Le rêve d’établir un Centre de la francophonie à l’Université de la Colombie-Britannique (UBC) ne date pas d’hier. Officiellement créé le 30 septembre 2009 avec le soutien de la haute direction de l’université, le Centre vient de célébrer à la fin du mois de septembre dernier ses 15 ans d’existence. Plus de 80 personnes ont assisté à cet heureux événement.
Marc Béliveau – IJL – Réseau.Presse – Journal La Source
Francis Andrew, l’un des fondateurs et ancien directeur du Centre, était l’invité d’honneur lors de cet événement anniversaire. Il a rappelé les objectifs principaux du Centre : « Promouvoir la langue française sur le campus et dans la communauté, explorer la francophonie d’ici et d’ailleurs, et favoriser le dialogue entre les cultures du Canada ».
Un parcours semé d’embûches
Le chemin vers la création du Centre n’a pas été sans obstacles. Francis Andrew se souvient : « Dans les années 70 et 80, une équipe de professeurs a tenté de ramener le Centre de ressources du ministère de l’Éducation à UBC. Malgré le statut de leader de UBC dans le domaine des programmes d’immersion et l’intérêt du Ministère, l’administration manquait de volonté. Le Centre de ressources a finalement déménagé d’abord à Victoria, puis à l’Université Simon Fraser. »
« Un scénario similaire s’est répété, dit-il, dans les années 90 avec le Bureau des affaires francophones et francophiles (BAFF) à SFU. La proposition de UBC n’avait pas obtenu le soutien de son administration. Au début des années 2000, trois départements ont proposé la création d’une unité offrant des cours de français dans différentes matières, mais cette initiative a également été ignorée par l’université ».
Ce n’est qu’en 2007 que la haute direction de UBC a enfin reconnu l’importance du fait français à l’université, ouvrant la voie à l’inauguration du Centre de la francophonie en 2009.
L’évolution et l’expansion du Centre
Depuis sa création, le Centre a considérablement élargi ses activités. Il propose désormais des projections de films francophones, des conférences et diverses manifestations culturelles, tout en tissant des liens étroits avec plusieurs organismes communautaires francophones.
Francis Andrew constate que « la francophonie d’aujourd’hui n’est plus la même. On la découvre à travers sa diversité culturelle au Canada et son ouverture sur le monde. »
La francophonie vue par les étudiants
L’événement du 15e anniversaire a été une réussite et l’occasion de rencontrer plusieurs étudiants d’ici et d’ailleurs, notamment de jeunes Sino-Canadiennes passionnées par la langue française.
Sanbo Zou, résidante du Québec, a choisi de poursuivre des études en urbanisme à UBC. Elle affirme cependant que « sa ville, c’est Montréal», un endroit qu’elle affectionne particulièrement pour sa vitalité culturelle et la possibilité de s’exprimer en français.
Anabel Xing, originaire de Toronto, a séjourné dans plusieurs villes à l’étranger. Inscrite en sociologie à UBC, elle nourrit le projet ambitieux de voyager à travers le monde. Elle est convaincue que sa maîtrise du français lui permettra non seulement de réaliser ce rêve, mais aussi de devenir une citoyenne pleinement bilingue au Canada.
Les défis actuels du Centre de la francophonie
Aujourd’hui, l’équipe de direction de UBC semble plus réceptive à la francophonie, avec la présence d’un nouveau président francophone, Benoît-Antoine Bacon, d’une doyenne bilingue de la faculté des arts, Clare Haru Crownton, et d’un vice-président, Gage Averill, qui s’exprime également en français.
Antje Ziethen, la nouvelle directrice du Centre et professeure de français, considère cela comme « un signe de bon augure ». L’un de ses défis les plus immédiats sera de recenser les étudiants et les professeurs parlant français, une tâche complexe étant donné les 60 000 étudiants et 6 500 enseignants sur le campus de UBC à Vancouver.
Le Centre souhaite également étendre ses relations avec des organismes francophones. Antje Ziethen mentionne des échanges récents avec l’organisme RésoSanté, qui lui ont fait découvrir l’existence d’une association d’étudiants francophones dans le secteur de la santé à UBC.
Les bourses de soutien à la francophonie
La présence des représentants de la Fondation Baxter et Alma Ricard lors de l’événement était particulièrement significative. Créée en 1998, cette fondation joue un rôle déterminant au sein de la francophonie canadienne en soutenant la poursuite des études supérieures des Franco-Canadiens.
Elia Eliev, directeur général, et Alexandru Finidori, directeur du marketing, sont actuellement en période de recrutement pour trouver des candidats souhaitant bénéficier de la générosité de cette fondation.
Il y a 26 ans, Baxter et Anna Ricard, originaires de Sudbury, ont légué une partie de leur fortune pour soutenir la formation avancée des Franco-Canadiens, préserver leur identité tout en participant à la mosaïque culturelle canadienne.
Depuis sa création, la fondation a soutenu 411 boursiers en octroyant des bourses d’études dépassant 20 millions de dollars. Les candidats peuvent utiliser ces bourses, pouvant atteindre 150 000 $, pour étudier au Canada ou à l’étranger.
Une soirée mémorable
La soirée s’est conclue par une performance exceptionnelle de Conrad Lafortune, un artiste Anishinaabek trilingue, qui a exprimé de façon poétique le défi et la nécessité de trouver ses repères dans une identité multilingue. Un sujet plus que jamais d’actualité.