Un débat sur les enjeux culturels lors de la course à la mairie de Toronto a eu des échos jusqu’à Vancouver. En effet, plusieurs enjeux soulevés par les organismes culturels de la Ville-Reine ressemblent beaucoup au défi auquel fait face Vancouver, selon la BC Alliance for the Arts + Culture, qui regroupe 430 organismes culturels de la Colombie-Britannique.
Marc Béliveau
IJL – Réseau.Presse – Journal La Source
La directrice générale de l’organisme britanno-colombien, Mme Rainbow Robert, estime qu’il est primordial de promouvoir le rôle et l’importance de la culture en période électorale, aux trois paliers de gouvernement, pour sa richesse, sa vitalité et son apport économique, en lien avec l’offre de l’industrie touristique.
Trois enjeux culturels majeurs
À Toronto, trois grands enjeux culturels ont émergé des discussions, à savoir l’accès à des logements abordables pour les espaces culturels, les artistes et les travailleurs des arts, l’effet de la COVID et le lent retour des audiences en salle, et les politiques de financement public des arts et de la culture.
En Colombie-Britannique, ces questions sont cruciales. Selon Mme Rainbow Robert, de nombreux artistes de Vancouver risquent d’abandonner leur métier à cause de raisons financières, incapables de faire face à la cherté du logement et à la hausse du coût de la vie. Il en est de même pour l’avenir de plusieurs événements culturels dont les coûts de production ont augmenté de 30 pour cent.
Elle souligne que la période COVID a eu ses effets et que la reprise des activités culturelles avec public inquiète encore plusieurs producteurs et organisateurs. Dans les régions éloignées, la situation est plus inquiétante car les organismes culturels peinent à survivre malgré la présence de gens talentueux.
L’ingéniosité du milieu culturel
Selon la directrice générale de l’organisme, Mme Robert, il faudrait miser davantage sur la créativité et l’ingéniosité qui animent plusieurs structures artistiques. Collectivement et individuellement, chacun tente de réinventer ses façons de faire et en offrant également des spectacles dans de nouveaux espaces culturels. En ce qui concerne la crise du logement, il existe déjà des solutions prometteuses mises de l’avant.
Elle cite les exemples du 221A et du C-Space du Progress Lab 1422, une organisation qui a créé des formules innovantes pour faciliter l’accès à l’espace de production et au logement pour les artistes, en plus de l’espace administratif et les salles de répétition pour les organisations à la recherche de nouveaux modèles d’espaces culturels. Il y a l’émergence de nouvelles stratégies et le partage entre les organisations culturelles.
Les coûts augmentent, mais les budgets ne suivent pas
À la fin mai, le comité des finances de la Colombie-Britannique a tenu des audiences en préparation du budget de 2024. La BC Alliance for Arts + Culture a fait une présentation mettant l’accent sur deux priorités : le financement des infrastructures culturelles et une augmentation du financement annuel du budget du Conseil des Arts de la C.-B.
Lors de sa présentation, Mme Robert a fait l’éloge des initiatives gouvernementales ayant soutenu la résilience des organismes culturels pendant la COVID. Aujourd’hui, l’un des enjeux est de multiplier l’utilisation des espaces culturels par une approche plus innovative permettant la création de nouveaux studios de spectacles et d’hébergement pour les artistes.
Sur le plan budgétaire, Mme Robert croit qu’il est temps d’assurer la pérennité des organismes culturels en Colombie-Britannique. Pour y parvenir, la BC Alliance for Arts + Culture demande que le budget du Conseil des arts de la C.-B. soit porté à 50 millions de dollars par année. Selon Mme Robert, le comité a accueilli favorablement la présentation de l’organisme et a noté que le budget annuel actuel du Conseil des Arts de Colombie-Britannique est de 39,6 millions de dollars.
Au Conseil Culturel et artistique francophone de la Colombie-Britannique (CCAFCB), le directeur-général, M. Jean-François Packwood souhaite également un soutien gouvernemental plus enthousiaste. Pour lui, un enjeu francophone pressant demeure le recrutement et la rétention de personnel francophone et la difficulté de présenter plus souvent des événements artistiques francophones à l’intérieur de la province. Il est important de mentionner que le CCAFCB regroupe quatorze organismes culturels francophones et fait également partie de la BC Alliance for Arts + Culture.
Une élection des plus surprenantes ?
Pour rappel, c’est le 26 juin que se tiendra l’élection à la mairie de Toronto. À l’issue du scrutin, deux scénarios pourraient se dessiner, et ce, de façon surprenante. En effet, deux femmes pourraient se retrouver en charge des destinées de Toronto et de Montréal, et/ou encore, il pourrait y avoir deux personnes d’origine asiatique à la tête des mairies des villes de Toronto et de Vancouver.