Le Musée de Vancouver propose l’exposition True Tribal: Contemporary Expressions of Ancestral Tattoo Practices depuis le 28 mars dernier jusqu’au 2 septembre 2024. C’est un coup de projecteur sur plus de 30 ans de tatouage autochtone. Cette présentation représente une importante occasion de « redonner le pouvoir aux populations autochtones de penser et de théoriser leur propre monde et leur propre vision de la vie. » En plus, « tout en supprimant les outils coloniaux qui les séparaient du langage visuel des marques cutanées. » souligne le site du musée.
L’événement est organisé par l’artiste Nlaka’pamux Dion Kaszas et la directrice artistique de l’Institut Iota, Mireille Bourgeois, qui ont collaboré en tant que co-curateurs. Leur initiative présente les travaux et inspirations de huit artistes originaires de l’Amérique du Nord, de la Nouvelle-Zélande, de l’Inde et de la Polynésie : Dion Kaszas, Tristen Jenni Sanderson (Cris des bois et des plaines), Terja Koloamatangi (Tonga), Nolan Malbeuf (Métis), Mo-Naga (Uipo Naga), Julie Paama-Pengelly (Māori), Gordon Sparks (Mi’kmaq) et Nathalie Standingcloud (Cherokee).
Il y a également des films de barrières utilisées lors des séances de marquage encadré, qui sert à partager le parcours biologique des individus tatoués.
Gordon Sparks
Gordon Sparks, un artiste et tatoueur Mi’kmaw originaire des Maritimes, fait partie des artistes qui sont mis en vedette. M. Sparks se souvient d’avoir compris très jeune – dès l’âge de huit ans – que le pouvoir du tatouage était « la plus ancienne forme de sacrifice lorsqu’il s’agissait de guérir son corps, son esprit et son âme. »
Selon l’artiste, le tatouage est non seulement une forme d’art, mais une façon de se rapprocher de soi-même, son identité et sa culture. Il indique que le tatouage, qui était auparavant un loisir, lui a permis d’explorer son héritage et lui a servi de pont qui relie sa vie personnelle au passé de ses ancêtres.
Gordon Sparks a découvert son style de tatouage en explorant les perspectives liées à ses origines, ce qu’il appelle le « langage visuel » Mi’kmaw. Parmi les objets de ce langage visuel, il compte des éléments de la nature ainsi que des objets faits à partir de ces éléments utilisés par ses ancêtres : des wigwams, des canots, des paniers tressés et des piques de porc-épic ornementaux. Commençant sa carrière en faisant du tatouage à l’aiguille, et après une période de tatouage à la machine, il est revenu à la technique du tatouage à l’aiguille, et s’est ensuite spécialisé dans le style de tatouage blackwork mi’kmaq, qui utilise exclusivement de l’encre noire.
L’intime et le monde
M. Sparks affirme que la décision de se faire tatouer est très personnelle et qu’il y a souvent plusieurs variables derrière ce choix. Cependant, il est d’avis que la préservation de cet art de marquage de peau est essentielle pour revitaliser le peuple Mi’kmaq. Il précise que dans la culture autochtone, des récits écrits ou enregistrés ne sont pas nécessaires pour partager l’héritage, parce que « l’intuition est représentée par les Aînés et l’action par des cérémonies ».
Gordon Sparks espère donc que ses travaux, portés avec fierté, vont réveiller des souvenirs oubliés dans ceux qui voient les tatouages.
« Peut-être qu’une personne verra un de mes tatouages et se dira, ‘Je me rappelle ma grand-tante qui avait un marquage similaire’ et il va chercher des réponses en communiquant avec ses grand-parents, ses Aînés et d’autres membres de sa communauté ». Pour lui, cette renaissance du tatouage symbolise également la renaissance d’une culture riche – mais ce n’est que le début.
Pour plus d’information, visitez : www.museumofvancouver.ca/true-tribal.