L’Association historique francophone de Victoria (AHFV) participe à l’effort de réconciliation avec les peuples autochtones du Canada par son projet audio « Portraits et mémoires de Métis à Victoria ». La phase initiale de recherche, sous la direction de l’anthropologue Carole Masure, s’est conclue après un an d’activités financées par Heritage BC. Bien qu’un aperçu des résultats de recherche soit bientôt disponible, l’association compte aller plus loin dans sa démarche en créant un contenu pédagogique.
Marie-Paule Berthiaume
IJL – Réseau.Presse – Journal La Source
L’AHFV, qui racontait depuis sa fondation en 1984 l’époque coloniale selon la vision des colons francophones, apporte désormais un nouvel angle historique en enrichissant ses archives de la perspective autochtone. Après quelques mois de recherche, Carole Masure a resserré son sujet sur les Métis de Victoria, misant sur les liens entretenus avec la communauté francophone au cours de l’histoire.
« L’objectif de ces portraits de Métis était non seulement de donner la parole aux vivants mais aussi d’entendre celle des ancêtres, ceux qui n’ont pas eu la chance de s’exprimer ou qui ont été oubliés », explique celle qui a été invitée à trois reprises, dans le cadre de ses recherches, au « potluck » mensuel organisé par la nation Métis du Grand Victoria.
Des conversations douloureuses
La Canadienne d’origine française Carole Masure a été guidée par ses amis et connaissances autochtones pour trouver cinq intervenants, représentatifs de la communauté Métis. « La plupart proviennent de la rivière Rouge, ils se considèrent donc comme de « vrais » Métis. Un des intervenants par contre, acadien et mi’kmaq, qui n’est pas officiellement considéré comme un Métis puisqu’il est originaire de l’Est du Canada, est tout de même représentatif de beaucoup de gens qui se définissent comme Métis et il a donc été inclus dans la recherche. »
Selon la Nation métisse de la Colombie-Britannique, « la culture et l’identité nationale des Métis sont enracinées dans les mariages mixtes et autres liens sociaux entre les Européens et les Premières Nations au début de la période de la traite des fourrures en Amérique du Nord » et les communautés Métis historiques se trouvent en Colombie-Britannique, en Alberta, en Saskatchewan, au Manitoba, en Ontario et dans les Territoires du Nord-Ouest, ainsi qu’au Montana, au Dakota du Nord et en Idaho.
Les thèmes abordés dans la recherche sont : les voyageurs et la compagnie de la Baie d’Hudson ; les Voltigeurs de Victoria, premier corps de police à Victoria vers 1850 ; culture et tradition ; Qui sont les Métis ? ; Métis de l’ouest avec un M majuscule et métis de l’est avec un m minuscule ?
Les sujets récurrents traitent du mauvais traitement des Métis, de la honte générée par la colonisation, des relations ancestrales commerciales avec la Baie d’Hudson et des écoles résidentielles. « La honte s’étant par contre dissipée, c’est désormais une grande fierté d’être autochtone. Ça, c’est un élément nouveau », indique-t-elle, en espérant que son travail permettra aux francophones et francophiles de créer des ponts avec les peuples autochtones.
Une vision à modifier
Carole Masure est soulagée de rompre la vision romantique des francophones dans leurs relations avec les Métis. « Il faut démystifier cette vision édulcorée et rose du voyageur francophone. Certains étaient probablement très corrects et respectueux vis-à-vis de leur partenaire autochtone, mais on déplore aussi beaucoup de violence et d’abandon. »
« Ce projet est le carrefour de la vérité et de la réconciliation que les associations, comme l’Association historique francophone de Victoria, devraient dorénavant emprunter. Je pense qu’avec le contenu d’une recherche comme ça, on est sur la bonne voie », conclut Carole Masure, curieuse de connaître la suite.
La présidente par intérim de l’AHFV, Frédérique D. Bouchard, invite les bénévoles à contribuer à la deuxième phase du projet en tant que coordonnateur, transcripteur, traducteur et webmestre.
Pour plus d’informations : www.ahfv.org