Qui va là ? C’est ce que la photographe québécoise Geneviève Marois-Lefebvre propose de découvrir dans son exposition The Surveillance of the Quiet (La surveillance du tranquille).
La photographie artistique est un moyen d’écrire, de raconter, une histoire encore de parler, de traduire les sentiments. Véritable discipline artistique, les arts visuels sont un domaine créatif toujours en avance sur leur temps et se caractérisent par un désir constant de réinvention par le biais de l’image de création ou dans un dessein de production.
Des frontières surveillées
La photographie d’art cherche à transmettre un message, une émotion, un sentiment. Et c’est justement ce que propose la photographe Geneviève Marois-Lefebvre dans son parcours artistique. Son art est centré sur l’image de la subjectivité dans l’expérience du réel et les rapports humains dans la construction de l’identité et de la mémoire. Intéressée à la subjectivité dans l’expérience du réel ainsi qu’au rôle du récit et des images dans les rapports humains, elle se penche tout particulièrement sur les zones de rencontre entre le réel et l’imaginaire.
Suivant cette trajectoire, elle réalise, en 2021, un projet intitulé The Surveillance of the Quiet (La surveillance du tranquille) en relation aux notions de surveillance accrue des frontières, avec des patrouilles terrestres et aériennes, à l’aide de drones et de plusieurs caméras des surveillances liées à la problématique migratoire. Une surveillance qui, au bout du compte, semble ramasser une grande quantité de fausses alertes et un grand nombre d’images non-événementielles rapportant très peu d’activités illicites. La photographe ajoute que cette situation fait partie désormais de la vie quotidienne des habitants de sa ville
« Promenons-nous dans les bois »
Inspirée par cette pratique, l’artiste décide à son tour d’enregistrer visuellement ce qui se passe dans les zones naturelles qui entourent son village.
« [C’est une] série de huit photographies numériques et de deux vidéos s’intéressant à la question des frontières captée par des caméras de chasse lo-fi positionnées sur une terre privée tout près de la frontière entre le Canada et les États-Unis. Ces images mettent en scène les animaux sauvages qui évoluent librement à l’intérieur de ces frontières humaines tout en évoquant le brouillage des frontières entre le réel et la fiction; le tangible et le fantastique », précise Geneviève Marois-Lefebvre, qui détient une maîtrise en arts visuels et médiatiques de l’Université du Québec à Montréal.
La photographe, qui réside actuellement près de la frontière américaine du Vermont, a plusieurs fois modifié l’emplacement de ses nombreuses caméras dans les zones sauvages comme les forêts, les champs et les montagnes pour réaliser son œuvre.
Lors de ses sorties dans les bois, Geneviève Marois-Lefebvre s’applique aussi à une autre tâche : la cueillette de débris que laissent derrière eux les humains. Ces objets serviront à réaliser son prochain projet, soit une série de photogrammes, ces traces lumineuses laissées sur du papier photosensible. Elle compte les faire dialoguer avec les photos de surveillance, en abordant « la question de la trace comme instigatrice de récit et le rôle du point de vue dans la perception de l’altérité ».
Ses projets, The Surveillance of the Quiet (Surveillance du tranquille) ainsi que Les Événements (2015) ont été soutenus par le Conseil des arts et lettres du Québec et ont été présentés à plusieurs reprises lors de résidences, d’expositions et de projections publiques au Canada, en France, en Écosse, aux États-Unis et en Espagne.
L’exposition de Geneviève Marois-Lefebvre est présentée jusqu’au 27 janvier à la galerie Gachet.
Pour plus d’information, visiter : www.gachet.org et www.genevièvemaroislefebvre.com