The Vancouver International Dance Festival célèbre cette année son 25e anniversaire du 25 février au 9 mars. L’événement se déroule sur trois semaines en février et mars et présente des artistes de renommée locale et internationale. Cette année deux femmes chorégraphes francophones seront aux premières loges avec des œuvres empreintes d’une profonde et exceptionnelle sensibilité créative.
Les corps avalés qui aura lieu du 28 février au 2 mars à 20 h au Vancouver Playhouse est l’œuvre de Virginie Brunelle et de sa compagnie. Cette œuvre est née de l’harmonie sublime entre la musique classique, jouée par le Quatuor Molinari, et le dialogue des danseurs qui l’interprète par les mouvements de leurs corps. La prestation est, selon le descriptif du Festival, « une émouvante odyssée humaine… qui explore les liens entre le pouvoir, des inégalités et les bouleversements sociaux. »
Le processus créatif
Souvent, les spectateurs se demandent quels sont les processus qui interviennent lorsque les chorégraphes commencent à créer une de leurs œuvres. Est-ce une vision qui leur vient à l’esprit ?
Un danseur qui les inspire ?
« Le choix d’un sujet vient en premier lieu », explique Virginie Brunelle. « La recherche musicale suit tout de suite après. Dans mes premières années de création, mes idées m’apparaissaient à l’orée du sommeil, créant beaucoup d’insomnie ! Tout près du rêve, mon imaginaire se révèle davantage quand mon corps est au repos. Pour contrer l’insomnie, j’ai essayé de reproduire cet état en plein jour. Donc, la visualisation, amalgamée avec l’écoute de musiques choisies en amont est devenue la clé de mon processus créatif, souligne la chorégraphe. Contrairement à mes œuvres où la gestuelle est souvent très physique, sa création elle, s’initie dans une sorte d’état méditatif où les gestes, respirations, souffles, images symboliques et émotions m’apparaissent. À force de répéter l’exercice, le mouvement se dessine lentement dans ma tête. Lorsque je crée, je tente d’imaginer des images, des séquences, des scènes qui auront un impact sur le spectateur. En fait, je cherche à entamer une sorte de dialogue avec les spectateurs, à leur faire vivre une expérience, et que l’ensemble des éléments scéniques puisse créer un tout qui produira une résonance en eux, faisant écho à leurs propres expériences, leurs propres comportements, leurs propres souvenirs. » poursuit Virginie Brunelle.
Par contre, la vision créatrice de Catherine Gaudet est bien différente dans le sens qu’elle se laisse porter par son instinct et par les interprètes de ses pièces.
« Je n’ai jamais de thème ou de scénario de départ. Je laisse la place à ce qui vient spontanément et de manière intuitive de la part des interprètes et de moi-même. J’ai confiance qu’en empruntant cette voie de l’intuition et de la sensation, en évacuant le plus possible l’esprit d’analyse lors de la phase exploratoire, les préoccupations communes conscientes et inconscientes de tous les intervenants du spectacle sauront émerger et nous guider collectivement vers ce qui veut naître », dit-elle.
« J’aime cette idée que la pièce existe déjà, quelque part, et qu’elle veut apparaître. Que nous, artistes en studio, devons être collectivement à l’écoute des signes qui nous permettront de la découvrir, peu à peu. C’est une trajectoire sinueuse, axée sur l’invisible, mais fascinante. »
Se dissoudre
Le programme présenté au Festival par Catherine Gaudet dont le titre est Se dissoudre, en montre du 28 février au 2 mars à 20 h à l’Annexe n’est pas, selon le descriptif du Festival, « disparaître mais s’ajouter, se multiplier et s’amalgamer. Là où le temps s’allonge, la consistance des heures est si légère, prise entre un passé révolu et un futur incertain. Délicatement, la danseuse Marie-Philippe Santerre suit une trajectoire méconnue, finement ciselée, composée de contrastes et de modulations, de répétitions et de pulsations ».
En entretien avec La Source, Catherine Gaudet affirme son but de mener à la réflexion. « Mon souhait était de créer un univers contemplatif où, à force d’insistance et de patience, une ouverture apparaîtrait, une tension serait relâchée. Je souhaitais œuvrer dans un temps dilaté, lent, dans un espace ouvert et minimal », explique-t-elle. « Je souhaitais regarder Marie-Philippe un peu comme on regarde une plante ou un arbre évoluer, selon les différentes forces d’attraction ou de répulsion qui surgissent. Après quelques représentations de cette pièce, je constate que les spectateurs y lisent tous quelque chose de différent et cela me convient totalement. »
Il est impossible de ne pas demander les raisons pour lesquelles ces artistes francophones ont choisi de devenir chorégraphes : « De 5 à 15 ans j’ai baigné assez intensivement dans l’univers de la musique classique en jouant du violon », se souvient Virginie Brunelle. « La musique est devenue rapidement une manière de m’exprimer, une sorte de langue seconde, un autre canal d’expression qui dépassait les mots. Par la suite, j’ai été acceptée, même si je n’avais jamais dansé, au programme de danse du CÉGEP de Drummondville. Ensuite, tout le long de ma formation à l’UQAM c’est de toute évidence les cours de création qui m’interpellaient le plus. Étant encore nouvelle dans le milieu de la danse, mes repères étaient flous et c’est ça qui m’a permis de rapidement élaborer un langage chorégraphique très personnel. »
Pour Catherine Gaudet, le choix d’être chorégraphe s’est imposé ; « Je ne l’ai pas choisi, c’était une nécessité. J’avais besoin d’exprimer une vision par le corps, la danse, la scène. »
Pour en savoir plus sur le Vancouver International Dance Festival, visitez : www.vidf.ca
J’ai besoin de lannuaire Francophone.
Merci!
Jean J Barrette