L’été pousse à profiter des loisirs de plein air et la culture n’est pas en reste. Loin d’être cantonnée à un espace fermé, la culture vibre à travers les musées, parfois hâvres de fraîcheur lors des canicules…
Markus Fahrner, responsable des expositions à la Mackin House, à Coquitlam Heritage, et Melissa Karmen Lee du Chinese Canadian Museum présentent leur programmation estivale respective et reviennent sur les bénéfices de ces sorties culturelles.
« Les musées seront toujours des éléments cruciaux dépositaires de la culture, apportant des histoires et des éléments sur l’identité. Ils permettent la réflexion sur l’histoire mais aussi l’identité. Pour nous, c’est aussi un endroit important pour réfléchir sur ce que c’est d’être canadien et d’être Canadien d’ascendance chinoise. Ils sont pertinents de cette manière. Ce sont des endroits où nous faisons l’expérience de la culture. Enfin, c’est un lieu d’apprentissage », explique Melissa Karmen Lee, directrice générale du Chinese Canadian Museum.
Le musée va réouvrir le 1er juillet après une rénovation de ses locaux situés dans l’immeuble historique Wing Sang. Pour la directrice générale du Chinese Canadian Museum, cette date est hautement symbolique. « Ce sera la commémoration des cent ans du Chinese Immigration Act, aussi connu sous le nom du Chinese Exclusion Act », explique-t-elle.
Le public aura l’occasion de découvrir trois expositions. Le premier parcours, The Paper Trail to the 1923 Chinese Exclusion Act sur l’exclusion des Chinois en 1923, conçu par Catherine Clément, propose une documentation historique liée à cette loi. Odyssey and Migration revient sur l’histoire de la migration chinoise de 1788 à aujourd’hui. La troisième exposition est la reconstitution historique d’une salle d’époque, l’une des plus anciennes de Vancouver, installée en 1901 selon Melissa Karmen Lee. Elle présentera une reconstitution des années 1930.
Les visiteurs pourront aussi découvrir une fresque murale de l’artiste Musqueam Susan Point et de son fils, Thomas Cannell, sur les liens unissant les peuples autochtones et les premiers travailleurs chinois de l’histoire canadienne.
Le musée à la rencontre du public
Comme tous les ans, la Mackin House propose une programmation d’été et, cette année, Natural Heritage est consacrée à la nature. « L’idée est que tout est patrimoine : les abeilles, les oiseaux… Ça va plus loin. C’est notre responsabilité, en tant que musée car nous ne sommes pas coupés du monde, ni de la nature et du changement climatique », affirme Markus Fahrner, qui évoque également les jardins autochtones avec le programme Fresh Roots et un jardin de roses plus traditionnel.
Pour le responsable des expositions de la Mackin House, le public a parfois une définition du patrimoine un peu erronée en pensant qu’il ne s’agit que d’une vieille chaise de l’époque victorienne. « C’est tout, tout ce qui nous entoure. La définition même du patrimoine peut être compliquée, on pense qu’elle n’est donnée que par une vieil homme blanc comme moi. Les choses doivent changer bien sûr pour avoir plus de diversité », souligne-t-il.
Pour Melissa Karmen Lee, la culture doit rayonner depuis un quartier qui a souffert de stigmatisation. « Nous avons hâte de voir nos premiers visiteurs et d’apporter notre contribution à la revitalisation de Chinatown de Vancouver. Nous espérons que ce quartier pourra renaître et devenir une destination culturelle », affirme-t-elle.
Markus Fahrner chante les louanges de la pro-activité. « Nous n’attendons pas nos visiteurs. Nous allons dans la communauté. J’ai fait de l’écriture de récits de voyage. J’ai rencontré des femmes asiatiques grâce à un groupe d’écriture. C’est le défi d’aujourd’hui, nous devons aller en dehors des murs. Avant, nous étions assis là et dispensions ce qu’est la culture. Maintenant, nous écoutons ce que la communauté a à dire et sommes à l’écoute de toutes les cultures présentes. Nous devons les amener au musée. Sortir est proposer un service culturel mais aussi se faire écho des voix de la communauté et les amplifier », explique-t-il, ajoutant que le musée aura un stand sur le prochain Teddy Bear Festival, pour que la population voie ce qui est proposé dans l’institution.
Les défis des musées
Sourire au coin des lèvres, Markus Fahrner affirme que si le climat ou un match des Canucks peuvent affecter la fréquentation, la fluctuation reste moindre. « Les problèmes d’accès sont plutôt liés au fait que les gens soient au courant que nous sommes là, qu’ils découvrent qu’il y a cette exposition juste à côté de chez eux. En réalité, les gens viennent à nous quand il fait très chaud car nous leur promettons un espace frais »,
explique-t-il.
Pour un musée sur donation, il n’y a pas vraiment de frein économique pour Markus Fahrner: « Tout le monde a un accès égal aux magnifiques expositions et peut participer. Nous avons des matinées avec des activités manuelles, un club littéraire : tout cela est gratuit. Beaucoup de nos évènements sont gratuits. La moitié de nos financements viennent de la ville et le reste, des subventions. Bien sûr, la récession n’est pas une bonne nouvelle. Elle peut nous affecter lorsque nous réfléchissons à avoir assez de papier pour les ateliers manuels pour enfants mais ce n’est pas quelque chose que les visiteurs vont ressentir ou noter »
Il déplore cependant un espace trop petit et qui gagnerait à s’établir dans un bâtiment plus moderne pour accueillir plus d’activités.
À noter que le Chinese Canadian Museum est également gratuit et ouvert à tous.
Pour plus d’informations sur Coquitlam Heritage : www.coquitlamheritage.ca
Pour plus d’informations sur le Chinese Canadian Museum : www.chinesecanadianmuseum.ca