La docteure Isabelle Côté a consacré sa carrière à l’enseignement en immersion française en Colombie-Britannique. Vingt ans plus tard, elle est honorée par l’Association canadienne des professionnels de l’immersion (ACPI) pour ses efforts à l’avancement de l’éducation bilingue. Tout en célébrant les progrès accomplis, la récipiendaire rappelle que la tenue de programmes francophones en milieu minoritaire est fragilisée, la pénurie d’enseignants constituant une entrave principale à la pérennité de l’éducation française en milieu minoritaire.
Marie-Paule Berthiaume
IJL – Réseau.Presse – Journal La Source
Isabelle Côté a débuté sa carrière dans l’enseignement comme monitrice de langue dans le programme Odyssée. Elle est aujourd’hui senior lecturer et co-présidente de l’Indigenous Education and Reconciliation Council à la Faculté d’éducation de l’Université Simon Fraser (SFU), en plus d’occuper le rôle de directrice adjointe au Bureau des affaires francophones et francophiles.
L’allochtone a mené des recherches de doctorat novatrices portant notamment sur l’intégration des perspectives autochtones dans les programmes de formation en français et dans le programme de la maternelle à la 12e année de la C.-B.
Le fruit de la collaboration
Isabelle Côté exprime un désir de partager le prix reçu avec ses collègues à travers le pays qui contribuent à sa renommée en immersion langue seconde. Après tout, elle n’est qu’une passionnée parmi tant d’autres qui participe à la renommée internationale canadienne.
« Le programme canadien d’immersion a conduit le plus grand nombre de recherches sur les programmes de langues secondes en Occident ! Il a débuté dans les années 60 à Saint-Lambert au Québec, porté par des groupes de parents anglophones. La création d’une politique officielle canadienne du bilinguisme a par la suite dynamisé la recherche dans ce domaine, tant au sujet de l’immersion précoce que tardive, l’apprentissage d’une langue seconde par le biais des mathématiques et des sciences, ou des questions d’inclusion », explique-t-elle, célébrant l’apport des chercheuses Renée Bougoin et Katy Arnett sur les questions d’inclusion en immersion.
Les enjeux de l’immersion
Jason Howe est le directeur général de Canadian Parents for French (CPF) pour la C.-B. et le Yukon. « CPF valorise l’apprentissage du français comme langue seconde. Nous travaillons avec des bénévoles, surtout des parents d’enfants qui sont dans des programmes comme l’immersion française, qui organisent des activités dans leurs communautés. L’objectif ? Apprendre, entendre et pratiquer le français à l’extérieur de l’école. »
Le directeur général du CPF fait écho à Isabelle Côté quant aux préoccupations majeures liées à l’immersion française au Canada. « Chaque année, les mêmes défis persistent. Il y a d’abord un manque d’accès au programme, car il y a beaucoup plus de demandes que d’espace. La pénurie d’enseignants de français langue seconde demeure un problème majeur non seulement en C.-B., mais à travers le pays. Il est crucial de miser sur la formation, mais surtout sur la rétention dans ce dossier », souligne-t-il, en ajoutant que des efforts doivent également être déployés pour encourager les élèves à rester dans le programme.
La récipiendaire du Prix national de l’excellence en immersion française indique que les commissions scolaires hésitent à créer plus de classes d’immersion en raison du manque de personnel dans les classes existantes. L’absence de ressources humaines s’explique selon elle par un essoufflement dû à un manque de soutien, de ressources et une charge de travail accrue en comparaison au système anglophone. De plus, les écoles favorisant l’immersion offrent aussi d’autres options, comme des programmes de hockey à North Vancouver, de beaux-arts à Langley ou d’éducation extérieure à Squamish.