Je n’ai jamais ressenti l’émoi de devoir délaisser un lieu, de faire ma valise et de me retrouver dans un nouvel endroit. Vancouver est mon quelque part de nouveau perpétuel, une communauté éphémère, fluide et en constante évolution. Soit la nouvelle personne que j’ai rencontrée en voyageant en SkyTrain, soit la nouvelle découverte d’un lieu de fusion indien-chinois dans ma rue, soit le nouveau festival multiculturel qui se déroulera à Stanley Park cet été. Je n’ai pas besoin de trouver un nouvel endroit parce que Vancouver n’est pas le même endroit qu’il y a vingt ans, et ne sera certainement pas le même dans vingt ans.
Déménager au Canada et trouver mon chez-moi parmi un océan de visages étrangers n’a jamais fait partie de mon récit, mais c’est la raison pour laquelle je suis ici maintenant. Mon bisaïeul a quitté son Pendjab natal pour la Colombie-Britannique il y a près de cent ans, à la recherche d’un avenir meilleur pour sa famille dans un monde inconnu et impitoyable. Il est venu au Canada pour travailler sur le chemin de fer et a contribué à l’expansion de la petite population pendjabie grâce à son travail lors de la construction du premier temple de la Colombie-Britannique.
Cependant, tout au long de son séjour ici, il n’a jamais été accepté et n’a jamais été considéré comme un égal. Son histoire n’est pas si différente de celle de beaucoup d’autres qui ont vécu l’immigration au Canada. Appartenant à une famille de pionniers originaux du Pendjab, c’est une histoire qui a été répétée d’innombrables fois, présentée comme une raison d’être reconnaissant d’être né durant une époque de changement. Cela m’a également fait comprendre que la Colombie-Britannique n’a pas toujours été cette mosaïque multiculturelle de communautés et d’acceptation.
Quand mes parents grandissaient à Surrey dans les années 1970, ils étaient les seuls enfants non blancs de toute leur école secondaire. Ils devaient faire face chaque jour à la discrimination, à l’intimidation et à l’intolérance implacable en raison de leur apparence et de la religion qu’ils pratiquaient. Ils n’ont jamais abandonné l’espoir d’un avenir meilleur, d’une Colombie-Britannique plus tolérante.
La lutte pour l’acceptation des immigrants dans le passé est la raison pour laquelle nous pouvons avoir Vaisakhi aujourd’hui à Vancouver, pourquoi on ne s’est jamais moqué de moi, pourquoi on ne m’a jamais lancé des insultes racistes dans la rue. Il y aura toujours des luttes en tant que membre d’une minorité, mais il est parfois facile d’oublier à quel point nous avons été aidés par ceux qui ont combattu avant nous.
Pour la génération de mes parents, la diversité signifiait pouvoir trouver une ou deux autres familles indiennes dans leur ville. La diversité pour moi signifiait grandir dans une salle de classe où l’on pouvait lancer une fléchette au hasard sur une carte et trouver quelqu’un qui avait des racines là-bas. Une salle de classe où vous pouviez apprendre le mandarin et le pendjabi comme cours de langue seconde. Je me rends compte à quel point croît le Grand Vancouver lorsque je m’arrête dans mon trajet quotidien du travail pour admirer les lanternes en papier installées dans les vitrines pour le Nouvel An chinois. Comment le ciel est baigné de lumière et l’air rempli de la cacophonie des pétards de toutes les familles pendant Diwali.
À mon avis, la Colombie-Britannique est devenue une société où les différences sont célébrées et partagées, bien loin des salles de classe que mes parents fréquentaient et des usines où mon bisaïeul travaillait. C’est la raison pour laquelle je n’ai jamais voulu trouver mon quelque part de nouveau, car je ne suis pas seule dans mon altérité. C’est pourquoi je suis fière d’être de la Colombie-Britannique, c’est une communauté qui a évolué à partir de son passé et j’ai hâte de voir comment elle continuera d’évoluer dans son avenir.
Traduction par Barry Brisebois