Lumière sur les chauves-souris vancouvéroises

Les chauves-souris sont présentes en zone urbaine, et il est tout à fait possible de les observer en ville si on fait preuve de patience et d’un sens de l’observation qui défie la noirceur de la nuit. Les chauves-souris et l’humain entretiennent une bonne distance et c’est certainement ce qui a permis une cohabitation plutôt tranquille au sein de la mégalopole vancouvéroise.

Cet équilibre est toutefois fragile, et le WildLife Act entend le sauvegarder en protégeant les 15 espèces représentées en Colombie-Britannique. À juste titre car beaucoup de ces colonies sont en risque « d’extinction », ou en « grand-danger ». Il a d’ailleurs été détecté au début du mois d’avril, et pour la première fois dans les colonies locales, un syndrome mortel appelé White-Nose. Si bien que des chercheurs de l’Université de la Colombie-Britannique (UBC) se mobilisent pour réhabiliter l’image des chauves-souris et assurer leur pérennité sur le territoire de la Colombie-Britannique.

Des scientifiques à la rescousse

La présence en Colombie-Britannique de certaines espèces de chauves-souris est plus que jamais menacée, et deux scientifiques seront sur le pont cet été afin de réhabiliter ces chiroptères.

Myotis lucifugus, petite chauve-souris brune photographiée à Squamish. | Photo par Jason Headley

Le professeur Matthew Mitchell assisté par Aaron Aguirre, exerçant en tant que chercheurs au sein de UBC, et de l’UBC Farm-Centre for Sustainable Food Systems, vont consacrer la période estivale à étudier les sept espèces présentes dans le Grand Vancouver.

L’essentiel de leurs travaux consistera à collecter un maximum de données en procédant à des enregistrements, des observations et des prélèvements, mesures qui seront répertoriées et comparées au gré des différentes campagnes.

« Ces méthodes sont toutes non invasives et ne causeront aucun mal aux spécimens prélevés », souligne Matthew Mitchell .

Elles ont pour but de mieux comprendre leur fonctionnement et leur évolution. Cette étude est particulièrement critique, car elle permettra à la communauté scientifique de mieux évaluer l’étendue du syndrome White-Nose au sein des colonies, un parasite importé d’Europe, qui dévaste les populations en Amérique, et qui semble avoir atteint récemment celles de la C.-B.

Selon le professeur Mitchell, ce champignon provoque la mort de son hôte dans 90/95 pour cent des cas. Il pourrait donc menacer d’extinction certaines espèces déjà fragilisées par leur difficulté à trouver un habitat adapté dans les zones urbanisées.

Les chercheurs sont donc engagés dans une véritable course contre la montre pour documenter
l’évolution du syndrome.

« Notre équipe de chercheurs insiste sur la nécessité de mener une campagne de sensibilisation de la population sur la menace qui pèse sur nos colonies de chauves-souris. Une prise de conscience des nombreuses interactions bénéfiques des chauves-souris dans notre écosystème leur permettrait certainement de disposer des moyens nécessaires pour élaborer des stratégies visant à assurer leur survie (élaborer des traitements, promouvoir des normes de construction respectueuses de leur habitat…etc) », explique le professeur.

Apprendre à les connaître

La chauve-souris contribue notablement à l’équilibre de la biodiversité dans la région, souligne Matthew Mitchell, et les voir disparaître du paysage affecterait l’écosystème de la région et perturberait irrémédiablement les équilibres en place.

En apprenant à mieux les connaître, en démystifiant leur côté obscur, les chercheurs s’attachent à prôner une coexistence harmonieuse de toutes les espèces vivantes qui partagent un même habitat. Dans cet effort de démocratiser son savoir sur les chauves-souris, et sensibiliser les Vancouvérois à la nécessité de les protéger, des « Batwalks » seront organisés cet été, et les informations seront disponibles sur le site de l’UBC Farm.

Les mythes entourant la chauve-souris nourrissent beaucoup notre imaginaire, et surtout des craintes, pour la plupart, infondées. Son mode de vie nocturne et les quelques spécimens suceurs de sang (la très faible minorité, et rassurez-vous, toutes les espèces présentes sur le territoire canadien sont insectivores) participent à cette réputation de petit être maléfique. Cette défiance est partagée par le mammifère volant qui apprécie l’obscurité et ne nourrit pas de curiosité à l’égard de son voisin l’humain.

Pour en savoir plus visiter :
https://ubcfarm.ubc.ca
https://news.ubc.ca/2023/05/08/bats-in-vancouver-ubc-researchers-to-study-secret-city-nightlife