Le programme « Bien vieillir chez soi », un projet-pilote pour pallier l’isolement des ainés

Le programme « Bien vieillir chez soi » mis en branle par Ottawa a démarré en novembre 2023 à Victoria et à Maillardville, le vieux quartier francophone de Coquitlam, en banlieue de Vancouver. Porté par des organismes francophones locaux, le projet-pilote consiste à mettre en relation des bénévoles avec des aînés pour les aider dans leurs tâches quotidiennes et aussi leur fournir une aide financière pour des services payants. 

Suzanne Leenhardt – IJL- Réseau. Presse – Journal La Source

À Victoria, ils sont huit bénévoles à donner de leur temps pour les aînés dans le besoin. Appels de courtoisie, accompagnement pour les courses, aide au ménage… les tâches de la vie quotidienne deviennent plus difficiles à l’âge où les problèmes de santé peuvent faire leur apparition. D’autant plus si l’entourage familial et amical ne peut être présent. Pouvoir rester chez soi en toute autonomie : c’est l’objectif du projet lancé par le gouvernement fédéral dans tout le Canada, intitulé “Bien vieillir chez soi”. En Colombie-Britannique, il est implanté dans deux villes-pilotes, à Victoria et dans le vieux quartier de Maillardville à Coquitlam. À l’issue des deux ans d’essai, le programme aura pour ambition de s’étendre à toute la province. L’association qui rassemble les francophones et francophiles de plus de 50 ans, Carrefour 50+, gère la partie financière et administrative, tandis que la société francophone de Victoria et son homologue de Maillardville gèrent le travail sur le terrain et les services bénévoles.

Une personne ramassant les feuilles d’un arbre – photo d’illustration | Crédit: Suzanne Leenhardt

Lancement officiel en automne

Résidante de Victoria depuis 48 ans, Monique Clébant s’estime « très chanceuse » de bénéficier de ce programme. Chaque mercredi elle attend Andrée, une bénévole, qui la conduit chez son banquier, son coiffeur ou encore au magasin. « Je tombais très souvent à cause de vertiges. Alors j’ai gardé ma voiture mais je ne peux plus la conduire », explique l’ancienne directrice de la Société francophone de Victoria entre 1995 et 2002. J’ai décidé moi-même d’acheter une marchette [déambulateur, N.D.L.R.] mais ça me restreint dans mes déplacements ». Au-delà de la sécurité que ce service lui procure, elle éprouve du plaisir à discuter avec la bénévole. « Moi j’adore parler, comme vous l’avez remarqué, plaisante-t-elle. Et j’apprécie énormément que la Société francophone ait pensé aux aînés ».

Pour recenser les personnes dans le besoin comme Monique Clébant, l’organisme communautaire a appelé ses membres. Pour l’heure, cinq personnes ont été identifiées comme bénéficiaires mais « l’objectif est d’atteindre environ 80 personnes à l’issue des deux ans  », explique Camille Delacote, une des responsables du programme pour l’organisme. « Le lancement officiel et la campagne de communication sont prévus pour l’automne prochain avec un site web désigné  », ajoute-t-elle pour justifier ce démarrage en douceur.   

De la même manière, elle et son binôme ont recruté des bénévoles dans le réseau de l’organisme qui ont suivi une formation de deux heures. Leurs profils ? « Ce sont aussi des gens qui ont passé la cinquantaine et qui sont très engagés dans la communauté. Il y avait déjà beaucoup d’entraide et d’activité ici avec les cafés causerie chaque mois », assure la responsable. Les services sont aussi accessibles aux aînés anglophones et tous les documents de formation sont disponibles dans les deux langues officielles. Du côté de Maillardville, ils sont douze à donner de leur temps pour ce programme. 

Des aides pour les services payants

Au-delà de la présence des bénévoles, le programme assure aussi une aide financière pour des services payants : tonte de pelouse, déneigement ou encore diverses réparations. Ainsi que des services paramédicaux comme une séance de physio, un massage ou un rendez-vous chez le podologue. « Un fonds de 90 000 $ nous a été accordé par la province pour les frais de santé », explique Stéphane Lapierre, le directeur général de l’association Carrefour 50+. Pour identifier le montant de l’aide, un graphique est en cours d’élaboration en fonction des revenus de chaque bénéficiaire. Ce programme lancé depuis presque un an devra être analysé pour évaluer sa pertinence et ajuster des points juridiques. « Par exemple, on doit respecter la loi sur les informations personnelles lorsque l’on récupère les casiers judiciaires des bénévolesou les assurances des bénéficiaires », souligne le directeur général de Carrefour 50+. L’objectif est bien de pérenniser ce soutien à domicile pour les aînés et de l’étendre à toute la province. « On a déjà reçu des demandes provenant d’autres villes comme Vancouver. On sait que les besoins sont là », appuie Stéphane Lapierre.

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