L’Université de Victoria (UVic) en Colombie-Britannique abrite ce qui est considéré comme la collection la plus complète au monde de documents historiques et de matériel liés à la recherche et à l’activisme transgenres. Depuis plusieurs années, ces archives, situées dans la bibliothèque McPherson de l’UVic, attirent des visiteurs du monde entier, désireux d’étudier et d’apprendre sur cette ressource historique qu’on ne trouve nulle part ailleurs.
Marc Béliveau – IJL – Réseau.Presse – Journal La Source
Cet été, l’Université de Victoria a accueilli plus d’une douzaine de chercheurs de différents pays pour consulter les Archives Transgenres. Parmi les visiteurs figuraient quatre chercheurs américains, trois chercheurs britanniques, un Australien et quatre Canadiens, chacun passant au moins trois jours à poursuivre ses recherches. De plus, le Centre a accueilli quatre étudiants stagiaires qui ont travaillé aux Archives tout au long de l’été : deux de la Chine, un des États-Unis et un du Royaume-Uni.
La création des Archives Transgenres
Les Archives Transgenres de l’UVic, officiellement lancées en 2011, sont devenues les plus importantes de leur genre dans le monde et sont librement accessibles au public. Le professeur Aaron Devor, titulaire de la Chaire en études transgenres et fondateur des Archives, attribue leur création à un « pur hasard ».
Le projet d’archives a commencé à prendre forme après une rencontre en 2005 entre le professeur Devor et Rikki Swin, une éducatrice transgenre originaire de Chicago. En 2007, la collection de l’Institut Rikki Swin de Chicago a été donnée à l’Université de Victoria. À l’époque, se souvient Aaron Devor « nous ne nous considérions pas comme les archives transgenres, mais plutôt comme les gardiens d’une grande collection de Rikki Swin ».
Au fil des ans, d’importants dons d’archives sont venus agrandir la collection. Aujourd’hui, les Archives Transgenres de l’UVic contiennent des documents provenant de 23 pays en 15 langues. Cette vaste collection de documents et de témoignages retrace l’histoire des personnes transgenres du 19e siècle à nos jours.
Collections populaires
Les archives abritent plusieurs collections populaires, dont les œuvres d’Aiyyana Maracle, une artiste, chercheuse et conteuse Haudenosaunee qui a exploré une version décolonisée du genre et de la sexualité jusqu’à sa mort en 2016. Les documents comprennent des textes, des enregistrements audio et vidéo, et des objets tels que des vêtements, des masques et des accessoires utilisés dans ses performances et ses expositions artistiques.
Il y a aussi la série complète de 26 ans de Transvestia, le premier magazine largement distribué et axé sur la communauté du travestissement. Publié de 1960 à 1986, le magazine permettait aux personnes trans d’écrire sur leurs expériences et de se relier entre elles à l’ère pré-internet.
De nombreuses publications et documents, y compris le magazine Transvestia, ont été numérisés et sont disponibles sur le site web des Archives de l’UVic, les rendant accessibles dans le monde entier. Cependant, le professeur Aaron Devor souligne que « l’interaction physique avec les collections est une expérience unique. Il y a quelque chose de spécial à manipuler les objets physiques qui constituent notre histoire ».
L’importance de préserver l’histoire Trans+
Le titulaire de la Chaire en études transgenres cite l’auteur George Orwell pour souligner l’importance des archives : « La façon la plus efficace de détruire les gens est de nier et d’effacer leur propre compréhension de leur histoire ». Il ajoute que « les personnes trans+ d’aujourd’hui ont besoin de savoir qu’il y a toujours eu des personnes trans+ dans le monde et que l’activisme trans+ n’est pas nouveau ».
Il note également que « très peu de l’histoire trans+ a été écrite à ce jour et les Archives Transgenres préservent les matériaux bruts que les historiens utilisent pour écrire l’histoire ».
Problèmes actuels auxquels font face les personnes trans+
Bien que les gouvernements du Canada et de ses provinces s’efforcent de promouvoir la diversité, l’équité et l’inclusion, le professeur Devor met en garde contre la complaisance. « Nous devons faire attention à ne pas tenir ces progrès pour acquis », dit-il. « Le grand public veut généralement être juste envers les personnes trans+, mais ils ont souvent une compréhension très superficielle, et parfois inexacte, de qui sont les personnes trans+ et de ce qui doit être fait pour leur permettre de s’épanouir. Une meilleure éducation sur les réalités trans+ serait très bénéfique ».
Actualités trangenres
La sixième conférence biennale « Moving Trans History Forward » est prévue du 27 au 30 mars 2025 à l’Université de Victoria. La conférence précédente, tenue il y a deux ans, a rassemblé 470 participants de 23 pays. Les organisateurs soulignent que ce type d’événement n’est pas réservé aux universités, mais s’adresse à toute personne intéressée par l’histoire et les questions trans+.
Plus d’Information : https://www.uvic.ca/mthf2025/index.php