« Les gens disent j’ai toujours voulu écrire, mais il y a une différence entre vouloir le faire et le faire. C’est énormément de travail, » confie l’écrivaine britanno-colombienne Lyne Gareau.
Originaire de la ville de Québec, Mme Gareau s’est installée à Vancouver en 1979, débutant une carrière d’auteure au début des années 80 en écrivant des romans courts pour ses élèves d’immersion française, lorsqu’elle enseignait à l’université Capilano. L’écriture, dit-elle, demande beaucoup de temps.
« Ce n’est pas quelque chose qui se passe au moment où l’on écrit physiquement, c’est vraiment quelque chose qui se passe tout le temps. Souvent je vais écrire une heure, je vais marcher une heure, mais tout ce temps, le processus continue, » explique-t-elle.
En 2016, elle prend alors la décision de sacrifier sa précieuse carrière d’enseignante et ses étudiants, pour consacrer tout son temps à l’écriture.
En moins de trois ans, Mme. Gareau a déjà accumulé tout un répertoire. Son premier roman, La librairie des insomniaques a été publié en décembre 2017. Isalou (qui sortira le 29 octobre 2019) est un roman jeunesse. Emily Carr, une artiste dans la forêt, une biographie illustrée par Paul Roux, sera publié en janvier 2020. Finalement, un recueil, intitulé Le chat Janus, sera publié en septembre 2020.
Des expériences en thèmes et en genres
Mme. Gareau se plaît à expérimenter autant avec les thèmes qu’avec les genres. Elle aime le métissage : romans poétiques, et romans/théâtre.
« J’ai beaucoup de difficulté à rester dans un genre, alors mes oeuvres transcendent, et c’est un métissage de genres, » décrit-elle. « La libraire des insomniaques était un mélange de presque science-fiction mais pas vraiment, de roman apocalyptique, mais pas vraiment, de roman poétique, mais pas vraiment. »
Sa prochaine oeuvre sera un mélange de pièce de théâtre et de roman, qu’elle écrit en anglais pour voir si elle en est capable. Elle deviendra ensuite une pièce de théâtre en français.
Les thèmes qu’elle explore dans ses livres pour adultes examinent le passage du temps : les regrets du passé, la peur du futur, ou encore la fixation dans le présent.
« Mes thèmes ont beaucoup à voir avec l’écoulement du temps et du futur et avec l’environnement. Pour La librairie des insomniaques j’ai entendu des commentaires que c’est comme s’il n’y avait pas de temps. Et j’ai aussi le thème des petits choix du quotidien, la beauté du monde dans les tout petits moments du quotidien, » partage-t-elle.
Des romans pour les jeunes
« Les romans jeunesse et les romans pour adultes Ce n’est pas du tout la même chose, » confie Mme. Gareau.
Ses deux romans jeunesse, Emily Carr, une artiste dans la forêt et Isalou, ont en commun la nature, la justice, le pouvoir qu’une seule personne peut avoir.
« Emily Carr a été l’une des premières personnes à parler contre les pensionnats autochtones. Dans Isalou, la petite fille apprend à voir le monde avec les yeux d’un loup et change son point de vue en découvrant qu’elle a le pouvoir de changer le monde, » explique-t-elle.
Isalou raconte l’histoire d’une petite fille qui vient de déménager de Montréal à Vancouver.
L’histoire lui est venue du livre d’Ian McAllister The Last Wild Wolves.
« J’ai vu son travail avec les loups et ça m’a beaucoup touchée parce que, comme nous, les animaux ont besoin d’un certain environnement pour survivre et les loups en particulier ont un sens fort de famille, de meute, » partage Mme. Gareau.
Dans l’histoire, Isabelle visite son oncle et sa tante qui habitent sur la côte nord de la Colombie-Britannique. Quand elle joue sur les tambours de son oncle, elle se transforme en loup (d’où son nom Isalou) et passe par différents stades : du petit bébé loup à une jeune louve pour finir en louve adulte. Elle apprend à voir le monde de la même façon qu’un loup le verrait, ce qui change son regard sur celui-ci. Le livre se termine sur un poème qui a pour thème le pouvoir que quelqu’un a de changer le monde, de bonifier ce qui l’entoure et de vivre en harmonie avec l’environnement.
Lyne Gareau est également impliquée au niveau administratif du Salon du livre de Vancouver et du Centre culturel francophone.
« C’est une décision politique pour moi que d’encourager les éditeurs francophones de l’Ouest, » affirme-t-elle.
Fidèle à ses deux amours, la ville et la nature, Mme Gareau partage son temps entre Vancouver et l’île Saturna.