En 2019 (ce qui semble être il y a cinq ans), j’avais un travail qui ne reflétait pas mon expérience professionnelle. J’avais profité autant que je pouvais de mon poste et, au lieu d’apprendre quelque chose de nouveau, les leçons ont commencé à se répéter encore et encore comme si j’étais coincée dans une sorte de boucle temporelle. J’ai commencé à être irritée les matins où je devais aller au boulot, en essayant de me frayer un chemin dans un bus qui ressemblait plus à une boîte de sardines pour enfin me pointer à mon travail.
Ma santé mentale, physique et émotionnelle en prenait un coup. Quitter mon travail sans avoir un autre emploi était beaucoup trop terrifiant pour moi – lieu d’incertitude – tout en ne sachant pas combien de temps il faudrait avant que quelqu’un d’autre m’embauche… s’il m’embauchait. À cette seule pensée mon cœur s’affolait et je plongeais dans un trou d’angoisse, d’autant plus que je postulais depuis des mois et que je restais sans réponses, donc, si je n’avais pas de chance maintenant, qui sait si j’aurais de la chance après avoir quitté, alors je suis restée.
Et puis la pandémie est arrivée. En mars 2020, j’ai été obligée de faire ce que je ne pouvais pas par moi-même : quitter mon emploi. Sans date officielle de retour, j’ai été prise au dépourvu : c’était la liberté mais avec de lourdes restrictions. D’un côté, j’ai eu la pause dont j’avais désespérément besoin, de l’autre, un virus se frayait un chemin à travers le monde, laissant la dévastation sur ses traces. Avec le confinement en place, j’étais maintenant dans une boucle temporelle différente, celle où je devais bien m’examiner au quotidien. Sans travail, ne pouvant voir mes amis et quittant à peine la maison, je ne pouvais plus détourner mon attention de ce lourd poids émotif que je traînais. Alors j’ai commencé à écouter. Travailler sur moi-même n’a pas été facile – c’était comme marcher sur des rochers déchiquetés – mais je suis devenue une personne beaucoup plus heureuse et au fur et à mesure que je continue à faire le travail, le sol en dessous devient plus lisse et plus doux. Ma santé mentale, physique et émotionnelle s’est considérablement améliorée, apaisant mon esprit.
Mon cadre de vie s’est vraiment ouvert pendant la pandémie. En tant que personne immunodéprimée, je quitte rarement la maison, mais la bibliothèque locale est devenue ma deuxième maison et les livres sont mes amis. En lisant, je suis allée faire de l’auto-stop autour de la galaxie avec Arthur Dent et Ford Prefect, j’ai appris à quel point Eleanor Oliphant n’était pas si bien dans Eleanor Oliphant is Completely Fine et j’ai découvert l’une des femmes les plus importantes à avoir été oubliée par les antécédents médicaux dans The Immortal Life of Henrietta Lacks.
Ma meilleure amie m’a également amenée dans une nouvelle aventure avec elle – une aventure musicale, en me présentant le groupe BTS – si vous lisez ceci et que vous êtes ARMY, je suis désolée d’être en retard à la fête. Ce n’est pas seulement leur musique et leur flux constant de contenu en ligne incroyable qui m’ont aidée à me relever, c’est aussi de partager tout ce que j’ai appris au long de cette pandémie avec les personnes les plus proches de moi qui ont redonné joie et plaisir à ma vie.
Célébrer nos victoires, qu’il s’agisse de trouver un nouvel emploi, d’acquérir un nouveau passe-temps ou même de prendre une douche ce jour-là n’est pas une mauvaise action dont nous devrions nous sentir coupables parce que le monde est en feu : c’est une bonne chose parce que nous pourrions tous profiter de quelques victoires et de bonnes nouvelles. Surtout, à cause de cette pandémie ou grâce à elle, j’ai été poussée à affronter l’inconnu et j’ai dû apprendre à me contenter de l’incertitude, de ne pas savoir ce qui va suivre et ça, c’est une énorme victoire.
Traduction par Barry Brisebois