Il était une fois un gros cochon, appelé con par souci de contraction (cochon), qui fit le pari de quitter sa porcherie pour venir s’installer au château avoisinant où, en cette propriété, vivait un beau veau habitué à boire l’air de sa région. Les deux vécurent ensemble plutôt mal que bien. Au bout de quatre ans, voyant sa propriété négligée, endommagée et craignant que sa réputation soit salie, le veau avala un bon bol d’air frais puis demanda au gros con de vaquer les lieux. Ce dernier, vexé, refusa. Le veau patient attendit que le con cède. Ce qui, au bout de ce conte, malgré une forte résistance, se fit. Ceci m’amène ainsi à vous parler de la récente élection présidentielle américaine.
Depuis la défaite de Donald Trump, le mauvais perdant, je ne cesse de penser à son legs. Qu’a-t-il laissé en dehors de cette image bien triste d’une Amérique en perdition, à la dérive, en désarroi, aux portes de la guerre civile ? Peu, me diriez-vous. Vous n’auriez pas tort. Le futur ancien président des États-Unis, l’histoire le confirmera, va partir en disgrâce, qu’il le veuille ou non. Il mériterait d’être accompagné au fond de son abysse par son Parti républicain bien décidé à le suivre au bord du gouffre de l’ignominie. Trump a traumatisé l’Amérique à un tel degré qu’il est difficile aujourd’hui d’en évaluer pleinement les conséquences.
Ce triste bilan ne peut toutefois nous faire oublier l’apport à la langue française généré par son passage. Sous peu, en effet, je compte soumettre aux académiciens français une liste de néologismes inspirés par Donald Trump. Ceci dans l’espoir de les voir entérinés au sein du Panthéon de la langue de Molière et de Michel Tremblay. Voici, à titre d’exemple, plusieurs de ces mots, accompagnés de leur définition, qui devraient s’affirmer, après usage répété, au fil des ans.
Trumpisme : n.m. – Caractère d’une doctrine immorale conforme aux exigences imposées par un leader sans scrupule et pratiquée par des disciples aux neurones en piteux état. Une forme dangereuse de culte de la personnalité aux répercussions catastrophiques. Qui s’y enfonce s’y perd. Aucune chance de salut.
Trumpitude : n.f. – Manière abjecte, disposition désagréable, état d’esprit pitoyable, remarquable par une conduite mesquine et vaniteuse à l’égard de toute personne ne partageant pas le même dédain envers autrui. Cette attitude proche de la turpitude, où le mensonge a fait son nid, exacerbe la colère des individus les plus lucides. De quoi se taper la tête contre les murs que le grand effronté aurait tant aimé construire.
Trumpabilité : n.f. – Art d’induire en erreur les personnes les plus vulnérables de la société en leur présentant des faux faits aux intentions diaboliques, tirés à partir de données provenant d’une imagination débordante de non-sens sans éprouver pour autant un quelconque sentiment de culpabilité.
Trumsparence : n.f. – Forme d’opacité qui se fait passer pour de la transparence. Impossible à priori de constater la différence. Aussi trompeuse qu’elle soit, cette tendance perd son attrait au fur et à mesure que la vérité éclate au grand jour, dévoilant alors avec clarté le leurre dans lequel vivent les apôtres du trumpisme.
Trumptuiteur : n.m. – Adepte des tweets à caractère dérogatoire et mensonger. Tient des propos virulents, souvent haineux, démontrant ainsi une santé mentale fragile dont la paranoïa ne doit pas être exclue. Un trumptuiteur est un sot qui s’ignore.
Trumpaisance: n.f. – Forme de suffisance que l’on retrouve chez certains individus ayant une très haute opinion d’eux-mêmes et qui, généralement, ont tendance à péter plus haut que leur cul. Ce comportement détestable se fait souvent remarquer par des grimaces très particulières : menton relevé, moue dédaigneuse, dents serrées, rictus cruel, regard fielleux et sourire retors. Mussolini, pourrait-on dire, fit preuve de trumpaisance.
Trumpinage : n.m. – Tractation extrêmement douteuse, allant au-delà du magouillage habituel, visant à déstabiliser tout adversaire susceptible de porter préjudice aux intérêts mafieux du trumpineur. Ainsi, au passage, nous disons qu’en cas de trumpinage, il n’est pas sage de trumpiner un trumpineur.
Comme vous pouvez le constater, parmi cet amalgame de néologismes à prendre en considération pour l’avancement de la langue française, il y a à boire et à manger et, surtout, à digérer. La liste est inépuisable : Trumperie (fratrie peu recommandable), Trumpifuge (pompe à semer la mouise), Trumpophagie (cannibalisme politique et financier), Trumpinette (pitrerie désobligeante et fastidieuse), et d’autres encore mais, comme chacun le sait, toute bonne chose a une fin.
Avec la présentation de ces mots nouveaux je pense avoir atteint mon objectif : enrichir notre langue. Le veau qu’a bu l’air, propriétaire du château voisin de la porcherie, ne demande pas mieux.