Un important segment de jeunes adultes âgés entre 12 et 24 ans peinent à accéder aux services en santé mentale de la Colombie-Britannique. Pour preuve, une jeune femme de 18 ans de la ville de Richmond a récemment fait part dans les réseaux sociaux de son expérience troublante : trois semaines d’attente pour un rendez-vous médical chez Foundry, un centre de soins spécialisé en santé mentale pour les jeunes. Un délai jugé inacceptable pour répondre à une crise urgente. Ce témoignage souligne les failles du système alors que la province est confrontée à une pénurie de professionnels capables de répondre aux besoins croissants des jeunes en détresse.
Natalia Kutsenko – IJL – Réseau.Presse – Journal La Source
Les maladies mentales chez les jeunes deviennent un défi croissant dans la province. Selon l’Association canadienne pour la santé mentale, les troubles psychologiques tels que l’anxiété, la dépression, les dépendances, et les troubles bipolaires sont beaucoup plus fréquents chez les enfants et les jeunes plus qu’on ne pourrait le penser.
L’Association estime qu’environ 14 % des jeunes souffriront d’une maladie mentale à un moment donné de leur vie, et entre 50 % et 70 % de certaines de ces pathologies peuvent se manifester avant l’âge de 18 ans.
Le McCreary Centre Society, une organisation à but non lucratif, mène des enquêtes quinquennales dans les écoles publiques de la province. Lors de la dernière étude en 2023, à laquelle ont participé 38 500 élèves âgés de 12 à 18 ans, les résultats se sont avérés particulièrement préoccupants. Comparativement à 2018, les jeunes rapportent une augmentation de l’auto-mutilation et un déclin important de leur santé mentale.
Les programmes existants : des ressources limitées
Parmi les ressources provinciales, Foundry est un service clé pour la santé mentale des jeunes, offrant des consultations virtuelles et en personne pour les 12 à 24 ans, sans besoin de référence médicale. Cependant, une mère, Steph Woods, témoigne des limites de ce service : « Ma fille était admissible à parler à quelqu’un après une évaluation auprès de la Vancouver Coastal Health, mais on nous a dit que la liste était longue ». Elle poursuit : « Nous espérions simplement obtenir un soutien financier, car les séances avec un conseiller privé me coûtaient environ 160 $ la séance. Ce qui est beaucoup pour un parent monoparental alors que la crise économique est en train de sévir à un rythme insensé ».
Bien que Foundry permette une certaine accessibilité, le manque de suivi continu avec un même expert reste un obstacle pour de nombreux jeunes, surtout ceux nécessitant un soutien urgent. Les temps d’attente pour un premier rendez-vous avec un psychiatre peuvent aller de plusieurs semaines à un mois, un délai souvent insupportable pour des adolescents en crise. La situation n’est pas meilleure avec la Vancouver Coastal Health, une des cinq autorités sanitaires régionales de la province, où la liste d’attente pour consulter un conseiller peut atteindre un an. Ce manque de ressources est un problème systémique, comme le souligne Stacy Ashton, directrice exécutive de Crisis Centre : « Il y a une faille évidente dans le système de santé, notamment un grand manque de thérapeutes offrant des services gratuits et accessibles ».
Des améliorations nécessaires
Même si l’accès aux services de santé mentale s’est amélioré ces dernières années, permettant à de nombreux jeunes de trouver une écoute, il reste de nombreuses lacunes à combler. Stacy Ashton insiste sur le besoin d’un « financement de la santé publique pour les services de consultation communautaire couverts par le ministère de la Santé de la Colombie-Britannique », afin d’assurer un suivi plus régulier et accessible à tous.