Gohar Dashti : Dissonance

La première exposition canadienne de l’artiste iranienne Gohar Dashti Gohar Dashti: Dissonance est l’occasion de découvrir des clichés mêlant intérieur et extérieur et de réfléchir sur les liens entre l’humanité et la nature.

Cette exposition ordonne des clichés des collections de Gohar Dashti pour explorer les notions de foyer et de sanctuaire. Elle réunit des oeuvres issues de quatre séries : Today’s Life and War (2008), Stateless (2014–2015), Home (2017) et Uprooted (2019).

L’artiste iranienne s’est penchée ces quinze dernières années sur les problèmes de société, plus précisément en les observant par le prisme historique et culturel de l’anthropologie et de la sociologie. Ses oeuvres sont issues de son expérience de vie, mêlant le personnel et l’universel, le politique et le fantasmé.

Dissonance propose un parcours qui s’étend des décombres poussiéreux de la guerre aux plantes de désert, illustrant toujours la vie face à l’aridité, tant humaine que naturelle.

Today’s Life and War. | Photo de West Vancouver Art Museum

La guerre
Les clichés de Today’s Life and War et Stateless nous plongent dans la fragilité du quotidien en temps de guerre et de migration, de vies qui germent et résistent dans le chaos comme des fleurs issues du bitume.

La guerre est omniprésente dans l’oeuvre de Gohar Dashti, une guerre entre l’Iran et l’Irak qu’elle n’a pas fuie avec sa famille.

Les personnes qu’elle a choisies pour ses portraits font partie de la sphère privée et sont généralement des amis ou de la famille, avec cette volonté d’inviter, toujours de façon pudique et artistique, l’objectif dans la sphère intime. La frontière entre l’art, l’histoire et l’Histoire, reste floue.

Toujours exposées à la lumière du jour, les oeuvres de Gohar Dashti montrent une vérité sans phare où les humains oscillent entre détermination et désespoir.

Home fait le lien entre l’habitat humain, la perte de ce dernier et l’investissement de l’espace par la nature.

Photo de West Vancouver Art Museum

Le lien à la nature
Les clichés de Stateless nous transportent dans un lieu grandiose et dramatique : le désert de l’île de Qeshm dans le golfe Persique, peu connue du grand public, avec des paysages minéraux sculptés. Cette île, anciennement immergée, révèle des fresques déchiquetées et des montagnes éprouvées par une érosion extrême, et fait écho au déchirement de la migration évoqué dans Stateless.

L’artiste dit d’ailleurs au sujet de sa collection Home : « Vous ne voyez peut-être pas les gens, mais c’est à propos d’eux. » Dissonance montre une nature qui investit et réinvestit les lieux, la puissance de la nature par sa résilience, qui devrait inspirer l’humanité. « Les gens transitent alors que la nature est constante. Elle sera encore là bien après notre disparition », explique la photographe.

Les clichés d’Uprooted s’inscrivent comme le point d’orgue de l’exposition et une apogée de l’essentiel espoir dans le dénuement. Inspirée par une étude sur les plantes vue au Musée d’Histoire naturelle de Harvard, Gohar Dashti propose des portraits de plantes déracinées, une fantastique parabole d’humains dont l’identité n’est plus individuelle mais tend à l’universalité.

Le project WVAM
Dans la lignée de l’exposition de Gohar Dashti, le West Vancouver Art Museum et l’artiste iranienne ont aussi décidé d’ouvrir un espace d’expression en relation avec l’exposition Dissonance et la pandémie de la
COVID-19. D’après Gohar Dashti, « les conditions engendrées par le coronavirus autour du monde nous enseignent comment vivre avec l’instabilité. À mon avis, les artistes et les migrants ressentent mieux cette situation. Ils savent vivre et travailler avec un futur incertain. »

Stateless.Photo de West Vancouver Art Museum

WVAM! Family Art Project est un évènement ouvert à tous, notamment aux familles. Ce lieu d’expression artistique est mis à disposition pour s’exprimer sur la pandémie et la façon dont elle a été vécue au sein du foyer. Basé sur les photos de l’exposition, il offre des toiles vierges où chacun peut dessiner ou coller des plants ou tout autre élément naturel. Les activités seront accessibles le 29 août de midi à 16 h. Cet évènement est gratuit mais requiert une inscription. Un créneau de 30 minutes sera accordé à chaque famille.

Une visite en farsi sera possible le 22 août. Cette exposition est à découvrir au West Vancouver Art Museum et en ligne jusqu’au 12 septembre 2020.

www.westvancouverartmuseum.ca