Il y a à peine un an, la pandémie de la COVID-19 a commencé lorsque le premier cas est survenu en Colombie-Britannique. Les restrictions au Canada se sont intensifiées à un rythme extrêmement rapide. De retour à Vancouver en février après quatre ans d’université (aux Pays-Bas et à Victoria en Colombie-Britannique), je suis retourné dans mon ancienne chambre, dans la maison de mes parents. Avec une profonde gratitude envers eux pour leur hospitalité continue, j’avais l’intention de déménager à nouveau dès que je me trouverais un emploi. Cela ne s’est pas produit. On remarquait l’omniprésence de la COVID-19 partout au Canada. Nos vies entières en ont été bouleversées et nos plans de vie se sont effondrés à mesure que ce constat devenait une réalité palpable. Mes attentes pour la vie postuniversitaire ont été remises en question mais les changements m’ont donné l’occasion d’apprécier plus que jamais la famille.
Durant une semaine, au début du mois de mars, je suis sorti manger des sushis avec un ami. La semaine suivante, les restaurants ont été fermés sous les ordres du médecin Bonnie Henry. Vancouver, la ville dans laquelle je suis né et où j’ai grandi, était devenue une ville demi-fantôme. Les stages auxquels je postulais se retrouvaient annulés, les concerts à venir ont été effacés du calendrier et les voyages sur l’île de Vancouver n’étaient plus à l’ordre du jour. On nous a dit d’être calme, gentil et d’être prudent, mais nous ne savions pas pour combien de temps. Heureusement, en Colombie-Britannique, nous n’avons jamais été obligés de rester à l’intérieur comme nos concitoyens de l’Ontario et du Québec. Cela a permis aux Vancouvérois de découvrir une ville profondément différente et a montré à quel point la COVID-19 avait changé notre petit monde.
On pouvait marcher au beau milieu de la rue Seymour, au centre de Vancouver, à 17 heures un jeudi. Avec à peine une voiture en vue, c’était aussi sûr que surréaliste de se tenir au milieu de la voie normalement fréquentée. Avec le centre-ville presque désert, tout le monde pouvait aussi bien avoir été mort de la peste de toute façon. C’était agréablement étrange de se promener dans les rues du centre-ville, auparavant animé, mais maintenant avec si peu de voitures et encore moins de piétons. Les années précédentes, ce que les experts appellent aujourd’hui la « normale », ce centre-ville vide ne pouvait être vécu que le matin de Noël pendant quelques courtes heures par an. C’était étrangement plaisant, mais étant donné l’effondrement économique cauchemardesque, le chômage et l’augmentation de la pauvreté au Canada qui se produisaient simultanément, ce n’est pas une période à trop regretter.
Je n’ai pas collecté la PCU, j’ai trouvé un travail pour approvisionner les étagères d’un supermarché à plein temps. J’ai déménagé de mon ancienne chambre au sous-sol pour réduire les risques d’infection pour ma famille. Au milieu de la pandémie, mes parents étaient calmes et en sécurité tout en étant très gentils avec moi. Ils m’ont laissé rester sans payer de loyer pendant des mois, pendant lesquels j’ai pu économiser mon salaire. Ce n’était pas ce à quoi je m’attendais, mais c’était une aubaine compte tenu de la souffrance des autres.
Avant la pandémie, je m’attendais à trouver un stage, des colocataires et à entrer dans une vraie vie d’adulte. Au lieu de cela, j’ai travaillé dans un supermarché comme quand j’étais adolescent, mais je suis reconnaissant. Dans une situation mondiale horrible, mes parents ont montré leurs valeurs familiales de la meilleure façon possible. Cela a adouci le coup des espoirs brisés que j’avais à la fin de l’université et le sens d’humilité personnelle que cela provoquait.
La COVID-19 nous a tous mis au défi et je me compte parmi les privilégiés en raison de la gentillesse de mes parents. Pour ceux comme moi qui ont eu la chance d’avoir des parents prêts à nous recevoir en tant qu’adultes, bien au-delà de ce que l’on attend de tout bon parent, nous avons l’occasion d’apprendre. Pour ceux d’entre nous qui auront la chance de devenir parents, cela ne doit jamais être oublié. Lorsque nous recevrons tous les vaccins et que la « normale » commencera à revenir, le calme et la gentillesse ne doivent surtout pas être négligés. Une manchette suggérait que décembre 2020 serait le moment où la pandémie commencerait à diminuer. On ne peut qu’espérer qu’elle se termine le plus tôt possible. Quand ce sera fini, nous devrons également rester gentils, calmes et en sécurité dans ce qui sera un monde très différent.
Traduction par Barry Brisebois