A Pot Lid for the Sky est une exposition de Christopher Lacroix conçue en guise de riposte aux idées proposées par l’artiste conceptualiste américain John Baldessari au début des années 1970. À voir en ce moment à la Polygon Gallery de Vancouver jusqu’au 7 février.
« Par la performance, la vidéo, la photographie et les œuvres textuelles » décrit Christopher Lacroix, « mon art interroge l’effort incessant de l’existence queer, une existence qui à la fois aspire à un système normatif qui rend les manières déviantes d’être inadéquates, et le rejette. Il en résulte une incarnation étrange caractérisée par un masochisme qui explore l’autodérision abjecte comme moyen d’auto-préservation et de survie ».
Des mots à la photographie
« Ce que j’aime faire », explique Christopher Lacroix, « c’est de penser et de conceptualiser de nombreux points d’accès, d’abord par les mots, ensuite aboutissant à la photographie et à la performance. Les idées mijotent dans mon esprit pendant six mois ou un an, puis je les écris. Je commence toujours par des mots, ma réflexion est toujours centrée sur le langage, tout en me rendant compte de ses limites, puisque les mots ne projettent pas toujours le sens qu’ils veulent dire ».
En effet, pour le jeune artiste canadien, le mot écrit est un motif central de son esprit créatif.
L’oeuvre de premier plan de l’exposition est celle intitulée Diplôme effacé (Erased Degree), que l’artiste termine en 2019, et pour laquelle il a commandé près de deux mille crayons à la boutique de cadeaux du Los Angeles County Museum of Art (LACMA), tous inscrits des mots de Baldessari, I will not make any more boring art (Je ne ferai plus d’art ennuyeux). Il s’est ensuite servi de leurs gommes pour effacer son propre diplôme de maîtrise. Le gros plan photographique du parchemin montre le travail minutieux de Christopher Lacroix, qui rappelle le défi de Baldessari en 1971 lorsqu’il répète cette phrase dans une écriture cursive soignée sur la longueur d’une feuille de papier ligné qui rappelle clairement une punition à l’ancienne dans la salle de classe. À travers Erased Degree (Diplôme effacé), Christopher Lacroix contemple sa condition d’artiste en début de carrière, célébrant sa rébellion à la fois des conventions et des platitudes de l’art.
Également présentes dans l’exposition, des images de ballons en aluminium dégonflés qui rappellent les déclarations satiriques de Baldessari, et, en même temps, les ambivalences associées avec la quête constante de l’identité que Christopher Lacroix ressent de façon très puissante. Un de ces ballons dégonflés s’intitule Hold tight I have a story (I am sorry), (Tiens bon, j’ai une histoire (je suis désolé)).
« Je puise mon inspiration parfois dans les oeuvres de Suzy Lake, [une des premières artistes au Canada à avoir utilisé l’art de la performance pour explorer les thèmes du sexe et de l’identité], entre autres, et celles [du poète] Kevin McFadden, » poursuit l’artiste, « surtout en ce qui concerne l’exploration de sujets tels que l’identité, la beauté, le sexe et le vieillissement. »
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