Alors que le printemps est là et que le mois d’avril tire à sa fin, je constate, non sans chagrin ni gaieté de cœur, le triste état dans lequel le monde se trouve. Partout où vous pointez le nez, ça sent le roussi. C’est à se demander comment la terre s’arrange pour continuer à tourner sur elle-même sans être complètement déboussolée, quitte à questionner sa raison d’être. À sa place, moi qui ne tiens pas en place, j’aurais depuis longtemps piqué une crise de nerfs. Oui, n’ayons pas peur des maux, nous allons de crise en crise.
Vous devez vous dire, à juste titre je dois l’admettre : « Encore une fois le Castor castré, cet oiseau de malheur, vient jouer les trouble-fêtes ». Désolé de venir ainsi gâcher votre tranquillité alors que vous êtes en train de siroter votre breuvage favori sans vous faire de soucis pendant que le monde, lentement mais sûrement, prend l’eau et vire de bord. D’abord sachez que le castor n’est pas un oiseau mais un rongeur qui se ronge les ongles car il se fait du mauvais sang en constatant les brèches apparentes d’un bateau ivre à la dérive.
Lorsque je parle de crise je ne pense pas à toutes ces crises qui nous assaillent mentalement ou physiquement comme la jalousie, l’appendicite ou l’apoplexie. Oublions aussi la crise de la pandémie provoquée par le coronavirus, crise qui, sans disparaître, ne semble plus causer autant d’émoi ces derniers mois. Non, ici il est plutôt question, sous diverses formes, de crises existentielles auxquelles un grand nombre de nations se trouvent confrontées.
Le Canada, il va sans dire, n’est pas épargné. Nous souffrons chez nous d’une sévère crise de confiance ces derniers temps; nous nous méfions de tout et de tout le monde. La confiance autrefois accordée à la Gendarmerie royale canadienne (GRC) aujourd’hui, après plusieurs notables bavures, ne règne quasiment plus. Chat échaudé craint l’eau froide croit-on savoir ou autre dicton de mon cru qui n’a rien à voir avec le précédent : un flic épinglé en cache toujours un autre.
Et que penser de la fondation Pierre Elliot Trudeau, organisme soi-disant indépendant et sans affiliation politique, à qui il est reproché d’avoir reçu des dons d’origine chinoise dans le but d’influencer le processus électoral ? Ce n’est pas gentil, ça, de vouloir semer la zizanie chez nous, Monsieur Xi. Vous allez me faire attraper une crise de foi. En effet : « Il y a quelque chose qui cloche », m’a fait savoir un fervent fidèle revenu de Rome depuis Pâques.
Et ce n’est pas tout. Dois-je mentionner la crise du logement et celle des problèmes de drogue et de surdose dans les grandes et petites villes canadiennes ? On n’en sort plus. Quand on voit les prix élevés des marchandises dans les magasins, bien que j’hésite à le faire puisque je ne suis pas économe pour un sou, nous pouvons sans hésitation parler de crise économique. À l’allure où ça va, on ne paie rien pour apprendre.
À l’étranger, ce n’est guère plus reluisant. Les démocraties, je ne vous apprends rien, sont en crise. Regarder Israël où la population manifeste quotidiennement contre son gouvernement auteur de propositions anti-démocratiques. Benyamin Netanyahou, en ne respectant pas le 11e commandement qui dit : tu ne prendras pas le peuple élu de Dieu pour des canards sauvages, ou encore le 12e qui lui non plus n’y va pas de main morte en spécifiant : tu ne pactiseras pas avec le diable pour reprendre le pouvoir, démontre jusqu’à quel point son ego est en crise. Son état est dans tous ses états.
En France, Macron éprouve d’énormes difficultés à gérer et à maltraiter la crise de la retraite. Les opposants à son régime, syndicats et autres corps de métiers, ne sont pas prêts à battre en retraite. Macron se donne 100 jours pour retourner la situation. Macron, Napoléon, même combat. Même destinée ? À quand l’exil ?
Aux USA, ce n’est un secret pour personne, crise d’insécurité sur la sécurité. Alerte : un jeune militaire américain de la garde nationale aérienne a été inculpé pour la fuite de documents confidentiels qui touchent entre autres la guerre en Ukraine. Je ne cesse de le répéter : il n’y a plus de jeunesse.
Et ce n’est pas tout : soudainement au Soudan, deux généraux peu généreux se crêpent le képi afin de déterminer lequel aura le droit de faire le plus de mal possible au pays. En attendant que l’un écrase l’autre, on compte les morts comme si de rien n’était. La démocratie là-bas ce n’est pas encore pour demain la veille.
Crise, mon thème, quand tu nous tiens tel une sangsue tu ne nous lâches plus. Maintenant, chantez avec moi (j’insiste) sur l’air de J’arrive de Jacques Brel : De crise en thème en crise en thème etc…j’arrive.