colombien Hernando Téllez, qui jouissent d’une réputation ici, qu’ils ne connaissent pas [en Amérique latine], » précise-t-elle. Toujours mettant en relief la valeur de ces prophètes en terre étrangère, Mme. Vergara observe qu’il s’agit de coïncidences qui ont mené ces auteurs dans les maisons éditoriales anglophones renommées à des moments précis de l’histoire, d’où leur célébrité.
Sa recherche est toujours en progrès et pas encore au tirage des conclusions, mais Magdalena Vergara voit le développement, plus que d’une méthodologie, d’une philosophie d’enseignement de la littérature. Pour elle, il faut bien exploiter la relation individuelle qui se crée avec une œuvre lorsqu’on l’étudie. Il faut la saisir dans son contexte, avec tous les éléments qui lui apportent de la signification, pour être capable de comprendre la partie de la culture que cette œuvre représente.
« Mon travail vise à éveiller chez les étudiants et les enseignants la capacité de se reconnaître au moyen de la littérature, tout en appréciant l’importance de la diversité, » ajoute Mme Vergara. Et il le fait déjà : sa recherche a été utilisée comme une référence dans la création de programmes de littérature latino-américaine et mondiale. C’est une contribution formidable à la reconnaissance des multiples identités, ainsi qu’une mise en valeur de la complexité des cultures qui peuvent se retrouver dans une classe de n’importe quelle école de la Colombie-Britannique.