La 19e édition du festival artistique international aura lieu du 19 janvier au 5 février tout autour de Vancouver et en région. Coup de projecteur sur deux spectacles francophones de la programmation.
Le PuSh Festival est l’occasion pour tous les amateurs des arts de la scène de découvrir des artistes locaux, canadiens et étrangers issus du monde de l’art contemporain lors de représentations et discussions.
Tom Arthur Davis, directeur de la programmation du PuSh Festival, confie son engouement concernant la programmation francophone du festival : « Nous avons des artistes qui viennent du Québec mais aussi de la France et d’autres pays francophones. Nous avons déjà eu des partenariats avec le théâtre La Seizième. Nous essayons de rendre la présence francophone prioritaire dans notre programmation. »
Une programmation
L’Hexagone sera représenté par Never Twenty One de Smaïl Kanouté, un hommage aux jeunes hommes noirs qui n’atteindront jamais 21 ans, victimes de la violence armée à New York, Rio de Janeiro et Johannesbourg ainsi que la compagnie 7bis de Juan Ignacio Tula, accompagné de Marica Marinoni pour le spectacle Lontano + Instante, une performance acrobatique autour d’un concept de Cyr wheel : un être humain plus un grand anneau d’aluminium.
L’Est canadien ne sera pas en reste avec Manual, une expérience interactive d’Adam Kinner et de Christopher Willes en partenariat avec la Bibliothèque publique de Vancouver. Ce parcours transforme une bibliothèque publique en un espace de rencontre sensorielle et d’éveil de la conscience. Après une rencontre avec un guide, les participants seront guidés en silence à travers une série d’actions et d’interactions, en suivant des notes écrites et un son immersif dans des écouteurs.
Ce sera une première participation au PuSh Festival pour deux artistes de l’Est canadien, Emilie Monnet et Alan Lake.
Le voyage onirique et identitaire d’Okinum
La compagnie Onishka d’Emilie Monnet propose un plongeon dans la réflexion sur les barrages intérieurs avec le spectacle Okinum. « Le texte parle d’un rêve récurrent que j’ai eu à propos d’un castor géant et j’essaie de déchiffrer les paroles de ce dernier. En m’interrogeant sur ce rêve, ça m’amène à regarder mon histoire familiale. C’est un travail de réflexion sur le legs familial. Okinum veut dire « barrage ». C’est un barrage de questions », explique l’artiste pluridisciplinaire anishinaabe par sa mère.
Après un diagnostic de cancer de la gorge, Emilie Monnet a trouvé en Okinum la métaphore du barrage et des paroles enfouies tout en explorant la place des femmes et l’identité.
Pour sa première pièce de théâtre en tant qu’interprète et co-autrice, Emilie Monnet a créé un spectacle trilingue (anishinaabemowin, français et anglais) à dimension documentaire. « On dit que c’est un solo mais il y a quelqu’un qui génère tous les sons en direct avec moi. C’est vraiment un dialogue, une danse sonore entre elle et moi. Il y a une dimension documentaire parce que j’ai enregistré des sons de mon environnement. C’est une fenêtre sur l’apprentissage des langues autochtones, la langue de mon grand-père », explique l’artiste qui a hâte de voir la réponse du public francophone de l’Ouest à son spectacle.
La pyramide humaine mouvante du Cri des méduses
Originaire du Québec, Alan Lake vient du milieu des arts visuels et du cinéma et puis, il a rencontré la danse. Il a fondé sa compagnie pluridisciplinaire Factori(e) en 2007. Il tient toujours à souligner qu’il est entouré de collaborateurs qui l’aident à agencer et faire vivre ces trois disciplines.
C’est une première participation au PuSh Festival mais aussi une première visite vancouvéroise pour l’artiste.
« Quand j’avais 17 ans, j’ai traversé le Canada pour aller à Vancouver. Ça faisait plusieurs années que je voulais que la compagnie vienne à Vancouver. Je suis très content de pouvoir enfin réaliser ce souhait », explique Alan Lake.
Inspirée par le célèbre tableau de Théodore Géricault, Le Radeau de la Méduse, cette œuvre qui fait partie de son cycle sur la vie date de 2018. « On est parti de la réelle histoire de la frégate échouée fin 19e. On voit ces humains habillés, parfois pas, ou avec des habits déchirés, une pyramide humaine de ces individus qui essaient de s’aider et finit par s’écrouler. Ce qui est bizarre, c’est que cette œuvre a été créée il y a quatre ans et il y a eu la pandémie, j’ai vu beaucoup de photos de boat people et Le Radeau de la Méduse est donc très actuel », relate le chorégraphe.
Mettre en scène neuf danseurs n’est pas chose aisée. « Il y a une richesse, à neuf danseurs, dans cette communauté qui essaie de s’entraider. On fait des recherches de pyramides humaines qui se font et se défont », explique Alan Lake.
Si ce spectacle est une recherche du mouvement pur, il est aussi un théâtre d’image pour le chorégraphe. « C’est un théâtre qui ne parle pas mais le décor est un mobilier qui bouge et il y a cette relation au théâtre d’image. Il est plus cinématographique comme approche au niveau du montage dramatique », ajoute l’artiste.
Okinum sera le 2 et 3 février au Anvil Theatre et le 2 et 5 février en ligne. Une discussion avec l’artiste sera proposée après la représentation du 2 février.
Le Cri des méduses sera au Vancouver Playhouse les 27 et 28 janvier à 19 h 30 et les 27 et 30 en ligne. Une discussion avec l’artiste sera organisée le 27 janvier après la représentation. Pour plus d’information visiter : www.pushfestival.ca