C’est à tâtons, c’est-à-dire avec beaucoup d’hésitation, que j’ai accueilli 2023, la nouvelle année qui sans prétention fit son apparition le 1er janvier alors que 2022 venait de tirer sa révérence.
Pour tout vous dire, 2023, en soi, ne m’inspire pas. Aussi inexplicable que cela puisse paraître, j’avoue avoir un préjugé contre les chiffres impairs. Je les trouve bancals, un peu comme une chaise ou une table à laquelle il manque un pied. Ils m’ont l’air louche. Mais voilà, comme mon père, qui m’avait placé au pair, aimait me le répéter : « Que tu aimes ou non, tu dois faire avec ».
La véritable question, toutefois, que je me pose est celle-ci : combien d’impairs seront commis par nos politiciens, nos artistes ou autres sommités en cette année impaire ? Mes prédictions, à cet effet, risquent de vous surprendre. J’espère ne pas commettre d’impair en vous les dévoilant.
À tout seigneur tout honneur : Justin Trudeau, notre premier ministre qui, de manière régulière, contrairement à son père, sans coup férir, va d’impairs en impairs pour le plus grand plaisir des journalistes aux aguets de ses moindres faux pas. Ainsi je ne serais pas surpris de l’entendre chanter God save the Queen en accueillant le roi Charles III si jamais celui-ci devait officiellement nous rendre visite au cours de cette année impaire. L’ancien prince (pas du tout charmant) pourrait à son tour faire preuve de manque de tact en entonnant « Gens du pays c’est votre tour de vous laisser parler d’amour », le quasi hymne national québécois familiarisé par Gilles Vigneault. Face à ces impairs, je n’aurais qu’une envie : me faire la paire.
Dans le monde des sports, il est fort probable que le comité olympique des sports d’hiver, en mémoire à Pierre de Coubertin dont, le 1er janvier, on a célébré le 160è anniversaire de naissance, choisisse d’octroyer au Qatar les Jeux Olympiques d’hiver de 2030. Après tout, le comité n’est plus à un impair près. Échanger de la neige pour du gaz naturel ne devrait pas représenter un obstacle insurmontable. Et puis, en matière de corruption, pourquoi ne pas tenter le tout pour le tout, doivent se dire les émirs en délire suite à la coupe du monde de foot du Qatar. Petit rappel : les Jeux se tiennent les années paires, les coupes du monde de football de même. Comme quoi, les chiffres impairs n’ont vraiment pas la cote.
À moins d’avoir vécu sur une autre planète, toute personne branchée a entendu parler des impairs commis par Kanye West en 2022. L’ancien époux de Kim Kardashian a choisi de se faire appeler Ye depuis octobre 2021. Son apologie d’Hitler, ses remarques antisémites, son affiliation avec Donald Trump et quelques suprémacistes blancs n’ont pas manqué de défrayer les manchettes au cours de l’année passée. Sans Kan, Ye s’aventure sur des chemins semés d’embûches qu’il est préférable de ne pas emprunter. Toujours selon mes prédictions, et à l’allure où il se mélange les pinceaux, je verrais très bien le rappeur, au cours d’une virée en Virginie, déclarer qu’il désirerait joindre les rangs du Ku Klux Klan afin de prôner les mérites de l’esclavagisme. Non content de cette position, il pourrait pousser l’outrage à établir son quartier général, à l’invitation du 45e président des États-Unis, dans les locaux de Mar-a-Lago en Floride. Une visite en ces lieux de Benjamin Netanyahou, le récemment nommé nouveau premier ministre israélien, n’est pas à exclure. En tant qu’impair est-il possible de faire pire ?
Toujours au chapitre des impairs à prévoir en cette année, impossible d’ignorer Elon Musk. Il va sans dire que ce célèbre milliardaire en perte de vitesse et de fortune, qui s’arrange toujours pour se faire détester, tentera, maladroitement, du tac au tac d’acquérir TikTok, la compagnie chinoise d’application mobile. Devant le refus des actionnaires, Musk ira se recharger les batteries en jouant à tic-tac-toe avec Mark Zuckerberg (le « META » pas très physicien), tout en sachant que le courant passe très mal entre eux. Un usager, par ailleurs, en mal de médisance s’est permis d’écrire ces gazouillis sur le site de Twitter : « L’argent ne fait pas le bonheur mais il permet au patron de SpaceX de s’envoyer en l’air », faisant ainsi allusion à l’entreprise spécialisée dans le domaine du vol spatial et non à la vie sexuelle de celui qui, si la tendance se poursuit, bientôt deviendra un ancien milliardaire.
Note : soucieux de ne pas commettre d’impair, l’auteur de cette chronique tient à souligner que toutes ces prédictions n’engagent que lui. Toute concrétisation de ces prévisions serait le pur fruit du hasard.