Les pâtisseries mochi ont une place centrale dans les festivités du Nouvel An japonais. Pour cette raison, le centre culturel japonais Nikkei Center propose le 29 décembre un atelier découverte de la cérémonie de préparation de ce mets, appelé mochitsuki. Aperçu sur cet art traditionnel qui saisit par son caractère inattendu et sur ce qui fait l’essence des festivités du Nouvel An japonais.
Les kadomatsu, couronnes de pin et de bambou toujours arrangées avec soin et confectionnées à cette période, le remue-ménage du ōsōji, rite de purification des espaces, ou encore le son du bonshō, cloche japonaise sonnée lors de la visite au temple. Le parangon japonais de bien-être affleure dans chacun de ses rituels du Nouvel An.
Et puis il y a la nourriture traditionnelle. Elle est, comme beaucoup de pays, au cœur des célébrations. « Ozoni » vient à l’esprit. C’est une tradition de déguster cette soupe pour le Nouvel An. Il y a des petits rouleaux de riz gluant et (les autres ingrédients) varient selon les régions » relate Yukiko Nishikawa, en charge des évènements au centre culturel. Même chose pour Nobu Nakane, originaire de Nagasaki, qui précise qu’elle est savourée le matin du 1er janvier. Cela vient en complément du temps passé avec sa famille et ses amis, autre habitude très fortement soulignée. C’est d’ailleurs ce que retient Rumi, résidente de Burnaby, sur ce qu’elle chérit particulièrement des fêtes : « Commencer l’année avec sa famille et avec de la nourriture ! »
Et si elles ne devaient choisir qu’un mot évocateur pour le mochi, Yukiko Nishikawa choisirait « célébrations » et Rumi « avoir faim » ! Celle-ci confie du reste « Griller (un mochi) au four, ce qui le rend craquant à l’extérieur et fondu à l’intérieur, trempé dans un mélange de sauce soja et de sucre, est l’un de mes souvenirs d’enfance préférés ».
Un savoir-faire qui se perd
Comme toujours au Japon où les codes régissent culture et société, le repas traditionnel, le plus important de l’année dans la culture nippone, n’y déroge pas. Parmi les différents plats servis au cours de ce Osechi Ryori, le mochi revêt son importance de par sa vertu ; il serait porteur de longévité. Quoique dégustés à l’année, ils sont cependant particulièrement appréciés ce premier jour du calendrier. « C’est une tradition ancienne que beaucoup de Japonais ont vécue dans leur enfance, un souvenir qui nous rappelle cette période-là ainsi que les traditions du Nouvel An » explique Nobu Nakane. Ce n’est pourtant plus une pratique très répandue, ayant cédé à l’assuétude sociétale. Mme Nishikawa est de cet avis : « On ne voit plus des gens battre la pâte de cette façon car beaucoup de personnes l’achètent toute faite au supermarché. » Rumi signale aussi cette perte de la tradition et raconte que sa mère, peut-être pour ralentir la désuétude complète de ce moment fédérateur, « possède une machine à faire la pâte, similaire aux machines à pain ».
Exception faite donc au moment des fêtes où « beaucoup de monde vient s’approvisionner (NDLR : au centre culturel) » comme a pu l’observer Mme Nishikawa. En effet, « la préparation des mochis est davantage un évènement communautaire. C’est un effort de groupe » dit Nobu Nakane, qui modère cependant que ce n’est pas tant difficile mais plutôt une tâche qui nécessite beaucoup de temps. « C’est beaucoup de travail. » lâche-t-elle.
Quintessence japonaise, et pourtant
Car il faut les voir, ces hommes vêtus de blanc, souvent avec ce fin bandeau roulé sur le front, symbole d’effort et de courage pour celui qui le porte, frapper ces grosses boules de pâte visqueuse. C’est un ballet parfaitement chorégraphié et en ce sens parfaitement représentatif de la culture japonaise, et dont pourtant la véhémence des coups de marteau tranche tant avec cette même culture de sérénité où la retenue prévaut. Yukiko Nishikawa exprime que « les ingrédients sont simples mais le procédé ne l’est pas » avant d’étayer en expliquant la méthode. « La tradition veut que l’on utilise un grand mortier (usu) et un marteau en bois (kine). Une personne frappe la pâte de riz (NDLR : préalablement cuite à la vapeur) pendant qu’une autre personne l’attrape et la replie, avant le coup de marteau suivant. Le duo doit prononcer une phrase courte pour garder le tempo, » explique-t-elle. Or acquérir la technique horlogère pour réaliser un bon mochi ne se fait pas en dilettante ; elle « requiert tous les sens » précise Mme Nakane.
S’il est possible de trouver des mochis à Vancouver dans certaines épiceries spécialisées ou lors du Festival annuel d’août, les ateliers dédiés ne se tiennent cependant qu’une fois par an. À ne pas louper au centre Nikkei a Burnaby.
www.centre.nikkeiplace.org