« Être humain, c’est se pencher vers les questions d’identité et, à partir de là, de culture », s’exclame l’artiste canadien d’origine philippine Ralph Escamillan.
Statistique Canada estime aujourd’hui que les immigrants représentent la plus grande part de la population canadienne depuis plus de 150 ans : un nouveau signal d’une identité nationale de plus en plus diversifiée. Aujourd’hui, beaucoup de Canadiens éprouvent le désir d’explorer leurs origines et trouver un équilibre dans le mélange de cultures qui les représentent.
Dans le cas de Ralph Escamillan, c’est par la danse qu’il mène cette exploration, tout en encourageant les autres à faire de même. Ralph Escamillan est un artiste de performance, un éducateur et un dirigeant communautaire queer, né au Canada et d’origine philippine.
« Je suis fasciné par nos passés, tous nos passés, en tant que moteurs pour nous propulser vers l’avenir – c’est un privilège de pouvoir rêver de l’avenir. C’est l’un des outils les plus puissants dont nous disposons en tant qu’artistes pour partager avec le monde », explique-t-il.
Ce printemps, Ralph Escamillan et son équipe se préparent pour leur prochain spectacle, PIÑA à Vancouver. Cette performance de danse contemporaine aura lieu au Goldcorp Centre for the Arts de l’université Simon Fraser ( SFU) du 4 au 6 mai. Selon leur site, le projet explore les constructions de l’identité diasporique et la façon dont le corps est porteur d’histoire et d’ascendance.
La danse, une expression propre à l’identité
Piña est le tissu philippin traditionnel fabriqué à partir de feuilles d’ananas qui a inspiré le projet, et en fait partie. « Ce textile à la fois délicat et résistant reflète la fragilité et la force des peuples diasporiques contemporains, » peut-on lire sur leur site.
Selon Ralph Escamillan, la danse a toujours fait partie de son identité grâce à ses origines. Malgré cela, ce n’est pas avant l’âge de 14 ans qu’il s’est lancé dans sa première formation. Le danseur a débuté en danse avec le Breakdance, avant d’explorer le Hip Hop, Popping, House, Waacking, Locking et plus tard le Vogue, danse de salon, ballet, danse moderne et en jazz. Sa vaste expérience lui a permis de travailler avec plusieurs chorégraphes et artistes, notamment Luther Brown, Kenny Ortega, Zendaya Coleman, et même Janet Jackson.
Un rêve devenu réalité
En 2015, Ralph Escamillan reçoit son diplôme de l’école de danse, Modus Operandi – et c’est justement cette formation qui l’a inspiré à se servir de la danse pour aborder les sujets qui le passionnaient.
« J’ai toujours voulu créer ma propre œuvre depuis mon plus jeune âge, et je pense que c’est l’une des caractéristiques qui a fait de moi un interprète attirant… pour les entreprises pour lesquelles j’ai travaillé. Lorsque j’ai eu l’occasion de commencer à créer des œuvres, je l’ai saisie, et nous en sommes là aujourd’hui », explique-t-il.
Au sujet du nom FAKEKNOT, Ralph Escamillan explique : « Je pense que ma vie a été en grande partie consacrée à faking it pour avancer dans le monde. Le mot KNOT (nœuds) vient de ma fascination pour les vêtements/textiles, comme les fibres qui composent un tissu – mais il peut aussi se rapporter aux “noeuds” que nous formons avec les gens, c’est à dire, les relations pleines de tension et d’action, ainsi qu’aux nœuds, au sens biologique, qui construisent l’ADN », ajoute-t-il.
Aujourd’hui, le danseur se concentre sur sa propre organisation, Fakeknot, décrite comme étant « une entité pour les spectacles collaboratifs qui jouent avec les complexités de l’identité et de la culture par le biais des costumes, du son, de la technologie et du mouvement ». Depuis 2017, Fakeknot a mis en scène plus d’une douzaine de spectacles à travers le pays.
Ralph Escamillan espère que Piña offrira une occasion pour les spectateurs de découvrir le passé des Philippines, notamment leur cuisine et leurs modes vestimentaires.
Et pour les spectateurs philippins, l’artiste souhaite qu’ils « y trouvent l’occasion de se rappeler de tout ce qui relie les gens entre eux, au lieu de souligner leurs différences [identitaires] ».
Pour plus d’informations visiter : www.thedancecentre.ca