À vos marques, prêts, partez. Les voilà partis pour un mini-marathon électoral. Dans moins d’un mois nous devrions connaître le gagnant ou la gagnante de cette course somme toute de courte durée : cinq jours de plus que le minimum (36 jours) requis par la loi. L’enjeu ? La médaille d’or ou, si vous préférez, le poste de premier ministre du Canada.
Sur la ligne de départ se sont présentés six coureurs ou, toujours si vous préférez, six candidats. Tous souriants et heureux de se retrouver dans cette position sur un parcours, ils doivent s’en douter, semé d’embûches.
`Dans le couloir numéro 1, le tenant du titre, le pas toujours très honorable, Justin Trudeau. Sa voie ensoleillée promise au début de son mandat a fini par se transformer, lentement mais sûrement au fil des ans, en voie de disparition de crédibilité. Une voie sans voie poussée vers la sortie. Une photo jugée raciste prise à Vancouver en 2001 le montrant déguisé et maquillé en Aladin a été dévoilée au grand public. Le voilà pris une fois de plus en flagrant délit de manque de jugement.
Sa parure aujourd’hui franchement ternie, affaibli par ces révélations, que compte faire l’actuel premier ministre du Canada pour se relever d’une pareille ignominie, si ignominie il y a eu ? Peut-il encore poursuivre sa campagne électorale après avoir trébuché de la sorte ? Ses chances de former le prochain gouvernement sont-elles à ce point compromises ? En perte de respect, comment compte-t-il regagner la confiance des électeurs ? Combien d’erreurs et de bévues ses partisans sont-ils prêts à lui pardonner ? Doit-il abandonner le navire ? Nous le saurons sous peu. Le 21 octobre n’est pas si loin. Vous parlez d’une déconfiture.
À ses côtés, sur le starting-block, on trouvait au départ, sur un pied d’égalité selon les sondages, le chef de l’opposition Andrew Scheer. Ce dernier, toujours à l’affût du moindre faux pas de ses adversaires, devrait maintenant profiter des soucis auxquels doit faire face son principal concurrent. Ce cher Scheer depuis le début de la campagne, par cynisme peut-être, nous submerge de promesses sorties tout droit d’un agenda socialiste : suppression de subventions accordées aux grandes entreprises, garantie de santé et de programmes sociaux, et j’en passe. De quoi vous donner le tournis. Ce chérubin à la bouille de poupon bien allaité tente de nous faire avaler des couleuvres ou de nous faire prendre des W.C., à défaut de vessies, pour des lanternes. Va-t-il bénéficier des déboires de Justin Trudeau ? Réponse : encore une fois, le 21 octobre.
Dans les autres couloirs de cette compétition, nous retrouvons dans le désordre le candidat néo-démocrate Jagmeet Singh reconnaissable par son port du turban aux belles couleurs chaque jour renouvelées. Attendons-nous toutefois, la logique le voudrait, à ce que la couleur orange de son couvre-chef soit à l’honneur et prédominante durant cette campagne électorale.
Autre chose à noter à son égard : depuis le minable, à tous points de vue, premier débat des chefs, il a réussi à sortir son épingle du jeu. La performance jusqu’à présent de Jagmeet Singh, que l’on apprend petit à petit à connaître, nous permet de mieux comprendre le choix fait par les néo-démocrates en le nommant à la tête du Parti. « Il n’est pas si mal que ça » entends-je dire autour de moi. Avec lui en course, le NPD devrait perdre moins de plumes que certains se l’imaginaient au départ. Le 21 octobre, c’est tout le mal que je leur souhaite.
Vient ensuite, dans un autre couloir, Elizabeth May la cheffe du Parti vert. Elle ne s’attend pas à former le gouvernement mais aspire plutôt à jouer les trouble-fêtes. Qui sait, un gouvernement minoritaire ne serait pas pour lui déplaire. Le rouge libéral et le vert, contrairement au bleu conservateur, sont des couleurs, parole de peintre, qui vont très bien ensemble. Il ne faut surtout pas cracher sur les mariages de raison. L’amour est dans les prés sans pesticides, nous assurent les verts. Il serait sage de les écouter si vous désirez faire bon ménage avec eux. La cérémonie célébrant les noces devrait avoir lieu le lendemain du 21 octobre. Vous a-t-on invité ?
Dans le dernier couloir avec plusieurs longueurs de retard viennent Maxime Bernier du PPC, un ultraconservateur frisant l’extrême droite qui compte percer sur la scène politique plutôt que de se faire hara-kiri bien rira le Bernier. Il est accompagné par Yves-François Blanchet représentant le Bloc québécois qui n’a d’autres aspirations que de regagner quelques sièges au Québec. Le reste, il s’en fout royalement ou plutôt, devrais-je dire, il s’en fout indépendamment. Tous deux seront fixés, je sais que je me répète, le 21 octobre.
La course est donc, depuis deux semaines, bien engagée. Que le moins mauvais gagne.