C’est une première pour les étudiants francophones de l’Université Simon Fraser et peut être même le premier en son genre en Colombie-Britannique avec le lancement l’automne prochain d’une nouvelle revue universitaire en science politique au sein du campus de Burnaby. Un périodique bilingue au titre volontairement intrigant, Gadfly.
Gadfly est une revue de science politique qui peut aussi se traduire par « la mouche du coche ». Une mouche du coche qui bouscule certaines pratiques depuis longtemps en vigueur dans le monde universitaire de la province. En effet, les étudiants de premier cycle en science politique de l’université Simon Fraser (SFU) se sont fait la réflexion qu’il était fort dommage que pour publier leurs travaux, il soit nécessaire de devoir les traduire du français à l’anglais, au risque de perdre une partie des messages qu’ils essayaient de faire passer.
C’est le cas par exemple du French Cohort Program en affaires publiques et internationales (FCP), un programme dans lequel les travaux sont rédigés en français, et l’équipe de Gadfly s’est rendu compte du besoin d’inaugurer une section française au sein du périodique en anglais pour donner à ces étudiants un relais de publication à leurs travaux. Le projet n’en est, certes, qu’à ses débuts mais il est soutenu par le Bureau des affaires francophones et francophiles (BAFF) qui a permis à ses promoteurs de promouvoir le projet auprès des étudiants. La création du périodique se fait d’ailleurs avec les conseils du professeur Jérémie Cornut (science politique) et du professeur Rémi Léger, directeur du FCP de l’université Simon Fraser. A noter que le projet Gadfly bilingue est par ailleurs toujours à la recherche de soutiens pour aller de l’avant. La rédaction française espère d’ailleurs recevoir suffisamment de manuscrits en français pour pouvoir les publier de façon annuelle.
Inclure les francophones dans le discours universitaire
Le cadre de la mise sur pied de la section française sera le même que celui de la partie anglaise : donner l’occasion aux étudiants préférant le français de participer aux débats et à la vie intellectuelle universitaire. Les auteurs seront forcément des étudiants du premier cycle et devront respecter les normes fixées par la revue en termes de méthodologie et de présentation et, bien entendu, le contenu doit porter sur le domaine des sciences politiques. Il est jugé qu’il s’agit d’une initiative unique dans l’histoire universitaire de la province. Il existe en effet des publications francophones indépendantes, ou des traductions d’articles, mais c’est la première fois qu’une revue des universités de la Colombie-Britannique propose une section française indépendante qui n’est pas une traduction littérale et surtout avec une intention de devenir un périodique. Il sera donc indispensable, de prime abord, de connaître les deux langues pour une meilleure compréhension de l’ensemble des articles de Gadfly. « Peut-être que dans les années à venir, nous aurons la capacité de traduire les documents complets, mais puisque c’est notre première année, nous essayons de rester dans le domaine du possible », explique l’équipe de la revue.
En attendant, cela n’empêchera pas la revue d’essayer de traduire l’abrégé des fiches (c’est-à-dire le résumé d’un article présentant ses titres, citations et sources dans un registre d’écriture universitaire) ce qui est une première étape vers la traduction complète dans les deux langues des travaux universitaires présentés dans les
deux sections.
Pour l’instant, aucune date n’a été fixée puisque tout dépendra du volume de manuscrits qui va être reçu. Pour que la revue atteigne le bilinguisme complet, ce serait selon Aliyah Datoo, la rédactrice en chef de la section française, qui est aussi une des étudiants à l’origine du projet, le rêve de la rédaction de la revue à l’avenir. « C’est une revue créée par les étudiants pour les étudiants », continue-t-elle. On ne peut qu’encourager de telles initiatives car le mélange des cultures, des langues et des idées est généralement fécond. Néanmoins Aliyah Datoo nous explique que les deux sections française et anglaise seront, au moins dans un premier temps, relativement indépendantes.
En outre, l’initiative a aussi pour but d’inclure, voire d’intégrer, dans Gadfly, les étudiants francophones dont la barrière de la langue aurait pu les rebuter dans une publication uniquement anglophone. Il est important pour ses créateurs que, outre son statut minoritaire en C.-B., le français trouve des espaces pour s’exprimer dans la province et permette à ses locuteurs de participer activement aux discours. Par ailleurs, certains membres de l’équipe sont des francophones et l’équipe est actuellement à la recherche d’autres membres qui maîtriseraient la langue française pour mieux étoffer ses effectifs (voir le lien en bas de page pour les personnes intéressées).
La revue sera accessible uniquement en ligne avec le premier numéro prévu pour le mois d’octobre 2021.