Le Eastside Culture Crawl ouvre les studios d’artistes au grand public depuis 1994 et ne déroge pas à la règle cette année en offrant une visibilité aux artistes plasticiens mais aussi bijoutiers ou encore sculpteurs. Parmi les artistes, Laurent Maynard exposera ses œuvres au Portal Studios du 16 au 19 novembre.
Après une expérience à Londres, Laurent Maynard est venu s’installer à Vancouver en 2016. Sculpteur et peintre français, il travaille depuis dix ans dans le monde des effets spéciaux au cinéma. « J’ai toujours fait de la peinture et de la sculpture étant petit. C’est en arrivant à Vancouver que j’ai pris ça plus au sérieux »,explique l’artiste français, membre de la Sculptors Society of BC.
Tout a commencé en 2019 quand il achète un kit de sculpture sur stéatite. « J’ai commencé ça, avec des outils manuels sur mon balcon et j’ai adoré. Il fallait un endroit où je puisse faire de la poussière et du bruit et ce n’était pas évident », avoue Laurent Maynard, conscient qu’il s’agit d’une chance et qui n’espère faire son premier dollar de profit que dans plusieurs années.
Le parcours du peintre-sculpteur est intimement lié au Eastside Culture Crawl. « C’est en allant tous les ans au Eastside Culture Crawl, pendant les quatre dernières années, que je m’étais dit que j’aurais un jour mon studio d’art. Cet événement m’aide aussi à mettre des dates limites. Ça me structure dans mon planning », explique Laurent Maynard qui a acquis son studio d’art en 2020.
L’artiste français se réjouit de l’ouverture du monde de l’art au Canada. « Quand je suis arrivé ici, j’ai vu qu’il y avait beaucoup plus d’événements artistiques comparé à l’Europe. J’ai l’impression que c’est plus élitiste en France et qu’au Canada, n’importe qui peut aller dans un marché d’art et montrer ses peintures », observe-t-il.
Un art engagé
Laurent Maynard a à cœur de dénoncer les inégalités sociales et de réfléchir sur les thématiques sociétales. « J’ai commencé une série de sculptures contre le racisme, pour l’environnement, pour montrer que l’éducation n’est pas abordable pour tout le monde, toutes les inégalités. Une idée peut mettre jusqu’à un an à se développer dans ma tête », admet l’artiste.
L’une des toutes premières sculptures de Laurent Maynard aborde le thème de l’inégalité concernant l’éducation. Inspiré par Rodin et la torsion des corps, l’architecture vancouvéroise est également venue teinter son œuvre. « Dans Vancouver, j’ai vu un hôtel avec un homme qui pousse une sphère et j’avais aussi ça en tête », rapporte l’artiste. Son inspiration pour cette œuvre vient aussi à la suite de discussions. « Un ami autochtone m’a expliqué qu’il devait travailler à huit ans pour ramasser des canettes pour survivre. En comparant à ma situation, où je n’avais pas besoin de travailler pour survivre. J’ai dû travailler sur le côté pour aider mon père mais pour avoir quelque chose en plus, pas pour survivre », avance Laurent Maynard.
Les œuvres de l’artiste français sont emplies de symboles forts, à l’instar d’une sculpture contre le racisme. Deux corps sculptés dans une même pierre ont subi des traitements différents et deviennent de la même couleur si toute la pièce est humidifiée. « Je fais des pièces dont je sais qu’elles ne seront pas forcément achetées mais c’est plus pour ouvrir des portes. Comme le symbole de mon logo, qui est une porte pour s’ouvrir l’esprit, pour avoir plus conscience. Même moi, tous les mois, j’ai une porte qui s’ouvre », précise le peintre-sculpteur.
Il représente aussi l’itinérance dans deux sculptures. « Dans cette sculpture, le cube représente la société qui essaie de mettre dans une case, c’est dur de sortir de cette mauvaise situation, ou sortir de sa zone de confort. Il y a un petit renfoncement dans le crâne et ça fait partie de la pierre initiale, comme si l’homme avait cassé la boîte pour pouvoir sortir », explique Laurent Maynard, qui reverse 5% de ses ventes aux œuvres de charité.
Une pratique thérapeutique
Côté peinture, Laurent Maynard constate une évolution depuis ses débuts en 2020. « Mes premières peintures étaient assez sombres. Quand j’ai commencé, j’ai eu le sentiment que j’avais besoin d’extérioriser mon passé, comme mon adolescence où j’étais très timide et renfermé et aussi le fait que je sois daltonien médium Protan [N.D.L.R. qui ne voit pas le rouge] », indique l’artiste.
« J’ai toujours plein d’idées en tête et à chaque fois, je dois les sortir. Au milieu de la nuit, je peux me réveiller et faire un croquis que je mets ensuite dans ma boîte à idées. Certaines idées restent plus longtemps et me dérangent. Du coup, de l’écrire, ça ne suffit pas, il faut que je le fasse jusqu’au bout. C’est de l’art-thérapie, ça m’aide à extérioriser mais c’est aussi méditatif. J’ai vu un thérapeute en 2018 et quand on fait quelque chose, du sport, ça permet de rediriger nos pensées, comme la méditation. Au lieu de se focaliser sur la respiration, on se centre sur l’art. Quand je fais de l’art, je ne pense plus à rien », confie Laurent Maynard.
Les œuvres de Laurent Maynard, dont une série de peintures surréalistes sur les saisons en cours, seront exposées du 16 au 19 novembre au Portal Studios dans le cadre de l’Eastside Culture Crawl. Il fait également partie de l’exposition collective Out of Control à la galerie Pendulum jusqu’au 25 novembre 2023.
Pour en savoir plus sur Laurent Maynard : www.laurentmaynard.com
Pour en savoir plus sur le Eastside Culture Crawl : www.culturecrawl.ca