En 2007, onze pays africains signent un accord visant à planter sur plus de 8 000 kilomètres, des arbres et des plantes à travers le Sahel, région semi-aride qui s’étend de l’est à l’ouest du continent africain.
Ce projet ambitieux, visant à combattre les changements climatiques et la désertification du Sahel, est au cœur du documentaire The Great Green Wall, réalisé par Jared Scott et présenté au Vancouver International Film Festival (VIFF) cette année.
Les changements climatiques et leurs conséquences au quotidien
Raconté du point de vue des yeux d’Inna Modja, artiste engagée, le documentaire dépeint le quotidien de plusieurs habitants et l’impact de ce projet sur leur vie, au cours d’échanges entre l’artiste et ces habitants. Durant environ deux mois, Inna Modja, accompagnée de Jared Scott et de son équipe, a rencontré les personnes les plus affectées par le changement climatique, les conflits locaux et le manque de ressources, afin de comprendre leur quotidien et l’impact que pourrait avoir sur eux le projet de la Grande muraille verte. Arrivé tardivement sur le projet, Jared Scott explique l’ambition de son documentaire et le projet d’Inna Modja auquel il a pris part
« Quand j’ai rejoint l’équipe pour The Great Green Wall, Fernando Meirelles, le producteur en chef, et Inna Modja, la musicienne, étaient déjà sur le projet et ils avaient besoin de quelqu’un pour aller en première ligne raconter une histoire sur la Grande muraille verte, » précise-t-il. « Je suis arrivé et j’ai dit ‘on a de la musique, on a Inna, on a tous ces problèmes, comment raconter cette histoire’. J’ai été la dernière pièce du casse-tête pour lancer le projet et je me suis dit qu’un road trip était une bonne idée pour enregistrer à chaque étape un morceau musical. On a alors choisi cinq pays pour parler du projet mais également des conséquences de ces changements sur les populations. Aller à la rencontre d’habitants où peu de gens vont était important pour nous. »
Une histoire d’espoir
Rapidement au fil du documentaire, de nombreux sujets se mélangent, tels que la migration, la guerre, les changements climatiques… Jared Scott raconte qu’« avec ce film, The Great Green Wall, je voulais vraiment aller en première ligne du changement climatique et voir ce que cela fait d’être sur le terrain, au cœur du foyer de la migration, de l’insécurité quotidienne et alimentaire, du changement climatique. Tout se passe au même endroit ». Mais le réalisateur ne souhaitait pas dépeindre un portrait négatif et pessimiste de l’Afrique. Tout en mettant en lumière les problèmes actuels du continent africain, grâce aux échanges créés par Inna Modja, il était important pour Jared Scott de montrer l’espoir qu’apporte ce projet aux populations.
« Il y a cette situation d’espoir, parce qu’il y a tous ces défis » explique le réalisateur. « On voulait montrer les deux aspects de ces pays. Et la grande muraille est une des solutions que l’on peut apporter. Si on arrive à faire aboutir cet ambitieux projet, cela veut dire qu’on aura fait beaucoup d’autres choses correctement. »
Au rythme de la musique
Rythmé par les échanges d’Inna Modja avec les habitants de différents pays d’Afrique concernés par le projet, dont le Sénégal, le Mali dont elle est originaire, le Nigeria, le Niger et l’Éthiopie, le documentaire est également construit autour de l’ambitieux projet musical de l’artiste, qui consiste à créer un album en collaboration avec différents artistes musicaux rencontrés durant leur voyage. Durant les deux mois de tournage, Inna Modja
a composé, sans préparation préalable, plusieurs morceaux mêlant différentes influences musicales des nombreux pays traversés. Par ses chansons et sa musique, Inna Modja souhaite toucher un public plus important.
« On aurait pu faire un film très pratique sur les aspects techniques du projet, sur comment planter des arbres, quand les planter…, » confie le réalisateur. « L’idée d’utiliser la musique pour raconter cette histoire était une bonne idée afin de rendre le film plus attractif et plus intéressant. La musique a une place si importante dans la culture du Sahel. Elle est associée à la Terre, à la mort, au travail, aux rites de passage. Donc bien sûr la musique chevauche l’idée du mur et de l’espoir qu’il apporte. Mais c’est aussi simplement un bon moyen de transmettre les émotions, en Afrique plus que nulle part ailleurs. ».
Jared Scott raconte sa collaboration avec la chanteuse Inna Modja comme une expérience unique et enrichissante.
« Inna fait partie de cette culture, elle est originaire du Mali et possède ce « desert blues » qui est un style de musique de cette région, elle a beaucoup voyagé à travers l’Afrique et l’Europe pour sa musique, » précise-t-il. « Elle a vraiment une perspective unique. Toute la culture du Sahel, les personnes, les problèmes résonnent en elle et on a pensé que cela aurait encore plus d’impact de voir cette histoire à travers ses yeux, voir son point de vue. Elle a rencontré ces gens à leur niveau, dans leur maison, leur jardin, grâce à sa maîtrise de l’anglais, du français, du bambara, et d’un peu de fulani. »
Réalisateur passionné et engagé, Jared Scott n’en est pas à son ballon d’essai en ce qui concerne les documentaires sur des sujets sensibles et signe ici un nouveau documentaire rempli d’espoir qui sera présenté au VIFF cette année.
Pour plus d’information veuillez consulter le www.viff.org.