Pour la seconde fois, la Fédération des francophones de la Colombie-Britannique remet son prix Kermode destiné à récompenser des élus politiques pour leur travail en faveur de la francophonie et du bilinguisme au Canada. Le député conservateur de Portneuf-Jacques-Cartier au Québec, Joël Godin, a reçu ce prix le mercredi 21 février dernier.
Suzanne Leenhardt
IJL – Réseau.Presse – Journal La Source
Une cinquantaine de personnes s’est rassemblée dans le hall de l’école Jules Verne à Vancouver à l’invitation de la Fédération des francophones de la Colombie-Britannique (FFCB). Petits fours et bouteilles de vin ont été installés sur des tables et attendent patiemment la fin des discours. Le député conservateur de Portneuf-Jacques-Cartier au Québec, Joël Godin, rejoint la présidente de la FFCB derrière le micro pour recevoir son prix Kermode.
En référence à la légende autochtone de l’ours esprit et à son caractère rare, ce prix est décerné de manière exceptionnelle. Seulement quand la FFCB, organisme de promotion de la francophonie de la province, estime qu’un représentant politique a œuvré de façon significative pour le rayonnement du français. « Ce prix va au-delà de toute partisanerie politique, précise Marie-Nicole Dubois, nouvelle présidente du conseil d’administration de la FFCB. Notre francophonie nous rassemble à travers tous les partis », pose-t-elle dans son discours d’introduction. Le premier élu à l’avoir obtenu est le député libéral de Langley, John Aldag en 2019.
Récompenser l’amendement sur les clauses linguistiques
Adoptée l’an passé, la loi de modernisation des langues officielles a mobilisé un nombre important d’élus politiques. La FFCB a justifié son choix du député québécois pour son amendement sur les clauses linguistiques. Il inscrit ainsi la prise en compte des besoins des communautés linguistiques lorsque le fédéral signe des ententes de transfert de fonds aux provinces et aux territoires. « Ça a été un pivot pour aller chercher ce dont on a vraiment besoin pour notre pérennité. Ça apporte une sécurité, assure Marie-Nicole Dubois. Par exemple, si des fonds sont donnés aux garderies, la clause obligera à savoir combien il y en a qui seront donnés aux garderies francophones ».
Au micro, Joël Godin loue l’importance de la francophonie et revient sur cette loi. « La langue française appartient à l’individu qui l’utilise. Vivre en français dans votre province est un choix qui doit être applaudi et souligné », appuie-t-il avant de faire l’éloge du chef de l’opposition Pierre Poilievre qui « débute toujours ses discours en français ». Il égrène aussi les remerciements pour les organismes francophones et ses alliés conservateurs locaux, venus le soutenir. Parmi eux, les députés Marc Dalton, Tako Van Popta et Brad Vis.
Une loi en « dents de lait »
« Ce n’est une surprise pour personne : j’aurais voulu aller plus loin », évoque-t-il avant de conclure son discours. Le député québécois aurait préféré que les pouvoirs de la loi soient centralisés au Conseil du trésor, chargé de la gestion des finances du personnel et de l’administration. « Le Conseil du trésor est responsable d’une partie de la loi, le ministre du Patrimoine canadien est responsable d’une autre mais, pis encore, le ministre des langues officielles n’est même pas inscrit dans la loi mais a une responsabilité qui a été déléguée par Patrimoine Canada. C’est une tour de Babel », souligne-t-il auprès de La Source. Il aurait également voulu voir inscrire dans la loi le recensement précis des francophones à la place d’une estimation statistique. « La ministre parlait d’une loi qui a du mordant. Je dis que c’est une loi qui a des dents de lait, qui n’est pas stable », image le député.
Au-delà de la loi sur la modernisation des langues officielles, la FFCB reste optimiste pour la suite. Notamment depuis que la province de Colombie-Britannique a adopté une politique de services en français, qui entrera en vigueur le 1er avril. « Ici, la communauté francophone était oubliée. Elle est éclatée et les services sont dispersés. Tout est à faire », souligne la présidente. Reste maintenant à attendre des précisions sur sa mise en œuvre et ses budgets.