Voilà c’est fait, décembre est là. Avec la venue de ce bienheureux dernier mois, arrive, pour couronner son apparition et histoire de boucler l’année, ma dernière chronique de 2022. À quelques semaines des fêtes de Noël et de l’approche du nouvel an, il est coutume de faire un bilan de l’année qui vient de s’éc(r)ouler.
Chacun dans le monde des médias se croyant obligé de passer en revue les événements marquants qui ont animé les 365 jours que nous venons d’endurer. Et chaque année je m’étonne : comment, encore une fois de plus, avons-nous réussi à passer au travers d’un pareil enfer ? Comment avons-nous survécu à ces séries de désastres, de catastrophes et autres menaces qui continuellement et quotidiennement pèsent sur nous ? Mon intention était donc de me lancer dans un récapitulatif, aussi pénible soit-il, comme l’exige la coutume. Pas question d’en déroger.
Mais cette année la situation est différente. Les circonstances ont changé la donne. Ainsi au moment d’aborder mon ultime chronique annuelle je me suis trouvé face à un dilemme auquel à priori je ne m’attendais pas : soit suivre les convenances et me concentrer purement et simplement sur l’énoncé du bilan de 2022 comme j’ai l’habitude de le faire ou alors, plus risqué, plus osé, parler du Qatar.
« Mais pourquoi le Qatar ? » me direz-vous. « Parce que le Qatar, hôte de la coupe du monde de foot 2022, se trouve actuellement au centre de l’actualité mondiale. Qatar par-ci, Qatar par-là. Du Qatar vous en avez en veux-tu en voilà par les temps qui courent. Mon choix est donc fait : je vais parler du Qatar. La revue de l’année pour une fois peut se passer de mon attention et de l’intérêt qu’elle mériterait normalement. Une fois n’est pas coutume et l’année 2022, maintenant que je la connais bien, après avoir vécu un an ensemble, ne m’en tiendra pas rigueur.
Que sait-on du Qatar ? Que c’est un pays de la péninsule arabique au Moyen-Orient, un émirat d’un peu moins de trois millions d’habitants au bord du golfe Persique; que c’est un pays riche, très riche possédant de vastes réserves de gaz naturel et de pétrole. Oui, au Qatar l’argent coule à flots et ce n’est pas encore demain la veille que cet état va déclarer faillite. L’émir du Qatar, ses trois femmes (il pourrait en avoir quatre s’il le voulait), la famille royale et les princes, qu’il faut prendre avec des pinces, vivent tellement sur l’or qu’ils se sont offert, comme on s’offre un diamant ou tout autre bijou de luxe, la coupe du monde de foot. Quand on a les moyens, on ne rechigne pas sur la marchandise.
Bien sûr, il va sans dire que pour obtenir l’organisation de ce prestigieux tournoi, il a bien fallu passer par les aléas du monde des affaires : corruption, pot-de-vin, fraude et autres rouages politiques de mauvais aloi qui, comme un sale virus, infectent toutes les grandes manifestations sportives. Ne jamais oublier, qu’avant tout, le sport n’est rien d’autre qu’une vaste aventure mercantile. En disant cela je ne me mouille pas trop, je ne fais que sortir une vérité de La Palice.
Le Qatar a peut-être cru qu’il suffisait de balancer leur pognon à gauche et à droite pour s’acheter une envieuse notoriété avec la bénédiction de la FIFA. Mais c’était sans compter sur une presse pressée de s’en prendre à ces impérieux parvenus. Le Qatar a pu s’acheter la coupe du monde 2022 mais, malgré tous les moyens qu’il possède, n’a pas réussi à colmater les brèches qui chaque jour souillent davantage sa réputation auprès de l’opinion publique. Le statut et la discrimination envers les femmes, les conditions de travail de la main-d’œuvre étrangère (des centaines d’immigrants sur les chantiers durant la construction des infrastructures en vue de la coupe du monde ont perdu la vie), la quasi inexistante liberté de la presse, la discrimination envers la communauté LGBTQ+, se voient continuellement dénoncés par les organisations non gouvernementales (ONG). Pour le pays hôte ce n’est rien de moins qu’une véritable Qatarstrophe.
Maintenant, histoire de nous changer les idées, parlons un peu de la coupe. Une fois encore le Canada s’est fait éliminer avant même la fin des phases préliminaires. Cette fois, toutefois, grâce à Alphonso Davies, le jeune prodige d’Edmonton, le Canada a finalement marqué un but, ce qui ne lui était jamais arrivé auparavant. On se console comme on peut. Battu, déçu certes mais pas blanchi, ni déconfit. L’équipe est jeune et reviendra. Le talent est là. Le Canada avec un peu de persévérance au prochain tournoi, prévu dans quatre ans, qu’il coorganise avec les États-Unis et le Mexique, sera présent et peut y croire.
Sur ce message d’espoir, joyeux Noël et bonne et heureuse année.