En période électorale, les débats font débat. Que ce soit ici chez nous en Colombie-Britannique où les élections provinciales doivent enfin aboutir le 24 octobre, ou chez nos voisins du Sud qui tiennent leur élection présidentielle le 3 novembre prochain, les débats entre les principaux intéressés attirent obligatoirement l’attention.
Nous avons vu ce que certains débats peuvent donner. Il est possible d’en rire ou d’en pleurer. Le débat notamment entre Donald Trump et Joe Biden a démontré jusqu’à quel point le niveau de bassesse peut parvenir à un degré dépassant les limites du possible : un abysse des plus profonds jusqu’alors jamais atteint. Cette mémorable mais infâme rencontre télévisée qui opposa le président américain à celui qui aimerait (qui devrait, disent certains dont je ne m’exclus pas) prendre sa place, restera à tout jamais dans les mémoires pour l’arrière-goût qu’elle a laissé. Trump a réussi, une fois de plus, à démontrer son inaptitude à détenir le poste de président qu’il occupe depuis presque quatre ans. Incroyable, invraisemblable, inimaginable c’est le moins que l’on puisse dire. Je n’ai pu tenir le coup jusqu’au bout. De frustration j’ai éteint mon poste de télé pour m’enfermer dans mon sous-sol où, avec rage, je m’en suis pris à une piñata qui traînait par là.
No más.
Tout cela, c’est du passé. Il n’y aura, en principe, plus de débat télévisé, version face à face, entre les deux protagonistes sur le même plateau. Donald Trump a refusé les nouvelles conditions imposées pour la tenue d’autres débats qui l’obligeraient à mieux se comporter. Ouf ! quel soulagement.
Monsieur Maison Blanche, comme toute la planète l’a su, au lendemain de ce débat pitoyable, a attrapé le coronavirus. Rien d’étonnant vu son attitude négligente et irresponsable à l’égard de cette pandémie. Grâce à une ribambelle de médecins mise à sa disposition ainsi qu’à un cocktail de médicaments auxquels les plus de 216 000 morts de la COVID-19 aux États-Unis n’ont pas eu accès, Trump a réussi à s’extirper sans trop de mal de ce virus et profiter de l’occasion pour faire valoir et clamer tout haut son invincibilité tout en exposant au grand jour, et à la vue de tous, son imbécilité. Pour l’avoir épargné, les dieux sont sans doute avec lui mais je suis en droit de me demander ce que fout le bon Dieu pendant ce temps-là. Il est fort probable que le Tout-Puissant, dans la grande sagesse qu’on lui attribue, ait préféré s’intéresser au débat qui opposait les chefs de partis de la Colombie-Britannique en vue des élections provinciales. Je peux comprendre ce choix : la décence l’emportera toujours sur la goujaterie.
Je me suis donc fait un devoir de regarder, depuis le début, ce débat local. Après tout, il me concerne. Cela m’a donné l’occasion de faire connaissance avec Andrew Wilkinson, chef du Parti libéral de la C.-B., dont le profil me laissait indifférent jusqu’à présent, et de Sonia Furstenau, nouvelle à son poste de leader du Parti vert. Le premier nommé, malgré tous ses efforts déployés, a échoué dans sa tentative de me convaincre que lui et son parti seraient un meilleur choix pour mener à bien les intérêts de notre province. Sa contrition face à son comportement et celui d’une de ses députés au sujet de remarques racistes proférées par cette dernière envers une députée du NPD, aussi sincère qu’il aimerait nous le faire paraître, n’a pas plaidé selon moi, en sa faveur. Le mal est fait, son leadership remis en cause, sa carrière entachée. Il devra vraisemblablement remettre sa démission en cas d’échec, fort probable, suite aux élections. Ceci ne devrait pas être le cas pour John Horgan, lui aussi accusé d’insensibilité raciale au cours du débat. Constatant son erreur, il s’est immédiatement excusé, prouvant de fait que lui non plus n’est à l’abri d’un faux pas.
Quant à Sonia Furstenau, dont le prénom fut prononcé je ne sais combien de fois par John Horgan au cours du débat (le premier ministre voulant sans doute l’amadouer et se faire pardonner son opportunisme électoral), bien que manquant d’un certain charisme, elle a réussi à tirer son épingle du jeu. Bien préparée, elle a su s’imposer par l’acuité et la pertinence de ses questions dirigées vers John Horgan, qu’elle mit en difficulté et sur la défensive. Elle et son parti pourraient nous réserver quelques surprises dans l’avenir.
Dans l’ensemble, de ce débat des chefs provinciaux, j’ai surtout retenu la grande civilité, la rassurante retenue et le respect des règles démocratiques dont ont fait preuve les trois chefs de parti. Des attaques certes mais aucune, façon de parler, en bas de la ceinture. Quel contraste par rapport à la piètre performance de Donald Trump ! Les Américains, que je plains de tout mon cœur, ont de quoi nous envier. Reste à débattre maintenant du bien-fondé des débats.