Le 19 juin dernier, Sima Ghaffarzadeh recevait le prix de la Vancouver Asian Heritage Month Society (VAHM), lors d’une cérémonie virtuelle (COVID-19 oblige) pour son travail au sein du groupe Hamyaari Media qui publie en farsi, mais aussi pour son implication envers la communauté iranienne dont elle est issue.
Originaire d’Iran, elle débarque au Canada en 1999 à Toronto où elle passe sept ans à se familiariser
avec le pays. Ingénieure de formation, elle travaille dans le secteur des transports, métier qu’elle poursuit sur le sol canadien avec une équivalence acquise en 2003. Elle déménage à Vancouver en 2006 et poursuit sa carrière dans différentes compagnies avant qu’un licenciement ne l’écarte de son domaine en 2015. Plutôt que de se laisser abattre, Sima Ghaffarzadeh va prendre ce revers de fortune comme une chance de se lancer à son compte dans sa vraie passion, sa communauté, et elle fonde Hamyaari Media début 2016 avec un associé.
Une page qui regrouperait près de 80% de la communauté
Elle prend le poste de directrice de publication et d’éditrice en chef d’un journal persan bihebdomadaire qui s’appuie sur une communauté iranienne très présente dans la région du Grand Vancouver. Avant la création de son journal, elle avait déjà créé une page Facebook en 2010, sous le nom de Hamyaari Iranian Vancouver, ce qui signifie « Diffusion de nouvelles iraniennes de Vancouver ». Le succès est au rendez-vous car c’est aujourd’hui la seconde plus importante page communautaire iranienne du Canada (la première se situe dans la région de Toronto) et elle compte plus de 31 000 personnes inscrites. Si la grande majorité des membres sont effectivement des personnes originaires d’Iran installées dans la région, il y a également beaucoup de visites d’Iraniens encore au pays, ou installés ailleurs, qui se renseignent sur le Canada, les processus d’immigration et la vie en C.-B. Le but premier de son groupe reste néanmoins d’aider les nouveaux arrivants à s’intégrer en Colombie-Britannique, et à Vancouver en particulier, grâce à l’entraide très présente dans le groupe.
Selon le recensement de 2016, les personnes originaires d’Iran étaient 37 160 en Colombie-Britannique, mais Sima Ghaffarzadeh estime que ce nombre est sous-estimé car de nombreuses personnes refusent de donner leur ethnicité en répondant aux questionnaires. Selon elle, les chiffres réels se situeraient davantage entre 60 et 70 000 personnes, ce qui en fait une des plus grosses communautés de la province derrière les communautés chinoises, indiennes, britanniques et philippines. La communauté persane « compte beaucoup d’ingénieurs, de médecins et d’autres professionnels hautement qualifiés » souligne-t-elle.
Nous traitons de tous les sujets
« Nous traitons de tous les sujets, dont beaucoup de politique depuis que nous avons commencé », commente Mme Ghaffarzadeh à propos de son journal. Hamyaari Media revendique plus de 130 influenceurs dont un grand nombre de personnalités politiques de premier plan comme le premier ministre de la province John Horgan, le leader du NPD Jagmeet Singh ou encore le dirigeant provincial des libéraux de C.-B., Andrew Weaver.
Sima Ghaffarzadeh elle-même est membre du National Ethnic Press and Media Council of Canada (NEPMCC) qui représente plus de 650 publications à travers le pays et dont les langues ne sont ni le français, ni l’anglais. Elle a d’ailleurs reçu deux récompenses de cet organisme pour son travail en 2018 et 2019.
Le prix de la Vancouver Asian Heritage Month Society qu’elle a reçu l’a surprise car, confie-t-elle : « Je n’aurais jamais pensé que ce que je faisais entrait dans le cadre de ce que recherchait la VAHM, mais cela me fait très plaisir que ce soit le cas » avant de poursuivre « mais il est très important de souligner que cette récompense ne m’appartient pas, car je n’aurais jamais réussi à aller aussi loin sans le soutien des gens formidables qui m’entourent ».
Interrogée sur l’état de l’accueil des immigrants au Canada, Mme Ghaffarzadeh décrit « un pays qui contient le globe sans aucunes frontières » où, dès les années 1980, plus de 40% de la population n’avait déjà plus d’origines françaises ou britanniques. Si, pour elle, le Canada reste relativement accueillant, elle souligne que le système a encore besoin d’être amélioré, en particulier au niveau de la reconnaissance des diplômes, car, souligne-t-elle, « je connais beaucoup de gens qui sont venus au Canada en rêvant d’une vie meilleure, mais qui se sont retrouvés à faire de simple boulots alimentaires », avant d’ajouter « cependant, je pense que, comparé aux États-Unis et à l’Union Européenne, surtout aux États-Unis en fait, le Canada est une bien meilleure destination pour les nouveaux arrivants »
Pour plus d’information visitez le : https://media.hamyaari.ca