Le documentaire Traversées est au programme du Vancouver International Mountain Film Festival (VIMFF), qui se tiendra cette année du 19 au 28 février. Tourné dans le Grand Nord québécois, le film suit trois femmes et, autour de ce trio qui ne se connaît pas, aborde les questions de la découverte et du dépassement de soi.
Florence Pelletier, coréalisatrice, partage le choix de ce territoire canadien comme lieu de tournage et ce que chacun, participantes et équipe de tournage, a appris de cette aventure, dans tous les sens du terme.
Une rivière rugissante, un dilemme auquel le groupe fait face, la beauté austère du Nunavik ; dès les premières secondes, le spectateur est plongé dans cette histoire grandeur nature. Le projet consiste en un parcours le long de la rivière Koroc à travers le parc national de Kuururjuaq pendant 70 kilomètres à pied et 90 en rafting, sur la route de chasse des Inuits.
Une découverte intrinsèque et d’une terre
Selon Florence Pelletier, la motivation derrière ce documentaire était « une envie de retour aux sources », qui va de pair avec la découverte de l’autre. C’est la raison pour laquelle l’équipe a choisi de convier trois inconnues, qui se sont vues pour la première fois à quelques heures seulement du grand départ. « C’était cette idée de rencontre de l’autre dans un contexte de dépassement physique qui nous intéressait quand nous avons mis sur pied le projet qu’est devenu le film Traversées », partage-t-elle.
C’est le premier long métrage pour l’équipe de réalisation. Cependant, Florence Pelletier explique n’avoir eu aucun problème pour le financer : « Nous avons eu la chance d’avoir des partenaires qui nous ont fait confiance ». Cela s’explique, dit-elle, par les messages véhiculés tels que le dépassement de soi ainsi que par le lieu de tournage : « un territoire québécois à l’histoire encore méconnue ».
Ce territoire, qualifié à raison de complexe et inhospitalier, aura sans doute permis tant le succès de cette épopée humaine que le résultat visuel : « Nous n’avions pas de voiture de production qui nous suivait, alors nous vivions cette expédition comme un défi au même titre que les trois femmes qui sont mises en avant dans le documentaire. Il fallait que nous soyons unis dans les décisions de production ». Elle ajoute que c’est cette contrainte qui les a amenés à repenser l’esthétique créative initialement voulue pour le film. Et cela a amené à ce que l’aventure humaine prenne ses lettres de noblesse par rapport à l’expédition en tant que telle. L’hostilité du Nunavik aura en fin de compte été un terreau fertile pour l’épanouissement des acteurs de ce projet.
Divergences et confluences
L’élément de diversité et la dimension de représentativité ont été les maîtres-mots du processus de sélection des participantes : « Nous avons eu envie d’emmener avec nous des femmes qui étaient à un moment de leur vie où elles avaient besoin d’un défi. Nous ne voulions pas des athlètes professionnelles, mais des femmes auxquelles des spectatrices adeptes de plein air pourraient s’identifier ».
En tout, ils ont reçu une centaine de candidatures suite à la sélection et leur choix s’est porté sur Dominique, Katrena et Christine, de différents âges et provenant de trois régions différentes du Québec. Katrena et Christine sont également autochtones.
À mesure que l’équipée avance et se familiarise avec le terrain et le groupe, les cœurs s’ouvrent à l’image des étendues immenses des paysages, les confessions découlent telles les rivières traversées et les blagues piquent telles les armées de moustiques présents. Pas à pas, elles apprennent à mieux se connaître en même temps que l’une l’autre : « Nous nous doutions que Christine, Dominique et Katrena vivraient l’expérience de façon très personnelle et singulière, mais notre plus grand souhait était qu’elles puissent partager leurs expériences entre elles ». C’est ce que l’on peut voir dans les scènes de cohésion, tout autant que de divergences. « Entre elles, les dynamiques ont été en mouvance pendant l’expédition, mais au final le groupe s’est solidifié assez rapidement », précise-t-elle.
« Comment expliquer l’intensité et la force du groupe ? » C’est une question que se pose Dominique dans le film à laquelle elle se répond à elle-même : nul besoin de l’expliquer. « Nous croyions en la force du groupe, et très rapidement des liens forts se sont tissés entre elles. C’était la beauté d’avoir trois femmes qui ne se connaissaient pas auparavant : elles apprenaient à se connaître dans la vulnérabilité et sans artifices », soutient
Florence Pelletier.
Souvenirs, et plus, dans les bagages
À la question de savoir ce qu’elle retire de cette expérience, la coréalisatrice ne cache pas le problème de transposer ce qu’ils ont vécu une fois de retour dans leur vie quotidienne : « C’est difficile de garder l’état d’esprit de simplicité que nous a procuré une expédition comme celle de Traversées. C’est avec le temps et une rétrospective qu’on perçoit l’impact d’une telle aventure sur notre façon d’être et d’évoluer ».
Cependant, elle rapporte ce sentiment d’accomplissement en précisant que chacun peut l’atteindre dès lors que l’on accepte d’être déstabilisé et de sortir de sa zone de confort.
Sans en dévoiler trop, elle se remémore une scène précise du film : « J’adore la scène dans laquelle Christine et Katrena pêchent ensemble. Je crois qu’on a su capter une réelle amitié et un lien fort qui s’est créé entre ces deux femmes. Leurs rires, leur bienveillance l’une pour l’autre me fait sourire à chaque fois que je la vois ».
Quant au public, elle espère qu’il lui restera deux choses : « le message de solidarité et d’ouverture sur l’autre, (et) qu’ils auront envie de découvrir ou de redécouvrir leur pays. Pas toujours besoin d’aller à l’autre bout du monde pour vivre un défi et être émerveillé ».
À l’image de la pandémie que nous connaissons, ce film, bien que tourné avant mars 2020, expose l’approche de se recentrer sur soi tout en partant à la découverte de son pays. L’invitation tient du 19 au 28 février dans le cadre du VIMFF. Réservez vos billets en ligne sur le site www.vimff.org