Le Bureau des affaires francophones et francophiles (BAFF) de l’université Simon Fraser à Burnaby célèbre cette année ses vingt ans d’existence. L’occasion de revenir sur les origines de sa création et sur son ancrage à la communauté francophone de la Colombie-Britannique. L’événement, animé par le son de la musique de la chanteuse française Aya Nakamura, attire étudiants et professeurs venus découvrir les kiosques des partenaires.
Suzanne Leenhardt – IJL- Réseau. Presse – Journal La Source
La faculté d’éducation et celle des sciences fournissent des informations sur les formations en français, tandis que la French Cohorte en affaires publiques et relations internationales, un programme phare du BAFF avec 65 % des cours en français, est également représentée.
Donner un sens à la pratique du français
Assis à une table pour déjeuner, Elliot 18 ans et Clara 17 ans, entament leurs premières années à l’université. Nés et élevés à Vancouver, ils ont tous les deux ajouté une mineure de français à leur formation. « J’étudie la physique mais j’adorerais enseigner les sciences en français », explique le jeune homme qui a été scolarisé dans une école secondaire en français. Aucun des deux n’utilisent la langue avec leur entourage familial, alors ils cherchent à s’associer à la communauté pour pratiquer. « C’est génial de pouvoir m’agripper à ces événements en français parce qu’en dehors de l’université, je n’y vais pas », ajoute-t-il. Même si de plus en plus de programmes proposent une mineure en français, des obstacles récurrents subsistent dans la poursuite d’études en français en Colombie-Britannique.
Si le cœur de la mission du BAFF est de permettre à des jeunes adultes de poursuivre des études postsecondaires en français, en milieu minoritaire, il ne s’arrête pas là. Et le directeur Gino LeBlanc tient à le souligner : « Notre deuxième mandat, tout aussi important, est de faire rayonner les cultures francophones », pose-t-il. Ses propos sont parfaitement illustrés dans le discours d’Anika Clark, une étudiante en quatrième année de la French Cohorte qui témoigne de ses doutes et de ses succès. « C’est lors d’un voyage à Winnipeg que j’ai pu enfin parler le français dans un contexte autre qu’académique et c’était incroyable » s’émerveille-t-elle au micro.
Le Printemps de la francophonie comme outil
Pour le directeur, il est difficile de s’attacher à une langue si on ne l’utilise pas dans la vie quotidienne. Et pour « donner un sens de pratiquer le français », le BAFF organise chaque année depuis 14 ans, soit presque aussi longtemps que sa propre existence, le Printemps de la francophonie. Prévu au mois de mars, il rassemble divers arts comme la littérature, la musique et le théâtre. L’an passé, une conférence avait reçu la célèbre écrivaine québécoise d’origine vietnamienne Kim Thuy.
Après vingt ans d’existence du BAFF, Gino LeBlanc attribue cette réussite au lien étroit et fort avec la communauté francophone de la Colombie-Britannique. « C’est la communauté qui a eu l’idée de créer le BAFF en 2004, rappelle-t-il en préambule de son discours. Le BAFF, c’est le projet de la charte des libertés et celui des langues officielles ». Et ce maillage avec la communauté se retrouve aussi dans le mode de gouvernance du bureau. Le comité consultatif est convoqué deux fois par an pour avoir des retours sur les décisions importantes. « Je porte le flambeau de deux directions avant moi, précise Gino LeBlanc. Je pense que la clé c’est qu’on s’est développé étapes par étapes », pointe-t-il. Avec huit étudiants au départ, il compte aujourd’hui 30 programmes différents et plus de 5 000 étudiants formés en français en milieu minoritaire.