Le Canada célèbre, en ce mois de novembre, le Mois du patrimoine libanais, en mettant en avant la présence d’une communauté très intégrée à la grande mosaïque culturelle canadienne depuis près de deux siècles. En Colombie-Britannique, bien que le nombre des représentants de la diaspora libanaise soit modeste comparé à d’autres provinces comme le Québec, elle n’en est pas moins influente. Ce mois consacré au legs des ressortissants du pays du cèdre est une occasion de souligner les contributions des Canadiens d’origine libanaise, de même que leurs défis ainsi que leurs efforts pour préserver leur identité culturelle.
Paul T Tshilolo – IJL – Réseau.Presse – Journal La Source
À Vancouver, l’Union culturelle libanaise mondiale (WLCU) joue un rôle clé dans la préservation et la promotion de la culture libanaise. Cette association organise régulièrement des événements pour réunir la communauté, célébrer le patrimoine libanais et encourager le dialogue intergénérationnel. Cependant, la répartition géographique des membres et les contraintes de la vie quotidienne rendent parfois difficile une participation active, comme le souligne Nadine Haddad, une résidente libanaise de Vancouver : « J’ai été invitée à quelques événements de la WLCU, mais entre le travail et la famille, il est souvent compliqué de s’intégrer pleinement. La communauté est dispersée, ce qui limite les réunions spontanées. »
Les défis de l’intégration et de la préservation culturelle
Les Canadiens d’origine libanaise de la Colombie-Britannique, comme partout ailleurs au pays, font face à des défis communs à de nombreux nouveaux arrivants : la reconnaissance des diplômes étrangers, la recherche d’un emploi et l’équilibre entre intégration et préservation culturelle.
Nadine Haddad, arrivée à Vancouver en 2013 avec un diplôme de maîtrise, a trouvé difficile d’accéder au marché du travail canadien : « J’ai passé trois mois à chercher un emploi, mais on me disait souvent soit que j’étais surqualifiée, soit que je manquais d’expérience canadienne. Cela peut décourager. »
Pour elle, la transmission de la culture libanaise à sa fille, atteinte d’autisme, est un défi qu’elle aborde avec pragmatisme : « Je préfère qu’elle s’adapte à sa vie ici avant de l’exposer davantage à nos traditions. »
D’autres, comme Joanne Zarife, directrice du restaurant libanais Zaatar W Zeit, s’efforcent de maintenir un lien fort avec leurs racines. Elle inscrit ses enfants à des cours d’arabe et les encourage à explorer leur patrimoine libanais tout en s’intégrant dans la société canadienne.
Un mois de réflexion dans un contexte global difficile
Le Mois du patrimoine libanais 2024 se déroule dans un contexte international particulièrement sombre. Les échos résonnent douloureusement parmi les membres de la diaspora, qui restent étroitement en contact avec leur pays d’origine. C’est le cas de Nadine Haddad quand elle déclare: « Je garde un œil attentif sur la situation au Liban. Je parle régulièrement avec mes parents pour m’assurer qu’ils vont bien. Même loin de Beyrouth, les incertitudes politiques nous inquiètent toujours. »
De son côté, Joanne Zarife s’inquiète pour sa maison et sa famille restées au Liban : « J’espère que ma maison ne sera pas détruite. Ce sentiment d’incertitude est constant. »
L’importance de la culture comme pont entre les communautés
Malgré ces défis, la communauté libanaise continue d’apporter une contribution précieuse à la société canadienne. Par exemple, le patrimoine culinaire sert facilement comme un pont d’accès pour faire connaître et partager la culture libanaise. De nombreux restaurants comme celui de Joanne Zarife offrent une expérience authentique, où les saveurs du Liban représentent des liens entre les cultures.
Les événements organisés par la WLCU, bien qu’épisodiques, permettent également de rapprocher les membres de la communauté tout en invitant le public canadien à découvrir les traditions libanaises. Ces initiatives reflètent l’esprit de résilience et de célébration qui caractérise la diaspora libanaise.
Un héritage à transmettre
Le Mois du patrimoine libanais coïncide avec l’anniversaire de l’indépendance du Liban, célébrée le 22 novembre. Pour la communauté libanaise de la Colombie-Britannique, le Mois du patrimoine libanais est un moment de fierté, mais aussi de réflexion. Les efforts pour transmettre l’héritage culturel aux jeunes générations prennent diverses formes : cours d’arabe, participation à des messes en arabe à Burnaby, et engagement dans des événements communautaires.
Cependant, comme l’a souligné Nadine Haddad, ces efforts ne sont pas toujours réguliers ou généralisés. Elle observe que, pour certains parents, les priorités sont orientées vers l’adaptation et la réussite au Canada avant la transmission du legs culturel.