Plusieurs gouvernements hésitent, y compris celui de la Colombie-Britannique. À quelques jours de la rentrée scolaire en présentiel et à temps plein, le ministère provincial de l’Éducation a élaboré un protocole sanitaire qui impose le port du masque, à l’intérieur, aux élèves de la 4e à la 12e année ainsi qu’aux membres du personnel. Au-delà dudit protocole, le gouvernement est dans l’exhortation vaccinale. La pédagogie : convaincre plutôt que contraindre.
Des voix s’élèvent pourtant au Canada pour aiguillonner les décideurs politiques. « Il faut que tu sois vacciné pour venir enseigner… Ceux qui ont 12 ans et plus qui n’ont aucune raison de santé, ils doivent l’avoir pour venir travailler ou étudier », a déclaré jeudi dernier à nos confrères d’ONFR+(TFO) le président de l’Association des conseils scolaires des écoles publiques de l’Ontario (ACÉPO).
Denis Chartrand s’interroge : « On a fait la même chose avec d’autres vaccins comme la polio et la varicelle, pourquoi on ne fait pas ça ici ? » Les quatre principaux syndicats enseignants ontariens sont sur la même longueur d’onde. D’un commun accord, ils affirment au micro d’ONFR+ que : « Toutes les personnes dans une école, qu’elles y travaillent ou qu’elles y étudient, devraient être vaccinées si elles sont admissibles au vaccin et en mesure de le recevoir en
toute sécurité ».
Au Québec, un sondage publié le 27 août 2021 par La Presse révèle que 80 % des enseignants de la province sont favorables à la vaccination obligatoire pour le personnel travaillant dans le secteur de l’éducation. On apprend en outre que 96 % des enseignants québécois sont vaccinés. Selon la docteure Nimâ Machouf, épidémiologiste, « Il faut vraiment rendre la vaccination obligatoire le plus rapidement possible, étant donné qu’on veut favoriser l’école
en présentiel ».
Qu’en pensent les acteurs de l’éducation en Colombie-Britannique ?
Faut-il rendre la vaccination obligatoire pour les enseignants et les personnels d’appui en milieu scolaire ? La réponse du CSF est elliptique. « Le Conseil scolaire francophone de la Colombie-Britannique suit et continuera de suivre les recommandations de la santé publique ainsi que celles du ministère de l’Éducation », déclare la Cheffe des Affaires publiques du CSF, Pascale Cyr. « Si c’est une demande du ministère, nous allons trouver un moyen de le faire », précise-t-elle.
Pour la présidente de la Fédération des parents francophones de la Colombie-Britannique, Marie-Andrée Asselin, « c’est à chacun de faire sa propre analyse. Ce qui est important pour nous, c’est vraiment de suivre ce qui est indiqué par les autorités de la santé. Ce sont eux, dit-elle, qui ont toutes les données, ils sont les mieux placés pour voir les risques et les manières de pallier ces risques-là. Mme Asselin insiste sur le fait que la Fédération « fait confiance aux autorités de la santé pour donner des directives par rapport à la vaccination des personnels éducatifs ».
S’il n’a pas été possible d’entendre l’avis du Syndicat des enseignants francophones de la province, il apparaît néanmoins que la question de la vaccination éventuelle des enseignants de la Colombie-Britannique ne semble pas inquiéter les principaux acteurs de l’éducation.
« Je me sens tout à fait confiante d’envoyer mes enfants à l’école », souligne Marie-Andrée Asselin. Comment expliquer cette confiance consensuelle dans les autorités sanitaires locales ?
Une hypothèse semble vraisemblable : l’aura et le charisme atypique du médecin en chef de la province, Dre Bonnie Henry. Le 15 avril 2020, le diffuseur public francophone à Vancouver titrait : « Elle est au bon endroit, au bon moment ». Deux mois plus tard, le New York Times lui accordait une mention très honorable, avec les félicitations du public : « Le meilleur médecin qui a réussi le test du coronavirus ». On ne s’attaque pas à un monument pareil. La docteure a fait ses preuves.
Il convient, malgré tout, de signaler timidement, que vendredi passé, l’information ci-dessous s’est répandue dans les rédactions nord-américaines comme une traînée de poudre : « Un enseignant non vacciné transmet la Covid à 18 élèves en Californie. 12 de ses élèves ont contracté la maladie, notamment 8 de ceux qui étaient assis aux premiers rangs… Tous étaient âgés de moins de 12 ans et donc non-éligible à la vaccination…».
Certes, aucune hospitalisation n’a été requise, toutefois, certains élèves ont à leur tour transmis le virus à leurs parents. À titre d’information, il s’agit du variant Delta. Enfin, « cet enseignant n’a, à plusieurs reprises, pas porté de masque durant des lectures à sa classe ». Le vaccin aurait-il permis d’éviter ce scénario ? Chacun se fera sa
propre opinion.