En ces heures d’incertitude et de d’interrogations sur notre système de santé, la Boussole subit de plein fouet l’arrivée de l’épidémie de Covid-19. Organisme en charge d’aider les francophones les plus démunis de la province (principalement dans Downtown Eastside et à Surrey), la directrice générale Louise Chaynes tire la sonnette d’alarme pour alerter sur les conditions plus que difficile auxquelles font face ses équipes.
Suivant les recommandations des autorités, la Boussole demande à ses membres de travailler à distance mais une partie des tâches ne peut être accomplie que sur le terrain, avec toutes les complications que cela entraîne. Ainsi une centaine de courriers ont été envoyés à travers la région du Grand Vancouver pour recommander de prendre les mesures préventives et informer la population soutenue par l’organisme. « On a demandé d’afficher ces lettres en français dans les [refuges] », indique Mme Chaynes, rappelant que les populations visées sont souvent sans téléphone, ni télévision ni accès à Internet. Certains sont tout à fait ignorants de la situation. Cette absence presque totale d’information de la population ciblée représente le plus urgent des défis : « Il y a un gros travail d’éducation à accomplir avec ces gens-là, d’autant plus qu’il y en a qui sont illettrés »La directrice générale déplore par ailleurs le manque de matériel pour assurer sa mission, « principalement des masques : Nous avons des gants, mais le manque de masques et de matériel sanitaire est important » car la sécurité du personnel de l’organisme est aussi importante que celle des personnes qu’elle supporte.
« Si rien n’est fait, on estime que cette population précaire de Downtown Eastside pourrait être contaminée à hauteur de 70% ! »
Pour ces personnes sans-abri ou en situation de pauvreté, le Covid-19 est une double, voire une triple peine. Les lieux dans lesquels ils se rendaient pour se laver, faire leurs besoins ou se nourrir ferment les uns après les autres et se raréfient, rendant les mesures d’hygiène encore plus difficiles à respecter. « Les banques alimentaires ferment les unes après les autres, les abris également. » Et c’est sans compter qu’une bonne partie de ces gens présentent une santé fragile ou des systèmes immunitaires défaillants : drogues, maladies et infections ne sont déjà pas rares en temps normal mais avec l’épidémie il est encore plus difficile de prédire quelles seront les conséquences.
« Ce pourrait être une hécatombe »
La semaine dernière les équipes de la Boussole se réunissaient avec celles d’autres organismes d’aide aux démunis pour trouver d’autres moyens. Plusieurs mesures ont déjà été prises ou seront mises en place au cours de la semaine à venir, à commencer par l’ouverture de lieux de dépôt où les donataires pourront venir déposer nourriture et fournitures médicales à distribuer. Une campagne de levée de fonds a également été lancée et annoncée sur leur site (pour une récolte de fonds s’élevant à 21 983 $ à l’heure où nous écrivons ces lignes). Une page facebook dédiée (COVID-19 Coming Together (Vancouver)) et une pétition adressée aux différents organismes de santé de la province et de la Croix-Rouge que vous pourrez retrouver sur notre site internet.
Pour les dons, Mme Chaynes demande principalement des masques, de la nourriture et du savon.