Une voix musicale biculturelle : Le groupe de musique La Santa Cecilia

Après avoir remporté un Grammy pour Treinta Dias, « meilleur album de Rock, musique urbaine ou alternative latine » en 2014, La Santa Cecilia continue de surprendre et prépare même un nouvel album après le succès de son album éponyme sorti dans les bacs fin 2019.

Avec un nom rendant hommage à la sainte patronne des musiciens, ce groupe de Los Angeles a su conquérir un public éclectique, fasciné par le savant mélange de genres et d’instruments où les percussions et l’accordéon du répertoire latin font écho à des sons beaucoup plus rock et jazz, le tout avec cette énergie et cette passion dont seule La Santa Cecilia a le secret.

Un groupe biculturel

Ce savant cocktail a permis à nos quatre talentueux musiciens de partager leur culture et leurs émotions au-delà des frontières, au son de la guitare électrique et au rythme de la cumbia. « On a grandi en écoutant beaucoup de musique traditionnelle, on a baigné dedans, et c’est vraiment une grande partie de notre héritage, de l’ADN de notre groupe, ça a toujours été là », raconte Miguel « Oso » Ramirez, percussionniste et compositeur de La Santa Cecilia. Mais d’autres influences extérieures sont présentes très tôt.

« Adolescent, mon frère écoutait Led Zeppelin, les Doors, les Beatles, Bob Marley… Et j’ai aussi grandi avec » continue Oso.

La Santa Cecilia connaît une percée éclatante. | Photo de La Santa Cecilia

Le mélange se fait naturellement, l’héritage est biculturel.

« Quand on compose, on ne réfléchit pas dans une langue ou à un genre en particulier, on fait selon l’inspiration, là où le vent nous mène. » explique le musicien, pensif.

Cette alchimie est pourtant née au hasard de successives étincelles, où les quatre Angelenos ne cessaient de se croiser lors de concerts, dans la rue, ou par l’intermédiaire de proches, pour finir par créer un groupe multiculturel.

« Ce n’est pas qu’on en avait marre, mais on voulait faire quelque chose d’original, plus que des reprises d’autres groupes », précise le percussionniste. Et c’est cette originalité qui a rapidement porté ses fruits.

Musique de film

Avec plusieurs compositions choisies pour la bande-son de plusieurs films et séries à succès comme le dessin animé Disney Coco, ou encore la série Netflix Ingobernable, où le titre Me verás a été choisi comme thème principal, La Santa Cecilia a su plaire aussi bien à un public populaire qu’à l’industrie du film. Pour couronner cette récente percée dans le milieu cinématographique, les membres de La Santa Cecilia ont même fini par une brève apparition dans la série The Bridge pour laquelle leur musique servait de bande-son. « On a eu une chance incroyable, jusque-là ! C’est fou ! On n’a jamais imaginé que ça pourrait arriver ! », s’exclame Oso, chez qui le succès n’a pas supplanté l’humilité.

Pour autant, ce succès n’a pas corrompu leur créativité : « C’est vrai, parfois en studio on se dit que ça, ce serait vraiment sympa dans un spectacle, ou un film ! » mais on fait selon notre inspiration, pas pour viser un ’marché’ » en particulier » confie Oso. Mais le sujet revient régulièrement en studio, et le musicien voit même dans les compositions sur lesquelles le groupe travaille en ce moment de quoi mettre dans un film, « mais on ne sait jamais vraiment, on a juste été très chanceux jusqu’à maintenant », tient à préciser encore une fois l’artiste.

S’émanciper

Le groupe a su toucher son public avec des compositions comme Ice El Hielo sur l’immigration ou encore Mexico Americano, le biculturalisme, et avec des thèmes omniprésents et objets de toutes les crispations dans l’Amérique de Trump, que La Santa Cecilia arrive à aborder avec une pointe d’humour et une grande justesse.

« C’est quelque chose qu’on a vécu, qu’on voulait raconter. Beaucoup d’entre nous étaient des Dreamers. Certains des membres du groupe étaient sans papiers » quand le titre Ice El Hielo est sorti, en 2013. Et, même s’ils composent et jouent pour un très large public « beaucoup de gens ont pu se reconnaître dans Mexico Americano, des gens comme nous, issus de deux cultures, des immigrants ou des Américains de deuxième génération et qui ont un lien fort avec notre expérience commune, et cette musique leur permet de s’émanciper ».

C’est aussi dans ce contexte tendu autour de l’identité et du multiculturalisme que le mini album La Santa Cecilia est sorti, entièrement en anglais. Une réaction violente de leurs plus anciens admirateurs sur les réseaux sociaux en est résulté. Leur premier public s’est senti trahi et a vu cet album comme une tentative désespérée de plaire à un public international non marginalisé après un précédent album – Amar Y Vivir en 2017 – qui était un hommage à la musique traditionnelle, aux racines du groupe, enregistré lors d’un concert à Mexico qui avait ému le public et qui est resté l’album le plus populaire de La Santa Cecilia.

« Mais ce n’est en rien un album de transition. On n’avait pas prévu de faire un album exclusivement en anglais. On a juste essayé d’être fidèles à notre musique » et cela voulait aussi dire suivre des inspirations plus R&B, hip-hop, jazz, plus anglophones « et c’est ce qu’on a fait ! » conclut Oso.

Pour plus d’informations, allez sur le : www.lasantacecilia.com