Dans quinze jours, le 25 décembre. Nous y sommes presque. À ce que je sache, il n’est pas trop tard pour envoyer sa lettre au Père Noël. C’est ce que je m’apprête à faire. Oui, cela doit vous étonner ou tout au moins vous paraître bizarre, et je n’ai pas peur de l’admettre, je fais partie de ces gens qui croient encore au Père Noël. Soyez gentil, soyez indulgent, ne riez pas, surtout ne vous moquez pas de moi. Je suis un être sensible qui mérite qu’on le prenne au sérieux.
Je crois en effet, quitte à paraître candide ou ridicule, que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Ma naïveté ne me fait pas défaut, au contraire elle me protège contre toute forme de dépression associée aux malaises qui frappent notre société actuelle. Pour parer à ces troubles, par instinct de survie, je me berce d’illusions. Tous les soirs, pour mieux dormir sur mes lauriers que j’astique régulièrement, je me réfugie dans mes chimères. Je n’en tire aucun profit et surtout aucune gloire. Je me laisse aller à ma rêverie sans me soucier du qu’en-dira-t-on.
Je crois ainsi qu’Andrew Scheer, malgré tous les efforts qu’il déploie pour conserver son poste de chef de parti, finira par s’éclipser pour ensuite tomber dans les oubliettes de la politique canadienne, au grand soulagement de la majorité des électeurs épris de bon sens.
Je crois que les manifestants à Hong-Kong, grâce à leur persistance, obtiendront un jour gain de cause face aux autorités chinoises. Oui, je crois au Père Noël, ce qui me donne le droit de rêver en couleur.
Je crois que tous les despotes et autres abominables chefs d’état de la planète actuellement en poste, finiront par payer le prix de leurs sévices. Leurs heures, leurs horreurs, leurs erreurs et leur pouvoir de nuire sont désormais comptés. Ils seront finalement remplacés par des hommes et des femmes responsables et éclairés. Oui, cela ne devrait plus faire aucun doute, je crois au Père Noël.
Je crois enfin que les hommes un jour vivront d’amour et qu’il n’y aura plus de misère, comme le souhaitait le poète québécois Raymond Lévesque tout en sachant fort bien que je ne serai plus là mon frère pour assister à pareil miracle. Oui, encore une fois : je crois au Père Noël. Puisque je crois en lui, je lui écris.
Cher Père Noël, je préfère passer par vous plutôt que par Amazon. Quand vous descendrez du ciel n’oubliez pas mes petits souliers qui sont devenus trop grands pour moi. Pouvez-vous les remplacer par une paire de chaussures de sport à la mode aux couleurs éclatantes de manière à ce qu’elles ne passent pas inaperçues. Je tiens à ce que la marque me démarque.
Pendant que vous y êtes ayez l’obligeance de remplacer la paire de chaussettes trouées placée non loin de mes souliers. Plus personne ne tient à les raccommoder. On les porte, on les troue, on les jette. Ainsi va la vie d’une paire de chaussettes. Une fois l’échange opéré, déposez, comme cadeau, à l’intérieur de la nouvelle paire, le dernier modèle d’intelligence artificielle susceptible de réactiver mes méninges défaillantes.
Si je peux me permettre, sans trop vouloir vous détourner de votre chemin, auriez-vous l’amabilité de faire parvenir à notre premier ministre Justin Trudeau, dont la maturité à Londres vient d’être remise en question, un cadeau de ma part destiné à lui éviter tout embarras. Il s’agit d’un étui pénien qui devrait couvrir sa virilité au cas où il aurait l’intention de se rendre en Papouasie-Nouvelle-Guinée avec le désir, comme il a tendance à le faire, d’adopter les coutumes et costumes du pays visité. Évitez d’y ajouter une trousse de maquillage pour l’Halloween.
Petits conseils pratiques lors de votre livraison. Ne tentez pas de passer par la cheminée car je n’en ai pas. À défaut, faites comme le petit chaperon rouge, présentez-vous à la porte, tirez la chevillette et la bobinette cherra. Entrez, mes lutins, mes potes, vous aideront à vous débarrasser du contenu de votre hotte.
Je crois comprendre, c’est tout en votre honneur, que pour votre randonnée au Canada vous voyagiez toujours en traîneau tiré par vos caribous et non en motoneige comme vous pourriez vous le permettre. Bravo, vous êtes un exemple à suivre, dirait Greta Thunberg.
Toujours dans la même veine du politiquement correct, pouvez-vous demander à votre renne Rudolphe de remplacer le rouge de son nez par les couleurs de l’arc-en-ciel. La communauté LGBTQI, j’en suis convaincu, affectionnera particulièrement ce geste.
Il ne me reste plus qu’à vous souhaiter un joyeux Noël ainsi qu’une bonne et heureuse année.
Signé : Un ami de longue date qui ne demande qu’à croire en vous.