Pas comme la poire c’est en quatre et non en deux que je compte couper cette chronique. Le Castor castré, contrairement à la famille royale britannique, ne s’embarrasse pas de questions protocolaires et n’est pas non plus tenu à respecter la tradition. Cette décision éditoriale a été prise en connaissance de cause suite aux événements récents qui ont accaparé l’actualité en ce début d’année. Avec un total manque d’objectivité, je vous présente quatre histoires parmi tant d’autres qui ont retenu mon attention.
Histoire horrible : celle de l’écrasement de l’avion ukrainien, un Boeing 737, abattu par des missiles lancés par les forces armées iraniennes près de Téhéran en Iran. Bilan : 176 innocentes victimes dont 57 Canadiens. Une erreur des Gardiens de la Révolution iraniens, ont finalement reconnu, après un délai de trois jours, les autorités iraniennes qui depuis n’en mènent pas large. Surtout que l’on ne vienne pas nous dire, suite à cette tragédie, que l’erreur est humaine. Aucune excuse ne peut justifier pareille catastrophe. Il s’agit d’un crime, ni plus ni moins. Les Iraniens, face aux preuves accablantes, ont reconnu leur responsabilité. Trump? pas encore.
Histoire barbante : Trudeau s’est laissé pousser la barbe. Revenu tout frais et dispos de ses vacances hivernales au Costa-Rica, notre Premier ministre en a surpris plus d’un en affichant, à son retour, une barbe légèrement grisonnante. Son côté chérubin et son air poupon maintenant disparus, Justin Trudeau compte sur ce nouvel emballage esthétique pour affirmer son autorité sévèrement entamée. Si l’habit ne fait pas le moine, une barbe peut faire un chef de gouvernement, devait-il se dire face à un miroir dont la réflexion a dû lui plaire. En mal de crédibilité, avariée par ses déboires accumulés, il fallait un changement. C’est fait. Va-t-on dorénavant le prendre au sérieux? Fort possible mais ce n’est pas gagné d’avance.
Si monsieur a choisi de porter la barbe, que bien lui fasse. Il peut jouer le barbu autant qu’il veut dès lors qu’il ne me barbe pas avec ses discours aux accents pathétiques élaborés dans des cours d’art dramatique conçus pour des acteurs en mal de réussite.
Histoire triste d’une famille à la dérive : celle d’un prince qui en pince pour sa duchesse. Un conte de fée mettant en scène le petit prince Harry et son épouse, Meghan, duchesse de Sussex. Cette dernière, exaspérée si j’en crois les ragots, aurait manifesté le désir de prendre ses distances vis-à-vis de sa belle-famille (pas si belle que cela si vous voulez mon avis). Le couple a ainsi exprimé son besoin d’indépendance, voulant faire fi de certaines corvées royales tout en signifiant leur volonté de gagner leur vie à la sueur de leur front. Grand-maman la reine, à contrecœur semble-t-il, s’est pliée (en je ne sais combien de morceaux) à leur demande pour finir par leur donner sa bénédiction tout en les privant de plusieurs privilèges. Ils pourront jouir d’une certaine liberté d’action dorénavant dont celle de vivre au Canada. Déchu mais non déçu, le jeune couple aurait choisi la Colombie-Britannique comme port d’attache. Leur décision soulève tout de même quelques questions. Qui va payer la note qu’incombe leur présence chez nous? Un couple royal, je crois comprendre, comme un canasson, ça coûte cher d’entretien. Personnellement, je peux vous le dire tout de suite, je n’ai pas les moyens de les subventionner. Quel statut va-t-on leur accorder? Celui de sujet de la reine? Celui d’immigrant reçu? Celui de résident temporaire? De touriste? De réfugié? À la limite, pourquoi pas, je suis prêt à leur accorder ce dernier. Après tout ils ont fui un régime qui les tourmentait. Ils ont par conséquent droit d’asile. Et puis ils pourront servir d’attraction touristique. Les princes et les duchesses, ça ne court pas les rues au Canada. On pourra toujours les exhiber pour renforcer nos finances en cas d’abandon de l’oléoduc Trans Mountain.
Histoire à voir : 1917. Un film sans nœud, sans accroc, sans interruption. Un film cousu de fil en aiguille et non de fil blanc. Un film d’une maîtrise remarquable, d’une prouesse inimaginable. Le metteur en scène, Sam Mendes, a réussi un pari énorme : raconter cinématographiquement une histoire sans faire appel au montage traditionnel, à savoir : assembler entre eux des plans pour construire des scènes et des séquences qui formeront l’ensemble du film. Si Eisenstein voyait ça il se retournerait dans sa tombe. Sam Mendes et son directeur de la photographie Roger Deakins ont accompli un travail colossal, une œuvre titanesque. 1917, toutefois, certains en font le reproche, serait un film formaliste. S’abstenir donc, les cinéphiles qui ne voient pas d’un bon œil une œuvre où la forme supplante le fond.
Sans plus faire d’histoire passons à autre chose. Février, avec ses 29 jours, nous attend au tournant.