La Fondation canadienne des relations raciales, en partenariat avec Statistique Canada, organise des ateliers de formation pour reconnaître les crimes haineux dans douze villes du pays. Le premier se déroulera le 28 mai à Victoria et le second, le 31 mai à Vancouver.
Suzanne Leenhardt –IJL- Réseau.Presse – Journal La Source
De 2019 à 2022, le nombre de crimes haineux déclarés par la police au Canada a augmenté de 83 %. Le chiffre est posé par Statistique Canada, l’organisme national de données chiffrées sur la société, l’économie et l’environnement. Si ce dernier doit être contextualisé, il a de quoi inquiéter. Hausse de la criminalité ou des signalements ? Les causes sont multifactorielles mais, en trois ans, l’augmentation reste importante.
La Fondation canadienne des relations raciales (FCRR) organise cette année, en partenariat avec Statistique Canada, des ateliers de formation pour reconnaître et signaler les crimes haineux. Ils se tiendront dans 12 villes du pays, de la côte Ouest à la côte Est. Les premiers ont lieu le 28 mai à Victoria et le 31 mai à Vancouver. Nommés “bâtir des ponts”, ils sont destinés aux communautés victimes de haine, aux professionnels recevant des victimes, ainsi qu’à la police.
Un chiffre sous-estimé
La première journée est consacrée à la formation policière afin d’uniformiser la manière d’identifier et de signaler les crimes haineux. Une standardisation qui a vocation à pouvoir établir des comparaisons à travers le pays et les provinces, dont le système pénal peut varier.
En moyenne une centaine de places sont disponible par ateliers et les candidatures sont étudiées de sorte à “avoir les communautés qui ne ressortent pas dans les statistiques et de les entendre”, précise Neal Santamaria, le directeur Québec de la Fondation canadienne des relations raciales. L’objectif : “faire s’asseoir ensemble la justice, la police et les communautés afin d’avoir des conversations difficiles mais, à notre sens, nécessaires.”
“Un crime haineux envoie un message : ce n’est pas seulement l’individu qui est touché mais c’est toute la communauté”, pose-t-il. Le directeur souligne aussi que le chiffre des signalements à la police n’est que “la partie émergée de l’iceberg”. Un constat partagé par la procureure générale de la Colombie-Britannique, Niki Sharma, citée sur le site de la fondation : “Trop de citoyens de la Colombie-Britannique hésitent à signaler les crimes haineux à la police par peur ou par sentiment que rien ne sera fait“
Un travail de long terme
La tenue de ces ateliers résulte d’un travail de la FCRR lancé il y a déjà plusieurs années. En 2021, elle publiait un rapport d’évaluation des services de soutien aux victimes de la haine au Canada. Dans ce dernier, une société indépendante mandatée par l’organisme soulignait l’impact de la pandémie de la COVID et la place des préjugés, et identifiait des initiatives prioritaires pour lutter contre la haine. Parmi elles : la création du Centre national de soutien pour les victimes de la haine, l’établissement de trois fonds pour renforcer stratégiquement les services de soutien aux victimes, le renforcement de la législation fédérale en matière de haine mais aussi l’introduction de règlements pour les plateformes de réseaux sociaux.
“Un groupe de travail a aussi été lancé avec la Gendarmerie royale du Canada (GRC) , et l’arrivée de Mohammed Hashim à la tête de la fondation a également joué : il voulait changer la manière dont le pays s’occupait des crimes haineux”, précise Neal Santamaria. Ces ateliers ont donc pu voir le jour avec l’augmentation du budget fédéral consacré à la lutte contre la haine qui se chiffre à 273,6 millions de dollars sur six ans, à compter de 2024-2025. “On voit que c’est un sujet important avec cette hausse du budget. Et puis la COVID et l’actualité internationale n’aident pas...”, souligne Neal Santamaria. Viendra ensuite le temps de l’analyse de ces ateliers et de leurs répercussions. Il est toujours plus rapide de construire des murs plutôt que de bâtir des ponts.